Test
de fabrication d'un bouclier en lattes superposées
L'étude
des boucliers du XIIIeme siècle qui nous sont parvenus
nous montre un assemblage de planches verticales collées
sur la tranche,
toutefois ces boucliers sont des boucliers de chevaliers
(conservés souvent dans des églises à travers
les âges), et donc de cavaliers. Par ailleurs le fonction
exacte de ces boucliers n'est pas établie. Compte tenu
de leur état de conservation il pourrait s'agir de boucliers
d'apparat.
Nous intéressant
à la reconstitution de l'armement du soldat piéton
au XIIIeme siècle, nous avons testé une
hypothèse de construction différente inspirée
de la méthode de fabrication des boucliers de soldats romains
durant l'antiquité.
Ces boucliers sont
constitués de trois couches superposées et croisées
de fines lattes de bois.
Die legiones des Augustus, Mainz, 1986, M Junkelmann
L'avantage de cette
technique est la possibilité de donner une courbure très
prononcée à la coque du bouclier. C'est également
une technique assez simple à mettre en oeuvre, mais nécessitant
un peu de travail préparatoire. Il nous faut en effet un
banc sur lequel appliquer les lattes, fabriqué selon la
courbure désirée.
Les lattes de ce test font 3 centimètres de large pour
3 millimètres d'épaisseur, afin d'épouser
facilement la courbure. Elles ont été réalisées
en contreplaqué mais peuvent tout aussi bien l'être
en tilleul ou en peuplier, bois largement utilisés pour
leur légèreté et leur propriété
à ne pas éclater lorsqu'on les entaille (pratique
sur un champ de bataille).
Elles ont été assemblées
en 4 couches successives au lieu de 3 pour plus de solidité.
La première couche est perpendiculaire
à la longueur et maintenue sur le banc par des pinces.
Suivent une couche dans le sens
de la longueur, et une nouvelle couche perpendiculaire. La souplesse
de la coque a été testée à ce stade,
et une dernière couche dans le sens de la longueur a finalement
été ajoutée afin de la rendre moins fragile
en flexion, surtout sur la pointe (faiblesse que les boucliers
romains n'avaient pas).
La colle utilisée est une
colle à bois moderne, mais pour des matériaux historiques
on tablera sur un mélange de colle d'os et de peau, pour
allier flexibilité et résistance (la colle d'os
est plus résistante mais cassante, tandis que la colle
de peau est plus souple mais moins résistante). La colle
de type caséine est également possible.
Les petits trous
visibles sur les lattes sont ceux des vis utilisées pour
le serrage le temps que la colle sèche. Elles sont ensuite
retirées, et une nouvelle couche est entamée…
Pour respecter un processus historique, bien que nous n'ayons
aucune information sur les méthodes de l'époque,
on pourrait utiliser des petits poids répartis le long
des lattes (sacs de sable par exemple) pour les maintenir pendant
le temps de prise.
Les lattes sont
apposées une à une, et la colle est appliquée
sur la coque progressivement, afin qu'elle ne sèche pas
car l'opération est longue.
L'avantage de cette technique,
au final, est la solidité de la coque ainsi obtenue, car
les lattes s'appuient les unes aux autres et donnent de la rigidité
à l'ensemble en se contrariant entre couches.
Bertrand le Charpentier
Les Guerriers Du
Moyen-Age
http://www.guerriersma.com
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