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Johanitus Barbitonsor

 

 

Figure 1 :...Ce fut très inattendu...et Johanitus, brutalement réveillé, n'eut que la vision fugitive de deux silhouettes nimbées de lumière (figure 1) se précipitant sur lui.

 
 

Figure 2 : ...Ainsi, une aube grise et liquide se leva-t-elle sur le petit village de Ligerville qui venait de vivre son premier meurtre ....

Johanitus était arrivé au village quelques semaines plus tôt par un matin frileux (figure 3), chaudement emmitouflé dans son garde-corps de laine grise (figure 4) et armé d'un bourdon.

 
 

Figure 3 : Petronille, arrivée elle aussi depuis la veille au village, le croisa alors qu'elle allait au four banal faire cuire son pain...

 

Figure 4 : source du manteau, Bible de Maciejowski, feuillet 74

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Trouver un endroit où loger n'était guère difficile, lui expliqua-elle. Depuis la dernière épidémie de peste, certaines maisons s'étaient retrouvées vides, précipitamment abandonnées par leurs occupants, soit pour avoir fui le mal, soit pour avoir été rattrapés par ce dernier. Petronille en occupait une et proposa à Johannitus de s'installer dans la partie encore libre (figure 5).

 

Figure 5 : Ainsi Johanitus n'eut pas à solliciter la moindre aide pour se trouver un abri. C'était inespéré !

 

Il lui fallait maintenant élaborer plus précisément ses projets (figure 6). D'abord, se fondre dans la population du village, observer les habitudes, endormir la méfiance, repérer...c'est que les bénéfices de son dernier larcin avaient fondu depuis longtemps...il était temps d'agir !!

 

Figure 6 : La fourche qu'il trouva dans le grenier lui suggéra le plan le plus simple à mettre en oeuvre...louer ses mains, comme son ancien compère Loudain...

 

Sa tenue se prête bien au travail d'ailleurs ! Il porte une cotte de laine chaude (figures 7 et 8).

Figure 7 : Une ceinture en lin, tissée, maintient la cotte près de la taille.

Figure 8 : L'ampleur dans le dos octroie une plus grande aisance de mouvement.

C'est un vêtement parfaitement adapté au travail qui se ferme par un amigaut latéral, doté d'un bouton de bois (figure 9).

 

Figure 9 : Un cordon tissé aux doigts forme la bride.

 

Pour plus de commodité encore, les manches sont fendues le long d'une partie de l'avant bras (figures 10 et 11 ).

Figure 10 : La fente a une dizaine de cm de longueur.

Figure 11 : Ainsi Johanitus peut-il les retrousser quand il travaille.

 

Figure 12 : Source des manches, Bible de Maciejowski, feuillet 83

 

Petit à petit, Joahnitus réussit à devenir un membre de la communauté du village. Souvent il retrouvait Loudain pour boire un coup ensemble et faire une petite partie de dés, en souvenir du bon temps...

Puis un jour, tout s'accéléra...Johanitus était allé chercher de l'eau à la rivière (figure 13).

 

Figure 13 : Alors qu'il repartait il aperçut Martin le boulanger avançant furtivement en bordure de la forêt.

 

Intrigué, il le suivit et se dissimula sous le chaume d'un grenier pour mieux l'observer...(figure 14).

 

Figure 14 : Martin dégageait au couteau un renard pris au collet...

 

"Tiens, tiens" se dit Johanitus...le boulanger qui braconne... Voilà sans aucun doute un bon moyen de gagner quelques pièces...!

 

Figure 15 : Repartant sa proie sous le bras, Martin surprit alors Johanitus qui l'observait...

 

...hésita à venir lui parler, mais, et mal lui en prit, décida de filer. Une idée germa lentement dans l'esprit de Johanitus ...

Le seigneur de Ligerville avait envoyé quelques uns de ses gens d'armes pour nettoyer la forêt de certains routiers qui s'y étaient réfugiés. Pendant quelques jours, Johanitus guetta le passage de leur chef...

 

Figure 16 : A l'instant favorable pour ne pas être vu, il raconta rapidement la scène dont il avait été témoin...

 
 

Figure 17 : Et fut ainsi largement récompensé de son honnêteté...!

 

Pour Martin, les choses allèrent très vite. Alors qu'il travaillait au four banal, il vit arriver le sergent brandissant une peau de renard, que ce dernier dit avoir découvert chez le boulanger.

 

 

Figure 18 : Martin nia farouchement...et comprit très vite l'origine de la dénonciation.

 
 

Figure 19 : Il bondit sur Johanitus qui, poussé par la curiosité, avait cru malin de venir assister à l'arrestation du boulanger.

 
 

Figure 20 : ...Et asséna de sa pelle un coup si violent qu'il brisa la main de son délateur.

 

Heureusement pour Johanitus, un témoin s'interposa et lui sauva probablement la vie...

 

Figure 21 : Alors le boulanger, entravé, fut emmené par le sergent pour être jugé par le seigneur de Ligerville.

 

De son côté, le blessé était amené à Ida la Recluse car elle avait la réputation de savoir soigner. Prévenue, celle-ci le vit arriver de loin...

 

Figure 22 : Et son visage marqua un certain effroi...

 

 

 

 

Figure 23 : C'est sans ménagement qu'elle manipula la main de Johanitus ne prêtant aucune oreille compatissante aux cris de douleur du douillet....

 
 

Figure 24 : La main fracturée est d'abord bloquée par une balle de filasse et une plaque de cuir mouillé, puis bien enserrée dans une bande de lin.

 

 

 

Figure 25 : A la fois soucieuse et pensive, Ida regarde s'éloigner Johanitus...

 
 

Figure 26 : puis le claquement sec du volet de l'hagioscope résonna comme le glas...

 

Le lendemain, Johanitus était trouvé cloué sur son lit de paille par une fourche assassine... et le village se claquemura dans un silence apeuré et interrogatif...Johanitus fut enterré dans le petit cimetière jouxtant l'église, juste à côté de la cabane de la recluse qui en bonne chrétienne ne manqua pas de s'adonner à de longues prières pour le salut de son âme...

Et le temps passa...

Catherine Lagier / Oriabel

09/09/2015