Forum des Guerriers du Moyen-Age

Bonjour à tous !

Suite au sujet très intéressant sur les lanternes, je viens vous demander vos lumières sur un sujet proche.

Nul n'ignore que je m'intéresse au feu... (bon pas SEULEMENT au feu mais bon... )

Je cherche des sources textuelles et/ou iconographiques sur le foyer, l'âtre, la cheminée, le feu de cuisine, de camp, de bivouac ou autres afin d'essayer de grapiller des informations sur les objets liés au feu (dans du bâti ou dehors) ou les pratiques qui s'y rapportent.

Je pense que des scènes de vie quotidienne ou autre ont pu être représentées ou décrites assez précisément pour obtenir des informations sur les pratiques médiévales à ce sujet.

L'idée m'est venue de quelques images postées par Estienne de bailly "le trois fois grand" :-) sur le sujet sur les sièges tonneau, dont voici la copie :


On voit contre le mur la pince à braises qui permet de rassembler son foyer recouvert de cendres le matin et de le faire repartir plus vite. L'objet n'a pas changé depuis...
On voit derrière les flammes une plaque qui permet de réverbérer la chaleur vers l'avant. Des chenets devant.


On remarque ici la pince à braise, une grille ( j'ai vu des identiques en brocantes : tamis à braises ou grille à saucisses ?), un petit soufflet, une crémaillère et une marmite avec un pot à cuire directement dans le feu. Ce qui me rappelle l'appellation de feue ma grand mère en parlant d'une grosse bûche, "une bûche à caler les marmites".
Plus haut, et moins clairement dessinées sont des choses bizarres : en haut à droite, on dirait une bassinoire de lit à passer dans les draps :


Enfin, derrière le petit placard, dans un panier accroché au mur je vois de petits "trucs" jaunes que j'interprète comme pouvant être des allumettes soufrées... mais comme je suis certainement un peu obsédé, j'aimerais d'autres scènes de ce genre pour comparer.

Dans Mandragore, le descrïpteur "cheminée" renvoie à ce qui dépasse du toit et âtre, foyer n'existe pas... J'en appelle à votre connaissance des arcanes de la recherche d'enluminures !

Stéphane.

Dans la dernière enluminure, tu as une "encoche" dans le mur de la cheminée (avec un "pot")
Une "piste" qui vaut ce qu'elle vaut..
Cheminée d'un copain, Normandie, 1580 (j'ai pas de photos): cette "encoche" aurait été destinée à accueillir les "allumes-feu" mais aussi le pot à sel... histoire qu'il reste sec.

Cheminée provençale 1780 (ok, c'est pas méd') mais cela se retrouve "ailleurs" et "avant": la "potence, qui tourne, destinée à supporter la marmite et l'amener sous le nez de la cuisinière, sans qu'elle ne doive "s'enfumer" à cuisiner.
Dans ce dernier cas, la cheminée est complétée par un "potager", dans lequel on met des brises pour cuire d'autre aliments.
Ce "potager" existe (version grande taille) au château de Craux (Ardèche).

Il existe aussi ce qu'on retrouve en camp, soit des ferronneries "tripodes" supportant une casserole au coin du feu.

Sinon (aussi Provence): le manteau de la cheminée reçoit une lampe à huile( caleou) qui permet d'aller voir ce qui "fristouille".

Sinon, il existait aussi (pas toujours) un "couvercle" en terre cuite, destiné à "couvrir le feu" pendant la nuit: maintien des braises + éviter qu'elles sautent sans surveillance (là je ne sais plus où j'en ai vu...Musée de Normandie ou d'Aquitaine?)

Robert Campin/Master of Flemalle vers 1425-1440









Le pare-feu en osier sert d'auréole ....

1507, sans plus de précision



Da Costa Hours, 1515



The Golf Book, 1530

reconstitutions XV/XVI

Des exemples de cuisine (malheureusement pas très détaillés) dans les Tacuinum Sanitatis

De la cuisine en plein air dans le MS. Bodl. 264 (mi XIV)
http://image.ox.ac.uk/show?collection=b ... =msbodl264

Encore en extérieur: Latin 7939A, 1458

wow !!! Estienne est en feu !!!! Pour le couvre braise, c'est bien Orry qui nous avait posté un exemple qu'il a réalisé de cette objet. Il faudrait voir sur quelles sources il s'était basé pour sa démarche. La bassinoire de lit, je croyais que c'était plus de la renaissance que du moyen âge ?

En campement, pour remplacer l'outils lors des nuits froides, je m'empare d'une des pierres de rond de feu, qui y a passée la journée et la soirée alors que le feu était allumé. J'enveloppe la pierre dans un linge et la passe sous les couvertures, pour la laisser à nos pieds pour la nuit. C'est loin d'être historique et sourcé, je sais, mais dans la nécessité, ça le fait très bien !!

Le Décliqueteur

Le Décliqueteur a dit :

En campement, pour remplacer l'outils lors des nuits froides, je m'empare d'une des pierres de rond de feu, qui y a passée la journée et la soirée alors que le feu était allumé. J'enveloppe la pierre dans un linge et la passe sous les couvertures, pour la laisser à nos pieds pour la nuit. C'est loin d'être historique et sourcé, je sais, mais dans la nécessité, ça le fait très bien !!

Le Décliqueteur

"A défaut de "sources, traces et autres", serait-on en droit d'affirmer que "avant", les gens étaient incapables, comme toi, Décliqueteur moderne, de pallier à la nécessité,

Donc que pendant des millénaires, l'humain a grelotté et s'est gelé les pieds, en hiver, dans son lit?

( ce qui expliquerait qu'ils claquaient jeunes! )

En tout cas, dès qu'il y a un rien plus de "traces" (parce que bêtement moins "loin" donc ayant eu moins de temps pour se détruire...), il y a aussi le coup de la "brique chaude", enveloppée dans un linge, remplissant la même fonction que ta pierre!

L'ennui, pour les "démarches pures et dures" (surtout en "histoire du quotidien), c'est que on a pas encore retrouvé le "brevet" de l'inventeur de ce truc!

Décliqueteur: ta "démarche de caillou chaud" est "histo"... à partir du moment où, face à une situation donnée, avec du "matériel histo", tu as trouvé une réponse adéquate... qui t'évite de grelotter dans ton lit et de te choper une sale refroidissement!

Le "latin 7939A" m'ayant fort intrigué avec la femme noire qui touillait dans une marmite, j'ai recherché les références plus complètes, c'est un manuscrit d'un italien : Guglielmo Giraldi, illustrant l'Enéide de Virgile, manuscrit commandé par Léonardo Sanudo, représentant de Venise à la cour de Borso d'Este.

http://www.aparences.net/Ferrare/borso.htm

Pas tout à fait, ma p'tite Louvette.

C'est un autre poème qui s'appelle "Moretum" attribué probablement à tort à Virgile.
Il détaille la préparation d'un plat, fromage blanc mêlé d'herbes odorantes, réalisé par Cybale (ou Scybale), une femme noire.

Elle est décrite de façon "crue":

Erat unica custos Afra genus, tota patriam testante figura,
Torta comam labroque tumens et fusca colore,
Pectore lata, iacens mammis, compressior aluo,
Cruribus exilis, spatiosa prodiga planta.

Africaine de naissance, tout en elle annonçait sa patrie,
ses cheveux crépus, ses lèvres saillantes, son teint foncé,
sa large poitrine, ses mamelles tombantes, son ventre un peu creux,
ses jambes grêles, ses pieds prodigieusement plats.

Si tu veux voir du matériel ancien (mais du XVème au XXème "seulement"), essaie donc de te programmer la visite de ce musée :
http://www.rouen-musees.com/Musee-le-Se ... ce-263.htm

Alors t'es sûr de la côte, mon p'tit Estienne ?
M'enfin pas facile de retrouver les bons manuscrits des fois....

Merci beaucoup pour tout ça !

Décidément, Estienne, tu es vraiment très fort !

C'est dommage que les détails soient rares mais on a déjà pas mal d'éléments...

Des chenets très courants (au moins au 15e). D'ailleurs, je viens d'en comprendre l'utilité ! C'est pour contrôler le feu et soutenir les buches quand on a pas de tiroir à cendres c'est ça ? (ayant un insert sans chenet, je viens de me demander pourquoi...)

La crémaillère est omniprésente dans les foyers bâtis et le trépied à marmite est bien représenté aussi.

Les tournebroches sont vraiment sympas !

Je viens de trouver des soufflets "à main" et ils sont identiques aux soufflets de cheminée actuels !

http://www.enluminures.culture.fr/docum ... rte_00.htm

avec "recherche libre : soufflets" y a des exemples sympa mais n'étant pas chez moi je peux pas facilement les rehéberger.

EDIT : tiens si ça marche directement !






Sinon, je viens de trouver ça, avec une petite étude sur les cheminées au moyen age :


ici :
http://www.fnepsa.fr/+ART-DU-FEU+.html

Il est vrai qu'une lampe ou une bougie pour aller voir dans un chaudron doit être utile, je me souvient d'avoir eu ce problème en camps. Je crois qu'il y a eu un sujet la dessus d'ailleurs dont la conclusion était qu'il fallait avoir fini la tambouille avec le coucher du soleil... Mais dans une maison, même la journée, il fait pas toujours asse clair pour voir si ça brunit ou crame dans le fond !

Par contre pas beaucoup de détails sur avec quoi ils peuvent bien allumer tous ces feux... snif...