Drogon De Busserolles a dit : la soie est réservée au super riches????
Voici un poste que j'ai fait il y un peu plus de deux ans chez Beauj', cela parle du XIVeme mais cela peut t'aider à imaginer la classe sociale qui peut se permettre la soie:
Voilà, après une journée à la BNF et le dépouillement d'une dizaine de bouquins d'histoire et d'archéo voici quelques infos concernant l'utilisation de la soie et la fourrure à la fin du XIVeme.
Production de la soie en Europe:
la production se cantonne essentiellement au Sud de l'Europe: Italie et Espagne. En France, le livre des Métiers de Paris d'Etienne Boileau publié entre 1258 et 1268 rapporte que les tisseurs de soie « étaient assez nombeux pour justifier la création d’un règlement corportatif » et que ces ouvriers de la soie comprenaient des « métiers des tissus de soie », des « mestiers des draps de soie de Paris et vuluyaux et de boursserie enlice. »
Au début du XIVeme siècle, le pape fait planter des mûrier autour d’Avignon pour une production répondant à ses besoins. Cette production perdure au XVeme siècle et prend même de l'ampleur.
Dans une enluminuer française (De Claris Mulieribus de Boccace),on voit des femmes ramassant des cocons sur un mûrier et tissant de la soie. (SCOTT P., Le livre de la Soie, Paris, 1993, p.173)
Utilisation de la soie:
Dès les dernières décennies du XIVe siècle, les plus anciens inventaire après décès dijonnais dénombrent, même sur les lits couverts de simple courtepointes, des « oreillers » le plus souvent en toile, mais parfois houssés d’une soierie légère de couleur et soigneusement recouverts d’une garniture de toile brodée qui devait laisser apparaître le tissu précieux.
Très tôt dans l'apparition de la mode du pourpoint, les puissants seigneurs les font plus volontiers tailler dans des soieries de prix. A la cour du Duc de Bourgognne, dès 1389-1390, c'est le début des utilisations des étoffes de soies noirs chez les princes. Sans jamais égaler le luxe tapageur du chambellan, une veuve de chevalier, un écuyer, un conseiller du duc se doivent de posséder une cotte ou une robe de soie.
Parmi les inventaires après décès dijonnais de 1390-1405 de citadins (32 inventaires), on trouve toutes sortes de vêtements de soie: corsots et houpelandes, gipons, jaques et jaquettes, « habits », sacs, et aussi des accessoires tels que manches et estraintes. Ces tissus de luxe, repérables par leur désignation, sont réservés à une petite élite : sept personnages seulement, dont quatre appartiennent à l’entourage ducal : un grand seigneur, un cuisinier et un tailleur du duc, un valet de la duchesse. Ni écarlate, ni yrène pour les autres dijonnais ! La mention d’un unique vêtement de soie met en vedette un apothicaire et un personnage dont la profession est omise : sa vaste demeure, pourvue d’un colombier et la possession de cinq chevaux dénotent la solide fortune. Le cas de l’inventaire 540, celui d’un brodeur, est un peu particulier ; sans doute faut-il le rapprocher de celui du tailleur du duc de Bourgogne. En effet, les mentions de soieries correspondent, chez le premier, et à plusieurs reprises chez le second, à des pièces de vêtements inachevés, ce qui est logique étant donné leur métier, mais il ne s’agit pas alors de vêtements destinés à leur usage personnel.
La diffusion de la pelleterie est un peu plus large que la soirie. Elle confirme le classement, en tête, de trois membres de l’entourage du duc. Le valet de la duchesse se trouve quelque peu distancé par l’aristocratie urbaine : l’apothicaire qui figurait parmi les consommateurs de soieries, auquel s’ajoute un prêtre. Il se retrouve à égalité, pour le nombre de vêtements fourrés, avec le troisième bourgeois consommateur de soierie et des marchands : un mercier et un buvetier.
La soie est aussi utilisé, et légèrement plus diffusée, pour la réalisations de galons et de rubans ainsi que des lacets.
synthèse et extrait des livres suivant:
PIPONNIER F., Costume et vie social, la cour d’Anjou XIVe-XVe siècle, Paris, 1970
PIPONNIER F., « Du drapeau à la cotte, vêtir l’enfant au Moyen-Age (XIIIe-XVe s.) », p.123-148 in PASTOUREAU M., Le vêtement, Histoire, archéologie et symbolique vestimentaire au Moyen Age, Paris, 1989
PIPONNIER F., « Etoffes de villes et étoffes de cour », p.160-183 in ROMAGNOLI D., La Ville et la Cour, des bonnes et des mauvaises manières, 1995
PIPONNIER F., « Matières premières du costume et groupes sociaux, Bourgogne XIVe-XVe siècle », in Inventaires après-décès et ventes de meubles, apports à une histoire de la vie économique XIVe-XIXe siècle, Louvain-la-Neuce, 1987
SCOTT P., Le livre de la Soie, Paris, 1993
CROWFOOT E., Textiles and clothing, c. 1150-1450, Londres, 1992