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Les échecs à quatre.
Le jeu originel de chatarunga se joue a quatre à l’aide de dés. Chaque joueur lance ses troupes à l’attaque tout en protégeant ses arrières. Des alliances tacites et fragiles sont parfois nouées. Ce plateau de jeu morcelé et ces quatre armées en présence sont emblématiques de la situation politique de l’inde.
A la fin du V ème, le territoire indien est morcelé en maints petits territoires souverains en état de guerre perpétuelle. On trouve mention de ce jeu à quatre dans le livre des jeux d’Alphonse X.
Il semble que c’est lors de l’introduction du jeu perse que les dés sont supprimés et que le jeu se transforme en bataille opposant deux armées. Les deux souverains destitués sont alors mués en Firzan, conseillers du roi.
Règle du jeu a quatre :
Il faut composer quatre armées, comprenant chacune 4 pions, 1 tour, 1 cheval, 1 fou et 1 roi (pour le placement Cf. dessin au dessus). La partie nécessite deux dés a six faces.
On conviendra avant de jouer du mode de déplacement de la tour, du cheval et du fou. Le roi et les pions se déplacent d’une case.
Chaque joueur joue à tour de rôle. Il jette deux dés et considère le résultat de l’un d’eux. Il déplace la pièce correspondant au chiffre annoncé par le dé. S’il n’a plus la pièce, le joueur passe son tour.
Si les deux dés annoncent un résultat identique (double), le joueur peut lancer une attaque éclair dans un champ adverse, et la pièce correspondante n’est plus limitée dans ses déplacements (ainsi le cheval se déplace du nombre de cases voulu avant de faire son pas de coté).
Correspondance des pièces avec les faces du dé :
1 ou 5 : déplacement du roi ou d’un pion.
2 : déplacement de la tour.
3 : déplacement du cheval.
4 ou 6 : déplacement du fou.
L’histoire des déplacements des pièces :
Le pion :
Il a toujours représenté le fantassin, plus petite unité militaire d’une armée. Au moyen age en occident, les moines chrétiens tentent d’assimiler chaque pion à une classe de la société : valet de ferme, forgeron, aubergiste, négociant… sans succès. Le pion reste identifié à l’infanterie.
A l’origine, son mouvement n’est que d’une seul case, y compris au premier coup.
Le fou :
Dans le Catarunga, c’était un éléphant monté par un guerrier armé de lances. Lorsque le jeu est transmis aux arabes, ceux-ci lui donnent le nom de al-fil, éléphant en arabe. La figurine stylisée (dôme d’où jaillissent 2 protubérances en guise de défenses) n’est pas clairement perçue par les occidentaux, qui donnent à cette pièce une attribution différente selon le pays : fou ou juge en France (il est nommé alphin), évêque en Angleterre.
Initialement, le fou ne se déplaçait que de deux cases, mais pouvait sauter par-dessus une autre pièce. Au XV ème siècle, son déplacement n’est plus limité, mais il perd du même coup le bénéfice de son saut.
La tour :
C’était le Char dans l’armée indienne. Le Chatrang Namak, plus ancien ouvrage persan relatif au chatarunga, désigne cette pièce sous le nom de « rukh » (char).
La version arabe des échecs conserve son nom persan mais le char disparaît au profit d’un personnage symbolisant le conducteur du char. En Angleterre, la pièce porte le nom « rook » ou « castle ».
En France la déformation de « rukh » a peut-être inspiré le terme « roc » désignant cette pièce. Ce roc serait à l’origine de la tour.
Le déplacement de cette pièce est sujet à controverse. Pour certains, la tour s’est toujours déplacée sur les lignes horizontales et verticales, d’un nombre de cases illimité ; d’autres pensent que le mouvement de la tour n’était que d’une seul case,e t que c’est l’apparition de la poudre et du canon au XIV ème siècle qui ont incité à agrandir son champ d’action à plusieurs cases.
Le cavalier :
Seule pièce à n’avoir subi aucune transformation depuis l’origine du jeu, le cavalier (faras en arabe) avait la forme symbolique d’un dôme surmonté d’un triangle, qui rappelait la tête d’un cheval.
L’Europe chrétienne a adopté le faras en lui donnant les noms de « cavalier » ou de « chevalier » selon le pays.
La reine :
Pièce nommée jadis firzan, il s’agissait à l’origine d’un conseiller mâle du roi qui se déplaçait d’une case sur la verticales, horizontales ou diagonales. Son rôle était de protéger le roi. Lorsque le jeu arrive en Angleterre, la place de ce fers (déformation du persan de firzan) auprès du roi fait naturellement penser qu’il s’agit d’une reine. Au XV ème siècle sont attribués davantage de pouvoir à la reine : la longueur et la direction de ses déplacements ne sont plus limités. Certains historiens voient en cette modification l’influence de la reine Isabelle Ier de Castille, au charisme légendaire, qui favorisa les expéditions de Christophe Colomb… les nouvelles règles se répandent rapidement à travers l’Europe, sous le nom « d’échecs de la reine folle ».
Le roi :
Le roi du jeu d’échec n’a rien d’un de ces monarques féodaux qui conduisent eux-mêmes leur armée et prennent par à la bataille. Il ressemble davantage shash indien. Si le shah est pris, tout est perdu ! le mot « mat » désignant un roi capturé, incapable de se déplacer, vient du persan « shash-mat » qui signifie « le roi est mort »
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thomas
