Posté : ven. déc. 14, 2007 10:37 am
Ce projet avait pour objectif la reconstitution d’une bergerie dans la basse-cour du château de Crèvecoeur en Auge en se servant de matériaux employés au Moyen Age. Ce bâtiment devait permettre le parcage d’une dizaine de moutons lors des Médiévales de Crèvecoeur 2007.
Le projet a été porté par l'association Muséo-Histoire en collaboration avec l'association Archéolithe qui a pris en charge l'ensemble de l'encadrement du chantier. J'étais responsable à la fois de l'écriture du projet et du chantier. La Fondation qui gère le château nous a mis à disposition la charpentier de son équipe. La construction a eu lieu entre juin et juillet 2007. (2 semaines).
Voici quelques exemples des 61 iconographies de référence pour la reconstitution de la bergerie:

Très riches Heures de J. de Berry, Février, 1438-1442

Nouvelle acquisition latine 1673, fol. 56v, Paysanne trayant une brebis

Angers - BM - ms. 2047, f°50, 1430-1440

Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 2679, f. 038, début XV
Bibliographie:
CUISENIER (J.), L’architecture rurale Normande, Paris, 1984
GAUZIN-MULLER, Le bois dans la construction, Paris, 1990
LE MAHO (J.), « Remarques sur la construction en bois en Haute-Normandie aux XIeme et XIIeme siècle », in BAYLE (M.), L’architecture Normande au Moyen Age, Caen, 2001, p.243
LARDIN (P.), "Les matériaux de couverture en Normandie orientale à la fin du Moyen Age", in Matériau et construction en Normandie du Moyen Age à nos jours, Saint-lô, 2004
D’après le corpus de 61 iconographies datées des XIVème et XVème siècle étudiées pour ce projet, il a été possible de déterminer un certain nombre de caractéristiques communes aux représentations d’étable de cette période. C’est à partir de ces caractéristiques qu’un plan et une élévation de la structure a été suggéré.
Ce corpus rassemble une très grande majorité de représentations religieuses. Les étables figurées sont majoritairement associées à la Nativité et à l’Adoration. On dispose aussi d’une cabane de Saint Christophe et de quelques scènes de vie quotidienne associé à la stabulation. En premier lieu, il faut être prudent dans l’analyse de ces images qui jouent un rôle symbolique et qui, de surcroît, s’inscrivent dans écoles stylistiques. Il semble évident que les états avancés de dégradations représentés sur certaines de ces images sont une volonté de l’auteur pour démontrer l’état de dénuement dans lequel le Christ est né. Cette pauvreté peut être signifié soit par des matériaux de constructions qui semblent très précaire, soit pour délabrement du bâtiment et de sa couverture. Cela n’enlève pas, par contre, l’intérêt qu’on peut porter à l’aspect des assemblages des pièces de bois, qui semble très réalistes pour la plupart.
Les bâtiments représentés sont tous de plan rectangulaire. Les poteaux et la charpente sont parfois montrés avec des bois bruts (9 occurrences), mais sont essentiellement figurés comme étant construits avec des bois équarris (52 occurrences). Les charpentes des toitures sont de formes variées, mais restent pour la plupart des constructions simples avec, par exemple, chevrons, poinçons et entraits. Les assemblages visibles dans la construction en bois équarri semblent tous s’appuyer sur le principe tenons/mortaises avec, dans quelques cas, des chevillages bien signifiés.
Les couvertures sont largement dominées par les fibres végétales (58 occurrences) (chaumes, etc…) d’aspects lisse, ou en escalier (14 occurrences). On distingue aussi 3 couvertures de planches et 1 de tuile. Seul 3 représentations ne livrent pas assez de détails pour se prononcer.
Les parois se composent essentiellement de clayonnages (29 occurrences) arrivant en hauteur au premier tiers ou à la moitié des poteaux, voir qui atteignent parfois la sablière (2 occurrences). D’autres images livrent des parois en maçonnerie (16 occurrences), en pan de bois et torchis (4 occurrences), et en planches de bois (3 occurrences). Enfin, certaines étables sont représentées sans parois (6 occurrences).
Pour la Normandie, l’archéologie de l’époque médiévale signale une domination de l’usage de la charpente de bois planté en Basse-Seine La bibliographie abordée ne donne pas d’exemple dans le monde rural Normand de la fin du Moyen Age. Seul le cas de maison étudié à Rouen permet d’avoir une idée de la manière avec laquelle les poteaux sont implantés. Ces derniers poteaux sont installés dans le sol à l’intérieur de grandes fosses cylindriques et maintenu à l’aide de calage de pierre. La fosse reste ouverte tant que les sablières basses et hautes ne sont pas installées, laissant ainsi la possibilité de faire riper les poteaux sur leur base. Une fois ces parties de la charpente mise en place, les fosses des poteaux sont comblées afin de stabiliser la construction.
Les fouilles de sites Normands du Moyen Age central donne aussi quelques indications concernant les distances entre les poteaux de charpentes et les piquets employés pour le clayonnage. J. Le Maho donne comme distance moyenne une portée de 3 à 4m entre chaque poteau sur des sites comme Saint-Martin-de-Boscherville et Mirville. La fouille du site de Mirville a livré des piquets sur lesquels était placé un clayonnage espacé de 20 cm.
Cette reconstitution s’inscrit dans un cadre défini comme tel :
- surface maximum de 15 m²
- facilité de démontage en tant que support muséographique
- absence de fondation
- sécurité d’utilisation pour les intervenants et le public
L’aspect général choisi pour la bergerie qui a été implantée dans la basse-cour est celui de la structure visible sur les « Très Riches Heures » du duc de berry. Les raisons de ce choix repose sur le fait c’est bien la représentation d’une bergerie et pas uniquement d’une étable, qu’elle correspond à la datation choisie pour la période reconstituée lors des Médiévales et que son volume semble s’adapter à celui de l’espace réservé à la construction.
L’aspect et les matériaux ont été choisi en accord pour la bergerie seront en accord avec l’iconographie et l'archéologie.
Choix réalisés pour la bergerie Crèvecoeur et fréquence de cet aspect dans les figurations de bergerie du corpus:
Plan rectangulaire 100 %
Charpente en bois équarri 86%
Couverture de chaume 89%
Parois en clayonnage 44%
La charpente a été fondée sur 9 poteaux de chêne, bois très présent dans la construction traditionnelle Normande. 7 poteaux s’inscrivent dans un plan rectangulaire de 3 m x 5 m.
Les parois ont été placées le long du périmètre délimité par les faces intérieures des 7 poteaux formant le rectangle, comme cela est visible sur la représentation des « Très Riches Heures ».
La charpente accueille des chevrons d’acacia (bois non utilisé au Moyen Age, choisis car difficile de trouver des perches d'autre bois dans le secteur) non équarris répartis régulièrement entre les deux arbalétriers, fixé à l’aide de clous en fer. Ces chevrons sont les supports d’un lattage réalisé en badine de noisetier et autres essences de haies assemblées par ligature de fil de lin, avec un élément disposé tous les 15 cm. Sur ce support, on a fixé des bottes de chaumes à l’aide de badines de faible section et de ligatures en fil de lin.
Les parois se composent d’un ensemble de clayonnages ou fascines. Il s’appuie sur un réseau de piquets disposé tous les 50 cm.
Des photos de la construction:





En usage:

Merci à Garin pour cette photo
Le projet a été porté par l'association Muséo-Histoire en collaboration avec l'association Archéolithe qui a pris en charge l'ensemble de l'encadrement du chantier. J'étais responsable à la fois de l'écriture du projet et du chantier. La Fondation qui gère le château nous a mis à disposition la charpentier de son équipe. La construction a eu lieu entre juin et juillet 2007. (2 semaines).
Voici quelques exemples des 61 iconographies de référence pour la reconstitution de la bergerie:

Très riches Heures de J. de Berry, Février, 1438-1442

Nouvelle acquisition latine 1673, fol. 56v, Paysanne trayant une brebis

Angers - BM - ms. 2047, f°50, 1430-1440

Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 2679, f. 038, début XV
Bibliographie:
CUISENIER (J.), L’architecture rurale Normande, Paris, 1984
GAUZIN-MULLER, Le bois dans la construction, Paris, 1990
LE MAHO (J.), « Remarques sur la construction en bois en Haute-Normandie aux XIeme et XIIeme siècle », in BAYLE (M.), L’architecture Normande au Moyen Age, Caen, 2001, p.243
LARDIN (P.), "Les matériaux de couverture en Normandie orientale à la fin du Moyen Age", in Matériau et construction en Normandie du Moyen Age à nos jours, Saint-lô, 2004
D’après le corpus de 61 iconographies datées des XIVème et XVème siècle étudiées pour ce projet, il a été possible de déterminer un certain nombre de caractéristiques communes aux représentations d’étable de cette période. C’est à partir de ces caractéristiques qu’un plan et une élévation de la structure a été suggéré.
Ce corpus rassemble une très grande majorité de représentations religieuses. Les étables figurées sont majoritairement associées à la Nativité et à l’Adoration. On dispose aussi d’une cabane de Saint Christophe et de quelques scènes de vie quotidienne associé à la stabulation. En premier lieu, il faut être prudent dans l’analyse de ces images qui jouent un rôle symbolique et qui, de surcroît, s’inscrivent dans écoles stylistiques. Il semble évident que les états avancés de dégradations représentés sur certaines de ces images sont une volonté de l’auteur pour démontrer l’état de dénuement dans lequel le Christ est né. Cette pauvreté peut être signifié soit par des matériaux de constructions qui semblent très précaire, soit pour délabrement du bâtiment et de sa couverture. Cela n’enlève pas, par contre, l’intérêt qu’on peut porter à l’aspect des assemblages des pièces de bois, qui semble très réalistes pour la plupart.
Les bâtiments représentés sont tous de plan rectangulaire. Les poteaux et la charpente sont parfois montrés avec des bois bruts (9 occurrences), mais sont essentiellement figurés comme étant construits avec des bois équarris (52 occurrences). Les charpentes des toitures sont de formes variées, mais restent pour la plupart des constructions simples avec, par exemple, chevrons, poinçons et entraits. Les assemblages visibles dans la construction en bois équarri semblent tous s’appuyer sur le principe tenons/mortaises avec, dans quelques cas, des chevillages bien signifiés.
Les couvertures sont largement dominées par les fibres végétales (58 occurrences) (chaumes, etc…) d’aspects lisse, ou en escalier (14 occurrences). On distingue aussi 3 couvertures de planches et 1 de tuile. Seul 3 représentations ne livrent pas assez de détails pour se prononcer.
Les parois se composent essentiellement de clayonnages (29 occurrences) arrivant en hauteur au premier tiers ou à la moitié des poteaux, voir qui atteignent parfois la sablière (2 occurrences). D’autres images livrent des parois en maçonnerie (16 occurrences), en pan de bois et torchis (4 occurrences), et en planches de bois (3 occurrences). Enfin, certaines étables sont représentées sans parois (6 occurrences).
Pour la Normandie, l’archéologie de l’époque médiévale signale une domination de l’usage de la charpente de bois planté en Basse-Seine La bibliographie abordée ne donne pas d’exemple dans le monde rural Normand de la fin du Moyen Age. Seul le cas de maison étudié à Rouen permet d’avoir une idée de la manière avec laquelle les poteaux sont implantés. Ces derniers poteaux sont installés dans le sol à l’intérieur de grandes fosses cylindriques et maintenu à l’aide de calage de pierre. La fosse reste ouverte tant que les sablières basses et hautes ne sont pas installées, laissant ainsi la possibilité de faire riper les poteaux sur leur base. Une fois ces parties de la charpente mise en place, les fosses des poteaux sont comblées afin de stabiliser la construction.
Les fouilles de sites Normands du Moyen Age central donne aussi quelques indications concernant les distances entre les poteaux de charpentes et les piquets employés pour le clayonnage. J. Le Maho donne comme distance moyenne une portée de 3 à 4m entre chaque poteau sur des sites comme Saint-Martin-de-Boscherville et Mirville. La fouille du site de Mirville a livré des piquets sur lesquels était placé un clayonnage espacé de 20 cm.
Cette reconstitution s’inscrit dans un cadre défini comme tel :
- surface maximum de 15 m²
- facilité de démontage en tant que support muséographique
- absence de fondation
- sécurité d’utilisation pour les intervenants et le public
L’aspect général choisi pour la bergerie qui a été implantée dans la basse-cour est celui de la structure visible sur les « Très Riches Heures » du duc de berry. Les raisons de ce choix repose sur le fait c’est bien la représentation d’une bergerie et pas uniquement d’une étable, qu’elle correspond à la datation choisie pour la période reconstituée lors des Médiévales et que son volume semble s’adapter à celui de l’espace réservé à la construction.
L’aspect et les matériaux ont été choisi en accord pour la bergerie seront en accord avec l’iconographie et l'archéologie.
Choix réalisés pour la bergerie Crèvecoeur et fréquence de cet aspect dans les figurations de bergerie du corpus:
Plan rectangulaire 100 %
Charpente en bois équarri 86%
Couverture de chaume 89%
Parois en clayonnage 44%
La charpente a été fondée sur 9 poteaux de chêne, bois très présent dans la construction traditionnelle Normande. 7 poteaux s’inscrivent dans un plan rectangulaire de 3 m x 5 m.
Les parois ont été placées le long du périmètre délimité par les faces intérieures des 7 poteaux formant le rectangle, comme cela est visible sur la représentation des « Très Riches Heures ».
La charpente accueille des chevrons d’acacia (bois non utilisé au Moyen Age, choisis car difficile de trouver des perches d'autre bois dans le secteur) non équarris répartis régulièrement entre les deux arbalétriers, fixé à l’aide de clous en fer. Ces chevrons sont les supports d’un lattage réalisé en badine de noisetier et autres essences de haies assemblées par ligature de fil de lin, avec un élément disposé tous les 15 cm. Sur ce support, on a fixé des bottes de chaumes à l’aide de badines de faible section et de ligatures en fil de lin.
Les parois se composent d’un ensemble de clayonnages ou fascines. Il s’appuie sur un réseau de piquets disposé tous les 50 cm.
Des photos de la construction:





En usage:

Merci à Garin pour cette photo