J'ai fait macérer de la paille de fer (les pelotes delaine de fer pour poncer très fines) dans du vinaigre de vin, à raison d'une pelote dans l'équivalent de deux verres de vinaigre : un essai dans du vinaigre de vin, un dans du vinaigre blanc (après tout, on pourrait aussi bien utiliser de l'acide de détartrage de cafétière ou du citron).
Au bout de 2 jours, j'ai testé sur du bois (la cuillère qui touillait la mixture) et des chutes de cuir (supposé tan'vég).

Deux conclusions :
1. le résultat est une sorte de truc grisâtre qui rigidifie le cuir, et ça ne devient pas noir : soit le fer ne s'est pas suffisament oxydé, soit les proportions sont mauvaises, soit le cuir ne contient pas assez de tanins végétaux...
2. Ca dégage une odeur répugnante : si vous voulez vous fâcher avec vos voisins, faites chauffer la mixture sur le balcon sur un camping gaz ; ça n'atteint pas l'horreur du sciage d'os ou de corne, mais c'est suffisament désagréable pour que je n'aie aucune envie de porter des chaussures ou une escarcelle qui sentirait ça (oui bon je sais, par ailleurs, j'ai un odorat digne d'un chien truffier).
Après d'autres enquêtes, notamment un passage sur ce site :
Sur ce site, http://www.moulinduverger.com/reliure-m ... ret-94.php
il est dit, je cite:
"1. Couleur noire
On peut préparer le noir d'un grand nombre de manières. En voici quelques-unes :
1° Faire dissoudre à chaud, du sulfate de fer (couperose verte) dans de l'eau pure. La peau étant toujours imprégnée de tannin et d'acide gallique dans le procédé du tannage, l'oxyde de fer contenu dans le sulfate se combine avec le tannin et l'acide gallique et donne le noir.
2° Faire bouillir dans une marmite de fonte de fer, deux litres de vinaigre avec une poignée de vieux clous rouillés, ou 31 grammes de sulfate de fer. On fait bouillir jusqu'à réduction d'un tiers, et l'on a bien soin d'écumer. On conserve ce noir dans le même vase bien bouché. Il prend de la qualité en vieillissant. Pour l'entretenir, on verse de nouveau vinaigre, on fait bouillir et l'on écume.
3° Faire bouillir ensemble deux litres de bière ; deux litres d'eau dans laquelle on a fait bouillir d'avance de la mie de pain, pour la rendre sûre ; un kilogramme de vieux fer, ou de la limaille rouillée, et un litre de vinaigre. On écume comme au n° 2, on fait réduire d'un tiers, et l'on conserve dans un vase bouché.
Tous ces noirs s'emploient à froid. Pour empêcher que l'écume qui se forme en trempant plusieurs fois le pinceau dans la liqueur, ne s'attache à celui-ci, on prend un peu d'huile qu'on étend sur la main, et l'on en frotte l'extrémité des brins du chiendent. "
Le problème que j'ai eu (la teinte ne prend pas) était à mettre sur le compte du cuir.
En fait, cette mixture constitue un véritable test de détecteur de tannage vraiment végétal...
J'ai trois peaux différentes achetées à la vieille usine pour du cuir "tanné végétal", je n'avais testé des échantillons que d'une des peaux.
Parallèlement, j'ai préparé une autre pelote dans du vinaigre blanc (pour voir, sans chauffer) samedi matin (soit avant hier).
Pour finir, j'ai coupé 4 échantillons de chaque peau (j'ai 4 mixtures différentes).
J'ai plongé ces échantillons dans les différents pots.
En fait, une seule peau n'a réagi sur aucun des pots (vinaigre de vin, vinaigre de vin + vinaigre de cidre, vinaigre blanc, vinaigre + eau), évidemment, c'est la première que j'avais testée...
.
Pour une peau, le temps de compter jusqu'à 20 et c'est d'un noir dense et uniforme, ça prend très vite en commençant par la tranche.
Pour la troisième, il a fallu attendre environ une demi heure
Mais bon, le résultat[no] pue grave[/no] dégage une odeur pas engageante du tout, pouah !
Donc :
- les pelotes de laine d'acier pour poncer font très bien l'affaire
- on peut prendre n'importe quel vinaigre (suffit que ce soit acide)
- ça dépend du tannage du cuir (franchement, entre deux des peaux, la différence est indiscernable à l'oeil, au toucher ou à l'odeur)
- pas besoin d'attendre une semaine de macération de mixture
- ça pue ! (ah bon ? je l'ai déjà dit ? )


Avec le séchage (et un temps certain de latence), le cuir qui n'a pas réagi dans la minute n'a pas bronché.
Celui qui a réagit immédiatement (moins de 20 secondes) est d'un noir assez intense qui est devenu bien mat en séchant (la photo montre des traces de brillance).
Celui qui a mis quelques minutes avant de virer est gris anthracite, bien moins intense, devenu mat en séchant lui aussi.
Et les trois ont une odeur écoeurante (alors que le cuir naturel sent si bon...) .
Pour finir, un lien vers un tutoriel de tannage végétal http://webarcherie.com/forum/index.php? ... t&p=213726 : Il y est précisé à l'étape http://webarcherie.com/forum/index.php? ... t&p=213726 que le « fer-III-chloride », que l'on trouve en pharmacie permet de vérifier que les tanins sont arrivés au coeur du cuir : CQFD... CQFD.