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Posté : mar. juin 06, 2006 4:14 am
par vuillem
Quelques étapes de la réalisation d'un alliage monétaire pour la fabrication de deniers parisis de la fin du XIVeme siècle:
1° Allumer le four avec le briquet à silex et l'étoupe; bien évidemment, les fours étaient placés dans des ateliers fixent et non itinérant
2° Chauffer le four à haute température; la fusion de l'alliage qui contient environ 15% d'argent tourne autour de 1000°c; préchauffer en même temps le creuset avant d'incorporer le métal
3° Introduire le métal dans le creuset petit à petit afin d'obtenir l'alliage en fusion; prévoir 40 minutes de chauffes au total (arroser la boite de temps en temps...)
4° Couler l'alliage dans une lingotière
5° lingot refroidit et goutelette de métal; penser à trouver une argile très dure et à revoir le profil de la ligotière
Ensuite, transformer le lingot en tôle, découper les flancs, blanchisser les et frapper la monnaie. Peser le tout réguliérement.
Posté : mar. juin 06, 2006 4:23 am
par méléanore
Un reflet de mon affligente ingnorance :
Et alors une petite question: mais qui avait autorité pour frapper la monnaie?????????
Posté : mar. juin 06, 2006 4:38 am
par vuillem
Au XIVeme siècle, c'est le roi de France qui fait frapper la monnaie dans des ateliers monétaires qui sont sous son contrôle.
Posté : mar. juin 06, 2006 10:01 am
par méléanore
Merci, oui j imaginais bien quelque chose comme ca !!!
je me demandais ce qui faisait l authenticité de la piece...
Posté : mar. juin 06, 2006 1:06 pm
par vuillem
Ce qui fait l'authenticité de la pièce c'est ce qui est frappé. C'est le dessin qui apparaît en relief. La valeur de la monnaie, c'est son poids en métal.
Posté : mer. juin 07, 2006 4:15 am
par Olivier de Termes
Extrêmement intéressant, merci de partager ca avec nous, bravo
Posté : mer. juin 07, 2006 5:54 am
par bilbaron
vuillem a dit : Au XIVeme siècle, c'est le roi de France qui fait frapper la monnaie dans des ateliers monétaires qui sont sous son contrôle.
juste une question de vocabulaire, ne dit-on pas "battre monnaie" plutôt que "frapper monnaie" ?
Posté : mer. juin 07, 2006 7:01 am
par vuillem
L'expression consacré dans le language courant est effectivement "battre monnaie". Mais, il me semble que frapper la monnaie n'est pas incorrect. Par contre, je n'ai pas en tête le vocabulaire employé au Moyen Age.
Posté : mer. juin 07, 2006 11:17 am
par etienne de champaigne
Merci Vuillem de nous faire partager tout ceci !
Bon, j'y vais de mes questions :
Quelles composantes pour la fabrication: .du creuset
.de la lingotière
Avez-vous préchauffé la lingotière avant la coulée ?
Le creuset paraît fissuré sur la 4° photo, oui ou non, si oui pas de problèmes ?
Et enfin, poids du métal au départ,
poids après la fonte ==> pertes ?
Merci d'avance Vuillem !
Posté : mer. juin 07, 2006 12:14 pm
par vuillem
Pour ce qui est du creuset et la lingotière, on travaille avec Véronique Durey de la poterie des Grands Bois. On teste un certain nombre d'argiles réfracataires. Effectivement le creuset s'est fissuré pendant l'opération. Il l'était déjà à cause d'un premier essai. Bref, la durée de vie de ce creuset n'a pas était très longue et je pense qu'il faut qu'on travaille encore sur la nature de l'argile à employer. Les fissures étaient situées du "bon" côté et ne nous ont pas empéché de faire la coulée. Mais le creuset à rendu l'ame après cette utilisation.
Pour ce qui est des mesures, étant donné que nous ne donnons pas dans l'archéologie expérimentale, nous n'avons pas décidé de tout mesurer lors de cette opération. Il y a environ 60 grammes de métal dans l'alliage (ce n'est pas moi qui ai fait la pesée). Nous n'avons pas encore pesé le résultat étant donné qu'il est en court de transformation. C'est un premier essai à cette échelle et nous avons fait passé en priorité les problèmes de monté en température et les observations empirique dans l'objectif d'acquérir les bons gestes. Il est prévu que nous affinions les pesées lors des prochains essais. Je peux juste te dire que nous avons tenté un maximum de maintenir le métal dans une atmosphère neutre ou réductrice pour éviter les éventuelles oxydations liées à l'apport d'air par la ventilation. Il y a probablement plus de pertes de métal à cause de l'oxydation lors de la réalisation de la tôle. A vu d'oeil, il n'y a que très peu d'oxydes qui se sont formées à la surface de la tôle et je n'ai pas trouvé de scories d'orginie métallique dans le fond du foyer.
Bref, il faut encore qu'on évalue efectivement les éventuelles pertes. La problématique est sensiblement la même dans le domaine des matérieux réfractaires que dans celui de la gestion du métal. En posant le postulat que les ateliers monétaires avaient tout intérêt à avoir le travail le plus rentable possible, il est clair que nous devons améliorer nos rendements. A la fois en terme de consommation de matériaux: creusets, lingotières, tuyères (qui la, pour le coût, à très bien résisté), charbon de bois,... mais aussi en terme de perte de métal précieux lors des opérations à haute tempétature. Le titrage en argent dans une monnaie est très important. Il était testé après la production et la marge d'erreur semble très faible. Il faut donc que ce qui est mis au départ se retrouve quasiement à 100% à la fin.
Cette première expérience nous a permi de lister les points positifs et négatifs et va nous permettre de poser une "fiche d'enregistrement" pour la prochaine opération. (consommation, temps de travail, etc...). Mais nous sommes encore très loin de ce qui devait ce faire à l'époque. De toute façon, l'objectif de l'atelier est d'être une animation pour le grand public lors de manifestation médiévale.
Nous n'avons pas préchauffé la lingotière, cela ne pose pas de problème apparemment. Le seul soucis vient du profil de la lingotière qui "emprisonne" le métal.
Posté : mer. juin 07, 2006 1:46 pm
par etienne de champaigne
ok, merci pour tout ça .
J'ai fait quelques essais quand à la fabrication des creuset à fondre, d'après une recette du fameux moine du XIIème : terre cuite et argile grise. résultat identique : creuset fissuré.
J'aimerais assez avoir l'avis de véronique sur la question, bien que ce soit un consommable , deux chauffes me paraissent peu...
En tout cas merci pour tous ces résultats.
Posté : mer. juin 07, 2006 4:25 pm
par tournevase
et tout est vrai je l'ai vu de mes propres yeux.
Posté : jeu. juin 08, 2006 12:01 am
par garin trousseboeuf
Le choc thermique est vachement important avec du métal fondu sur de la terre froide non ?
Ne faudrait-il pas pré-chauffer le moule au four avant ?
ou alors, c'est vraiment du consommable, pas de chance !
Posté : jeu. juin 08, 2006 2:02 am
par oriabel
Question naîve...pourquoi faut-il faire cuire le creuset ?
Posté : jeu. juin 08, 2006 2:23 am
par Philippe de Sombreval
Comme garin l,a dit.. ne serait-ce pas justement pour éviter le choc thermique? Pour que le creuset n'éclate pas à peine entré dans le four?