Au début du XVe, Tournai est une ville française isolée en plein milieu de territoires "ennenmis" (Bourgogne et St Empire); elle doit donc assurer sa propre défense de manière autonome, et à cet effet les deniers dûs au Roy sont réaffectés aux renforcement des murailles et à l'équipement des sergents.
Quant aux "troupes" tournaisiennes, c'est confus, mais on distingue deux catégories:
1. "le Guet", constitué de "bourgeois" (résidants intra-muros et porteur de la "citoyenneté" tournaisienne) tenus à un "service de police" obligatoire; ils doivent eux-même s'équiper (mais sont en majorité armés de "bâtons", soit des vouges, lances ou hallebardes), et ne sont pas rémunérés pour le service; affectés à la surveillance des rues la nuit, des édifices importants (beffroi, halle des consaulx, portes de la ville. En cas de crise (c'est-à-dire souvent), ils sont renforcés par des arbalétriers et/ou des archers, qui eux étant en principe exemptés du guet sont dès lors rémunérés en monnaie, en vin, nourriture, vêtement, bois,etc.Le rôle du guet se limite exclisivement à la zone intra-muros.
2.les sergents et les serments.
- les sergents sont mis à disposition de la Ville par les corps de métiers, chaque corporation ayant sa propre "milice"; ils constituent la réserve et si ce n'est pour défendre la Ville en cas d'agression, sortent régulièrement lors des demandes d'assistance faites par le Roy ou une ville Alliée; ils sont armés de "batons" et arborent les couleurs de la ville.
- les serments sont les associations d'archers et d'arbalétriers; leur fonction réunit à la fois celles du guet et des sergents, vu qu'on les retrouve tant en renfort du guet qu'en service "extra-muros"; en effet, ce territoire entourant la ville est sous la responsabilité du Bailli du Tournaisis, nommé par le Roy, qui doit donc en assurer la sécurité, mais sans pour autant disposer de troupes suffisantes extra-muros.
En outre, lorsque les Tournaisiens décident d'aller "saisir" certains de leur compatriotes d'allégence bourguignonne et réfugiés au château d'Ere (+-5 km des murailles), ils font sortir 200 sergents, 4 dizaines d'archers et 6 d'arbalétriers.
en 1428, à la demande de Jean de Brabant, Tournay envoie 60 arbalétriers et deux canons soutenir les gents de traict brabançons face aux prétentions territoriales de son ex (jacqueline de bavière)et de l'amant de celle-ci (Gloucester, frère d'Henry V d'Angleterre);les arbalétriers sont tous équipés d'une livrée aux armoiries de la ville; à leur retour, ils seront (grassement) payés pour toute la durée de leur service;cependant comme c'est pour "dégommer du Goddon", 200 volontaires appelés "les compagnons du bon vouloir" se proposent d'y aller aussi; ce sont exlusivement des "bourgeois" sans expérience militaire autre que celle du guet; face à leur peu d'expérience, les autorités de la Ville refusent de leur accorder une livrée, se contentant de leur fournir de la toile blanche à coudre sur leurs vêtement (pour former la croix francaise); ces "compagnons" s'étend débandés en compagnie des 30000(?) communaux branbaçons dès la vue des 800 chevaliers anglais de Gloucester, ils ne seront pas payés par la ville à leur retour (pour ceux qui en sont revenus).
Au vu de tout ce qui précède, on peut en conclure qu'il y eut donc deux catégories de "miliciens": les "amateurs" (le guet) et les professionnels (sergents et serments).Mais curieusement, tous sont titulaires du "droit de bourgeoisie" et ont un métier "normal" (négociant, boucher, orphèvre,etc.)
Je n'oserai pas prétendre maintenant que l'organisation militaire de toutes les villes de France était identique, pourtant on retrouve les milices corporatives réunies en "armée communale" jusqu'à Namur, et ce dès la moitié du XIVe.
La différence de "classe" est marquante aussi notamment à Liège, où l'on trouve deux catégories d'archers: ceux du guet ("armure de chemise", prestations intra-muros exlusivement, et ceux de la milice; ces derniers sont des archers "lourds" plutôt suréquipés et opèrent tant à l'interieur des murailles que sur le teritoire de la Principauté.
