Page 1 sur 2
Posté : jeu. sept. 18, 2008 9:06 am
par philippe le rouge
Voici ce que j'ai trouvé dans
LI ESTABLISSEMENT DES MESTIERS DE PARIS d'Estienne Boileau, Prévot du 1261 à 1271 et qui réalisa cette "compile" des statut des métiers Parisien à la demande du Roi Louis IX.
A propos des gainiers (fabricant d'étuis et de fourreaux)
Tui li menestrel de dit mestier pueent ouvrer de vache et de buef et de cheval et de ane et de veel tant seulement, sanz metre nul autre cuir en huevre ne viez ne nouvel.
Que de la vache, du boeuf, du cheval, de l'ane ou du veau.
Nus menestrieus du dit mestier ne puet ne ne doit fare nul hennepier, qui ne soit de III cuirs nuès tout de chief en chief, se il ne les fet ou de buef ou de vache sanz veel, se ce n'est a la fausse cerche
Pas plus de trois pièce cousue ensemble sur la longueur de l'ouvrage. Mais, pas trouvé ce qu'est un hennepier ou un cerche, quelqu'un a une idée ?
Nus menestrieus du mestier desus dit ne puet faire nul escrin ou dit mestier, puis qu'il passe VI deniers, qu'il ni mete cerche entour, s'il n'est de cuir de vache.
Nus mestres du mestier desus dit ne puet faire fourrel ne cofiniau na autre estui, s'il n'a double fonz desus et desouz
Fourreau et autre étui doivent être doublés.
Tout autres mode de fabrication était considéré comme mal façon, l'ouvrier était taxé d'une amende au roi (5 sous) et aux Maitres du métier (2 sous) , et le fourreau, ou l'étui, mal fait était détruit.
En claire, tout reconstitueur du XIII° parisien qui veut être pointu doit faire un fourreau avec certains cuirs et doublé...Sa recoupe ce qu'un artisan du cuir m'avait dit un jour, deux fourreau de cuir monté l'un sur l'autre, les coutures en opposition pour l'étanchéité.
Personnellement, j'ai du bol, je n'ai utilisé que de la vache et du veau, et tout mes fourreaux sont doublés
![drole [img]images/icones/icon15.gif[/img]](./images/smilies/icon15.gif)
Posté : jeu. sept. 18, 2008 11:09 am
par Yvan de Tergate
Marrant, il n'est pas fait mention du bois... [img]kator/smyley3.gif[/img]
Posté : jeu. sept. 18, 2008 1:07 pm
par medieviste
On parle bien de fourreaux de couteaux, pas d'épée ?
Posté : ven. sept. 19, 2008 2:33 am
par Bouchard
Hennepier : on y range le hanap (petit vase à boire)
Cerche : cercle ou cherche/recherche (anse ???)
Vraisemblablement il s'agit d'étuis de rangements qui doivent être doublés. Je ne suis pas certain du tout qu'il s'agisse de fourreaux d'épées finalement.
Posté : ven. sept. 19, 2008 2:37 am
par malko
les gainiers faisaient tous les fourreaux possibles et imaginables, que ce soit pour les couteau, ou plus anecdotiquement pour les épées. Les descrïptions ci-dessus correspondent peut être à des fourreaux de couteaux.
Par contre, un truc m'intrigue, je n'ai jamais vu de fourreau de couteau double. Est ce que quelqu'un a des sources?
Posté : ven. sept. 19, 2008 2:46 am
par Bouchard
croisage de posts. Vraisemblablement il y a des fourreaux de "coupes à boire". On en apprend tous les jours.
Posté : ven. sept. 19, 2008 2:48 am
par De Heer van Liere
@ Malko :
Dans le Knives and Scabbards, page 35 et suivantes, on parle bien de 'lining' de cuir.
Posté : ven. sept. 19, 2008 6:22 am
par philippe le rouge
Nus mestres du mestier desus dit ne puet faire fourrel ne cofiniau na autre estui, s'il n'a double fonz desus et desouz
Le doublage semble une règle clairement annoncée pour toutes ces fabrications...
Posté : ven. sept. 19, 2008 6:33 am
par philippe le rouge
Yvan de Tergate a dit : Marrant, il n'est pas fait mention du bois... [img]kator/smyley3.gif[/img]
Certes, mais, quelles sont nos sources pour les fourreaux de bois ?
Posté : ven. sept. 19, 2008 6:43 am
par philippe le rouge
pour cerche, j'ai trouvé : garniture du bord d'un chapeau, d'un écrin ou d'une gaine.
Chez les fourbisseurs, on trouve une interdiction de faire un fourreau d'épée en bazanne (mouton).
Il semble bien que les fourbisseurs se chargeaient aussi des fourreaux, mais il n'y a pas plus de détail que cette interdiction dans leurs statuts.
Posté : ven. sept. 19, 2008 7:55 am
par Yvan de Tergate
Philippe le Rouge a dit :
Certes, mais, quelles sont nos sources pour les fourreaux de bois ?
Elles sont nombreuses
- Fourreaux de Saint Maurice et d'Alfonso de Castille (
arms & armour of the medieval Knight page 63 -
Records of the Medieval Sword page 247).
- Fourreau du prince noir : bois couvert de cuir rouge (
arms & armour of the medieval Knight p.88).
- Divers fourreaux détaillés dans
Records of the Medieval Sword pages 109 à 113.
- Restes d'un fourreau trouvé à Coventry (
Records of the Medieval Sword page 247)
- Photos d'un tas de fourreaux cassés, tous en bois dans... Me souviens plus ! HiM HS sur les trésors je crois. A vérifier...
- Un document textuel qui a été posté ici un jour par quelqu'un (Ouah, c'est précis ca) qui mentionnait des fourreaux en bois ET des fourreaux en cuir considérés comme étant des fourreaux de mauvaise qualité.
- Je crois que j'en oublie

Posté : ven. sept. 19, 2008 9:14 am
par philippe le rouge
Donc tous plein de sources, mais effectivement, j'ai relue les statuts des gainiers et des fourbisseurs, aucune mentions de bois.
D'un autre côté, l'artisanat de Paris semble passé pour un milieu "élitiste" (attention, notion très relative à mettre dans le contexte de l'époque), la plupart des métiers s'achète directement au roi, et comme ils fonctionnent tous sous la "direction" d'un conseil restreint de jurés : Peut être faut il voir là une tentative de particularisme, tant dans l'accès au métier (les non Parisien payaient une surtaxe très lourde pour exercer sur Paris) que dans la qualité des ouvrages.
Posté : ven. sept. 19, 2008 9:49 am
par Yvan de Tergate
Il n'y a pas mention du bois pour les fourreaux peut-être parce que cela va de soit et qu'il n'y a pas spécialement de règle à ce sujet.
Nus mestres du mestier desus dit ne puet faire fourrel ne cofiniau na autre estui, s'il n'a double fonz desus et desouz
De plus, en relisant le passage ci-dessus, ca m'a fait repenser à ce que j'ai lu dans
arms & armour of the medieval Knight, à savoir qu'un fourreau en bois est doublé à l'extérieur ET à l'intérieur. Cuir à l'extérieur et "fleece" (j'ai pas trouvé de traduction convenable...) à l'intérieur. Ca me fait sérieusement penser à la doublure "desus et desouz" du texte que tu cites. Mais j'ai du mal à bien comprendre le sens de cette phrase... Tu es sûr à 100% de ta traduction ?
Posté : ven. sept. 19, 2008 10:12 am
par hellin
Fleece : Toison de mouton ? garniture en laine ?
=> à l'intérieur du fourreau pour protéger la lame par l'effet graissant de la laine ?
Posté : ven. sept. 19, 2008 10:36 am
par Yvan de Tergate
Oui, c'est bien ça. Je trouve pas de mot français convenable (toison... Bof bof), mais c'est l'idée. Ca sert à la fois à graisser la lame et à la retenir dans le fourreau.
The inside was lined with fleece, the lanolin in the wool probably helping to curtail rust; the "lay" of the wool was upwards to enable the sword to be drawn smoothly and easily, while its springiness helped to keep the blade firmly sheathed
L'intérieur était doublé avec de la "toison", la lanoline* de la laine aidant probablement à réduire la rouille; le "lay" (trouve pas de bonne traduction) de la laine a été disposé face vers le haut pour permettre à l'épée d'être tirée facilement et en douceur, tandis que son élasticité permettait de maintenir la lame fermement rengainée.
(*) La lanoline est la graisse contenue dans la laine de mouton brute.