mer. juin 25, 2008 7:44 am
Puisque nous en sommes (comme cela arrive souvent) à l’heure des regrets et des pleurnicheries (nous sommes des incompris qui prêchent dans le désert, etc.), j’irai - une fois encore comme le chieur de service et uniquement parce que ce fil de discussion a pris cette tournure - j’irai donc, de quelques mots avant d’aller voir ce qui se passe à Saint-Flour (7 heures de voiture tout de même, tu vois Piffaro, il y a des gens qui se déplacent et que ça intéresse!).
Pour donner moi aussi donner mon point de vue sur ce regard désabusé qu’ont à l’heure actuelle certains d’entre-nous (comme tu viens de l’exprimer), je vais le faire en reprenant l’historique de ce fil de discussion comme exemple:
Tu nous dis :
«Avouons surtout que les forums ne sont pas forcément les lieux pour aborder plus précisément de telles discussions».
À quoi peut bien servir un forum alors ?... si ce n’est d’être un espace pour discuter, débattre sur des sujets spécifiques, en des lieux spécifiques, comme c’est le cas ici même. N’est-ce pas la définition du mot forum et de sa fonction ?
Devrions-nous négliger ce moyen d’échanges ou le considérer comme négligeable ?...
Pourquoi en avoir toi-même créé un, sur lequel depuis plusieurs années maintenant des intervention et des discussions d’une richesse rare se sont déroulées… même si enflammées (pour ne pas dire houleuses) parfois ?... Faut-il remettre aussi ce forum là en question, ou y a-t-il des forums de seconde zone ?...
Je ne pense pas que le principe du forum soit en cause, mais plutôt la manière dont les personnes y discutent, y échangent, y débattent honnêtement, loyalement, intelligemment ou pas.
Cette discussion à propos de cette vièle n’en a manifestement pas pris le chemin: soit parce que cette discussion n’est pas d’un niveau tel que tu le verrais, ou bien pour le moins, parce qu’elle ne va pas dans le sens que tu souhaiterais.
Tu es venu faire ici l’annonce d’une reconstitution réalisée dans le cadre des activités de l'Association APEMUTAM. Reconstitution ou pas, pourquoi avoir présenté ce sujet sur ce forum, si ce n’est pour le soumettre à l’appréciation de celles et ceux qui le découvrent ?... et s’il ne fallait pas émettre de regard critique, alors il fallait le dire clairement… ou bien, garder ce dossier sous le coude pour le faire mûrir.
Tu me reproches d’être venu faire mes commentaires critiques ici, au lieu de les faire sur ton forum, mais c’est ici que tu présentes cette expérience… quelque chose m’échappe ?
Il fallait que je me taise ?... peut-être aurais-je mieux fait.
Cette reconstitution que tu nommes à présent autrement suite à la pression de mon intervention est particulièrement sujette à caution (ne revenons pas en détail sur le bien fondé de cette remarque, tout est dit plus haut)… alors, pourquoi l’avoir présentée ici, sur un forum de "reconstituteurs" avérés ?...
Quel était le but de la manœuvre ?... faut-il être devin pour le savoir ?
Hé bien voilà, tu vois, moi ce que je pense, c’est tout cela et bien d’autres choses encore qui ne vont pas et qui posent problème. Il ne faut donc pas s’étonner après, quand il a désaffection, ou quand personne n’est tenté de suivre. Je connais nombre de personnes intéressées, voire passionnées par la musique médiévale, que j’ai incitées à aller sur le forum «idoine» (comme dirait Frère Basile). Ces personnes m’ont confié leurs sentiments et pourquoi elles ne participent que rarement, voire jamais aux discussions: exactement pour les mêmes raisons que celles que je viens d’évoquer et parce que «Il y a ceux qui savent (ou qui se sont arrogé l’exclusivité du statut de ceux qui savent ou ont le droit de savoir) et puis les autres». Et ça, constatons-le, ça ne peut pas fonctionner !
Mon père disait : «Comme on fait son lit, on se couche!» la formule serait-elle de bon aloi et s’appliquerait-elle à la situation présente ?
Vous avez constitué avec APEMUTAM, et c’est heureux, un petit groupe de personnes qui se sont véritablement engagées dans une approche sérieuse et honnête (sans concessions ?...) de l’étude et la restitution de la musique et des instruments de musique du Moyen Âge.
Mais, si elle n’est pas hermétique, votre association ne semble pas non plus véritablement ouverte à la discussion critique, au droit de réponse (ce n’est pas la première fois que cela arrive). Ce qui est dommage, car la critique peut aussi faire avancer les choses, je ne t'apprends rien en disant cela.
Je ne me suis pas trompé en formulant dans le préambule de mon premier message que j’allais sûrement passer pour "l’empêcheur de tourner en rond".
Faut-il rappeler qu’il y a en dehors d’APEMUTAM d’autres personnes qui cherchent ou ont cherché ? Et que leurs travaux sont loin d’être négligeables, pour ne pas dire qu’ils font encore référence aujourd’hui et vraisemblablement pour quelques temps encore.
Que tu défendes bec et ongles les expérimentations ou les productions d’APEMUTAM est tout à fait compréhensible, mais pourquoi vouloir défendre une cause perdue comme celle sur laquelle malheureusement il a été impossible de te faire reconnaître d’emblée et en termes simples, que cette tentative aussi intéressante quelle ait pu être pour son auteur et pour la communauté, est une expérience abstruse qui n’est pas recevable dans les termes qui ont servi à l’annoncer.
Bon, enfin bref, par ce nouveau déballage de mots dans un plaidoyer qui risque de ne pas être bien compris (je suis incorrigible) ce que je tente de faire passer, c’est que ce n’est pas en pratiquant de la sorte que l’on verra s’étoffer de manière probante les rangs bien clairsemés des adeptes de notre conception de la musique au Moyen Âge et de la ou des manière(s) de la restituer.
Au fond je comprends ton désenchantement, car moi-même, je fatigue de devoir en permanence rappeler les gens à plus de modestie, à plus de circonspection, à beaucoup de prudence, et au fait que, même si nous pouvons nous autoriser à penser de temps en temps que nous approchons du but, hé bien admettre qu’au final, de toute façon… nous ne saurons jamais vraiment.
Personnellement, je n’ai rien à vendre, rien de particulier et de grave à défendre, si ce n’est le plaisir de discuter, de tenter de comprendre et de partager avec ceux qui le veulent bien. Mais, la discussion (la prise de bec) que nous avons ici ne me conforte pas dans l’idée de devoir continuer encore longtemps à me bagarrer pour cette cause au fond bien futile. Fatigué de pinailler, fatigué d’avoir en face (au lieu de les avoir «à côté») ces fameux «protagonistes» avec les lesquels il faut sans cesse croiser le fer et qui parfois nient les évidences, comme c’est le cas ici, parce que ça ne les arranges pas. Quel intérêt y a-t-il à adopter ce genre d’attitude ?...
Je vais à Saint-Flour, et j’y vais le cœur léger ne voulant pas présumer de ce qui m’y attend. Nous verrons bien au retour, fort de cette nouvelle expérience, si oui ou non il vaut mieux jeter l’éponge.