recherche de musique
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Attention, tout ce qui ne relève pas ou de loin de la musique médiévale est à mettre dans le forum généraliste.
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- cassetrogne
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Cassetrogne, Ménestrier aux Coquillards de Villon
http://www.coquillards-de-villon.com
http://coquillards.leforum.eu
Si sibi pilosus est, legitimus !
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Si sibi pilosus est, legitimus !
Je pense que ça devrait fonctionner: http://www.youtube.com/watch?v=LcBoK0Ew934
Il s'agit de la version de la Rotta du Lamento de Tristan par Alla Francesca (album: Tristan et Yseut)
Il s'agit de la version de la Rotta du Lamento de Tristan par Alla Francesca (album: Tristan et Yseut)
Il y a ça aussi: http://www.youtube.com/watch?v=KN7C-1J1 ... ure=fvwrel
Le demarrage se fait un peu attendre mais tu vas voir : c'est terrible!
Le demarrage se fait un peu attendre mais tu vas voir : c'est terrible!
Il y a celui là aussi: http://www.youtube.com/watch?v=aV1QOYnT ... re=related
A noter, il s'agit de l'Ensemble Oni Wytars qui, pour l'occasion, s'est entouré de musiciens prestigieux: Efren Lopes à la cithole, Carlo Rizzo au tambourin, Ross Daly à la Lyra crétoise, etc...
A noter, il s'agit de l'Ensemble Oni Wytars qui, pour l'occasion, s'est entouré de musiciens prestigieux: Efren Lopes à la cithole, Carlo Rizzo au tambourin, Ross Daly à la Lyra crétoise, etc...
Sacré virtuose en effet !
Beaucoup de technique et de nombreuses années d’intense travail pour parvenir à ce niveau de maîtrise.
Cependant, interprétation par trop moderne (dans le sens d’actuelle) pour pouvoir considérer cela comme une proposition crédible de restitution de ces deux pièces instrumentales médiévales bien connues.
Nous sommes-là, à n’en pas douter, assez loin d’un «esprit médiéval» et de ce qui, dans ce domaine, devait se concevoir et se pratiquer au M.Â.
Ici : jeu outrancier, des instruments anachroniques, présence sur scène d’un nombre important de musiciens (excellents, c'est vrai), la sonorisation bien sûr !...)
Beaucoup de technique et de nombreuses années d’intense travail pour parvenir à ce niveau de maîtrise.
Cependant, interprétation par trop moderne (dans le sens d’actuelle) pour pouvoir considérer cela comme une proposition crédible de restitution de ces deux pièces instrumentales médiévales bien connues.
Nous sommes-là, à n’en pas douter, assez loin d’un «esprit médiéval» et de ce qui, dans ce domaine, devait se concevoir et se pratiquer au M.Â.
Ici : jeu outrancier, des instruments anachroniques, présence sur scène d’un nombre important de musiciens (excellents, c'est vrai), la sonorisation bien sûr !...)
C'est un point vue, je m'explique:
Le seul instrument utilisé qui n'est pas référencé dans l'instrumentarium médiéval français est le nyckelharpa, mais il est mentionné dans sa région d'origine (nord de l'Europe) dés le 14èm s. Idem pour les lyra crétoises (qui, je te l'accorde, ont dû évoluer au fil des siècles).
Concernant le nombre de musiciens, rien ne dit qu'ils étaient systématiquement en formation réduite. Au contraire, les menestrels pouvaient être très nombreux. Aux noces de la 5ème fille d'Edouard 1er (1290), ils étaient pas moins de 426!
Quand à l'interprétation, le manuscrit de Londres (d'où sont tirés les estampies ci dessus) comporte plusieurs mentions en marge des partitions invitant, et même encourageant, les musiciens à improviser (et donc à créer) autour du thème central, d'où ton impression d'un jeux "outrancier". C'est d'ailleurs un principe qu'on retrouve dans les musiques traditionnelles, musiques qui sont intimement liées aux estampies italiennes.
Je crois que nos oreilles sont éduquées à entendre des interprétations que nous "plaquons" à des principes de reconstitutions minimalistes qui n'appartiennent qu'à nous: contemporains du XXIè s. De plus nous faisons facilement des comparaisons avec les premières interprétations entendues sur disque, comme celles jouées avec talent par Rene Clemencic avec moins de musiciens, entres autres.
Le danger en musique est, je pense, de vouloir trop figer les choses. Les partitions n'avaient pas l'usage qu'on leur connait de nos jours, elles n'étaient qu'un support, y compris dans la musique religieuse (chant grégoriens par ex). Et puis, il ne faut pas oublier que les membre d'Ony Wytars (qui sont les mêmes que Unicorn) sont spécialisés dans les interprétations des musiques du moyen âge depuis plus de vingt ans, et qu'en conséquence, on peut dire qu'ils connaissent parfaitement le sujet.
Le seul instrument utilisé qui n'est pas référencé dans l'instrumentarium médiéval français est le nyckelharpa, mais il est mentionné dans sa région d'origine (nord de l'Europe) dés le 14èm s. Idem pour les lyra crétoises (qui, je te l'accorde, ont dû évoluer au fil des siècles).
Concernant le nombre de musiciens, rien ne dit qu'ils étaient systématiquement en formation réduite. Au contraire, les menestrels pouvaient être très nombreux. Aux noces de la 5ème fille d'Edouard 1er (1290), ils étaient pas moins de 426!
Quand à l'interprétation, le manuscrit de Londres (d'où sont tirés les estampies ci dessus) comporte plusieurs mentions en marge des partitions invitant, et même encourageant, les musiciens à improviser (et donc à créer) autour du thème central, d'où ton impression d'un jeux "outrancier". C'est d'ailleurs un principe qu'on retrouve dans les musiques traditionnelles, musiques qui sont intimement liées aux estampies italiennes.
Je crois que nos oreilles sont éduquées à entendre des interprétations que nous "plaquons" à des principes de reconstitutions minimalistes qui n'appartiennent qu'à nous: contemporains du XXIè s. De plus nous faisons facilement des comparaisons avec les premières interprétations entendues sur disque, comme celles jouées avec talent par Rene Clemencic avec moins de musiciens, entres autres.
Le danger en musique est, je pense, de vouloir trop figer les choses. Les partitions n'avaient pas l'usage qu'on leur connait de nos jours, elles n'étaient qu'un support, y compris dans la musique religieuse (chant grégoriens par ex). Et puis, il ne faut pas oublier que les membre d'Ony Wytars (qui sont les mêmes que Unicorn) sont spécialisés dans les interprétations des musiques du moyen âge depuis plus de vingt ans, et qu'en conséquence, on peut dire qu'ils connaissent parfaitement le sujet.
Merci cher camarade pour ces précisions. Il est vrai que le terme "parfaitement" est un peu fort, mais en tous cas, quand on écoute leur travail (sur les 5 albums que j'ai), je pense qu'ils connaissent le sujet, ce qu'il leur permet d'être "dans les clous" en terme d'interprétation mais aussi de se donner des libertés: n'oublions pas que toutes les interprétations, tous types confondus, sont du fait d'artistes et non d'historiens. Et puis je ne pense pas que ces gens soient des "Ayatollah" de la musique médiévale, sinon comment expliquer sur une pièce la présence du tambourin polytimbrale de notre cher Carlo Rizzo (et là Aldac, tu as raison sur l'anachronisme), mais ce n'est pas le propos de cet ensemble.
Opposer un point de vue à un autre n'est-ce pas le propre de la discussion ?... Aussi:
S'approprier et revisiter tout ou partie d'un répertoire de musique ancienne, puis le jouer en public en y mettant tout son talent, sa virtuosité et sa technique peut s'avérer sans aucun doute une "performance" (c'est le cas ici). Mais voilà, cela ne suffit pas. Aussi est-il sage de s'imprégner des mœurs, des goûts, des esthétiques, de l'état d'esprit, de la philosophie, des préceptes religieux ou autres, etc., dominant pendant la période historique concernée.
Pour cela les écrits d'époque (bien qu'interprétables eux-aussi surtout en ce qui concerne le M.Â.), et sur les divers aspects sociétaux précités s'adjoindre les conseils d'historiens avisés et tenir compte du résultat des récents travaux de chercheurs spécialisés est loin d'être superflu, bien au contraire !... le statut et la nature seuls du musicien ne sont pas une garantie et ne prouveront jamais rien en matière de crédibilité de restitution. Et même si l'on observe toutes ces recommandations, il est de bon ton de faire usage d'une grande modestie lorsqu'on prétend "connaître" et restituer un répertoire, et cela particulièrement pour les plus anciens comme celui du Moyen Âge.
Cela semble a priori assez incompatible (voire antinomique), et encore faudrait-il pouvoir définir de quels "clous" il s'agit et où les situer.
Un autre point de vue pourrait-être le suivant: l'ensemble Ony Wytars (dont je connais également le travail et possède aussi quelques enregistrements) s'est approprié le répertoire médiéval, comme vous le faites vous-même et comme peut le faire chacun de nous à sa façon. Mais de toute évidence nous ne pourrons jamais faire autre chose que des propositions de restitutions de ce répertoire, pour la bonne raison que nous n'avons pas de modèle.Stéphane a écrit :Merci cher camarade pour ces précisions. Il est vrai que le terme "parfaitement" est un peu fort, mais en tous cas, quand on écoute leur travail (sur les 5 albums que j'ai), je pense qu'ils connaissent le sujet(...)
S'approprier et revisiter tout ou partie d'un répertoire de musique ancienne, puis le jouer en public en y mettant tout son talent, sa virtuosité et sa technique peut s'avérer sans aucun doute une "performance" (c'est le cas ici). Mais voilà, cela ne suffit pas. Aussi est-il sage de s'imprégner des mœurs, des goûts, des esthétiques, de l'état d'esprit, de la philosophie, des préceptes religieux ou autres, etc., dominant pendant la période historique concernée.
Pour cela les écrits d'époque (bien qu'interprétables eux-aussi surtout en ce qui concerne le M.Â.), et sur les divers aspects sociétaux précités s'adjoindre les conseils d'historiens avisés et tenir compte du résultat des récents travaux de chercheurs spécialisés est loin d'être superflu, bien au contraire !... le statut et la nature seuls du musicien ne sont pas une garantie et ne prouveront jamais rien en matière de crédibilité de restitution. Et même si l'on observe toutes ces recommandations, il est de bon ton de faire usage d'une grande modestie lorsqu'on prétend "connaître" et restituer un répertoire, et cela particulièrement pour les plus anciens comme celui du Moyen Âge.
Stéphane a écrit :(...) ce qu'il leur permet d'être "dans les clous" en terme d'interprétation mais aussi de se donner des libertés: n'oublions pas que toutes les interprétations, tous types confondus, sont du fait d'artistes et non d'historiens.(...)
Cela semble a priori assez incompatible (voire antinomique), et encore faudrait-il pouvoir définir de quels "clous" il s'agit et où les situer.
CQFD donc ! Pourquoi alors toutes ces justifications, si l'objectif (respectable au demeurant) des musiciens de Ony Wytars n'est pas de tenter une restitution plausible.Stéphane a écrit : (...) Et puis je ne pense pas que ces gens soient des "Ayatollah" de la musique médiévale, sinon comment expliquer sur une pièce la présence du tambourin polytimbrale de notre cher Carlo Rizzo (et là Aldac, tu as raison sur l'anachronisme), mais ce n'est pas le propos de cet ensemble.
Modifié en dernier par aldac le mar. oct. 18, 2011 9:14 pm, modifié 1 fois.
Merci Aldac, pour ton point de vue, fort intéressant.
Je pense que la restitution musicale de ces oeuvres est bien plus aboutie quand nous, musiciens du XXIè s, laissons libre cours à nos envies, notre créativité (dans l'instant ou non) plutôt qu'à vouloir, à toutes fins, se rapprocher d'un "Graal" qui nous échappera systématiquement, quoi que nous fassions.
Comme disais justement Goupil: "Nous n'y étions pas".
Ce n'est pas seulement une note bien placée par rapport à une autre, ou une mélodie respectée à la lettre qui font d'une interprétation un discourt musical qui aurai pu exister, mais plutôt cet ensemble de qualités qui font un musicien.
En ce sens, je pense que (mais c'est bien sûr très subjectif) l'artiste du premier lien suivant (Théo Bleckmann) est bien plus proche de Guillaume de Machaut que ceux du deuxième, malgré un instrumentarium très contemporain. Car je pense que c'est l'intention (n'est ce pas Goupil ?) qui fait toute la différence, et c'est ce qu'on retrouve dans l'ensemble Ony Wytars. Voilà pourquoi je pense qu'ils sont dans le juste.
http://www.youtube.com/watch?v=31jAFxH2hzE
http://www.youtube.com/watch?v=DQoo3tuTC54
En tous cas, c'est un débat fort intéressant, et pour ça je te remercie!
Je pense que la restitution musicale de ces oeuvres est bien plus aboutie quand nous, musiciens du XXIè s, laissons libre cours à nos envies, notre créativité (dans l'instant ou non) plutôt qu'à vouloir, à toutes fins, se rapprocher d'un "Graal" qui nous échappera systématiquement, quoi que nous fassions.
Comme disais justement Goupil: "Nous n'y étions pas".
Ce n'est pas seulement une note bien placée par rapport à une autre, ou une mélodie respectée à la lettre qui font d'une interprétation un discourt musical qui aurai pu exister, mais plutôt cet ensemble de qualités qui font un musicien.
En ce sens, je pense que (mais c'est bien sûr très subjectif) l'artiste du premier lien suivant (Théo Bleckmann) est bien plus proche de Guillaume de Machaut que ceux du deuxième, malgré un instrumentarium très contemporain. Car je pense que c'est l'intention (n'est ce pas Goupil ?) qui fait toute la différence, et c'est ce qu'on retrouve dans l'ensemble Ony Wytars. Voilà pourquoi je pense qu'ils sont dans le juste.
http://www.youtube.com/watch?v=31jAFxH2hzE
http://www.youtube.com/watch?v=DQoo3tuTC54
Peux tu m'expliquer ce qu'est "un esprit médiéval" ?aldac a écrit : Nous sommes-là, à n’en pas douter, assez loin d’un «esprit médiéval» et de ce qui, dans ce domaine, devait se concevoir et se pratiquer au M.Â.
En tous cas, c'est un débat fort intéressant, et pour ça je te remercie!