Pour apporter quelques éléments à la discussion d’origine, il faut tout d’abord préciser que, même aujourd’hui, on ne connaît pas PARFAITEMENT les plantes et surtout pas TOUTES les plantes (je reprends la 1ère question de joeykitten), même en se limitant aux seules plantes « de chez nous ».
Reste que de nombreuses plantes étaient connues et leurs propriétés également (au moins en partie) au MA.
Pour illustrer, on peut par exemple citer le « capitulaire de villis vel curtis imperialibus ». Il s’agit d’une ordonnance de Charlemagne (même si c’est probable qu’elle a été élaborée par d’autres et juste « signée » par Charlemagne) qui date de 812.
Les capitules (= articles) 43, 62 et surtout 70 listent 94 plantes (73 herbes, 16 arbres, 5 plantes textiles et tinctoriales), que les domaines royaux se doivent de cultiver. Il s’agit de plantes qui étaient déjà bien connues et d’usage plutôt courant (avec des variations selon les régions bien sûr). Presque toutes ont des propriétés médicinales (parfois dans différentes parties de la plante) qui étaient également déjà connues et dont beaucoup sont encore utilisées de nos jours en phytothérapie.
Pour la liste des 73 « herbes » :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_ ... _De_Villis
NB : le seul exemplaire encore existant du « capitulaire de villis » est conservé à la Bibliothèque de Wolfenbüttel, en Allemagne
Donc, oui, au MA, la connaissance des plantes médicinales existait et pas qu’un peu et on peut même considérer qu’au moins certaines (celles poussant aisément dans chaque région) étaient d’usage très courant et d’accès aisé, y compris pour le « vulgum pecum ».
La médecine n’est pas une découverte récente même si la médecine du moyen-âge est fort éloignée de celle du XXIème.
A noter : au MA, la médecine arabe est très réputée. Citons à ce sujet Avicenne (de son vrai nom Abū ‘Alī al-Husayn ibn ‘Abd Allāh ibn Sīnā ) LE médecin dont les travaux ont servi de base à la médecine occidentale jusqu’à la Renaissance. Le support le plus connu est le Qanûn ou Canon d’Avicenne (Xème siècle), encyclopédie médicale dont la tradition dit qu’elle regroupait toutes les connaissances médicales de l’époque complétées par les travaux d’Avicenne. Probable, en tous cas, que ce Qanûn regroupait beaucoup de connaissances, à défaut de toutes.
Le Qanûn a été traduit en latin dès le XIIème siècle et était utilisée pour l’enseignement de la médecine, notamment dans les « facultés de médecine » françaises les plus prestigieuses (au MA) comme Montpellier.
Pour ceux qui penseraient « qu’il n’y avait pas de médecine au MA et qu’on ne savait rien », voici dans les grandes lignes, ce que contient le Qanûn, qui est divisé en cinq « livres » :
- Livre I : traite de généralités sur l'anatomie humaine, la santé, la maladie, les effets du mode de vie (dont ceux du régime alimentaire)
- Livre II : regroupe environ 800 « monographies » sur des éléments minéraux, végétaux et animaux utilisés dans les médicaments ainsi que de différentes méthodes d’analyses
- Livre III : liste les pathologies, rassemblées par « lieu » du corps, y compris certains problèmes psychiatriques
- Livre IV : traite des symptômes, des diagnostics et pronostics mais aussi des fièvres, des tumeurs, blessures, fractures, morsures, poisons et de la chirurgie.
- Livre V : rassemble les connaissances sur les médicaments complexes : pommades, onguents, suppositoires, cataplasmes, sirops, …, dont 600 formules de préparation.
On est quand même loin du néant même si, effectivement, cette médecine-là était surtout réservée aux riches.