[urbanisme] Taille d'une grande ville.

Vie, coutumes, institutions, pouvoir et organisation de la société au Moyen-Age

Modérateur : L'équipe des gentils modos

Répondre
virgile malloup
Messages : 135
Enregistré le : mer. juil. 27, 2005 11:00 pm
Localisation : près de Nantes(44)

ven. sept. 02, 2005 7:10 pm

J'ai chercher un epu mais sans vraie succès.
J'aimerai savoir à peut près la surface que couvrait une ville comme Paris, Bagdad, Jerusalem, le Caire ou Constentinople. Au début du XVème siècle.
Quelles étaits leurs nombres d'habitants, la surface entourées d'enceinte, etc...
Je toruve souvent des dates de fortification, des nombre d'habitant à àun certains siècle mais rien de plus...
Donc si vous avez plus d'info c'ets ici! merki. :)
Pourquoi devoir gagner sa vie alors qu'on nous la donne à la naissance?


La lumière peut se corrompre aux ténèbres,mais les ténèbres ne peuvent se corrompre à la lumière,car les ténèbres voient la lumière alors qu'elle est aveugle.


Proverbes
Avatar du membre
pierre al
Messages : 8471
Enregistré le : mer. mai 25, 2005 11:00 pm
Localisation : Versailles

sam. sept. 03, 2005 12:59 am

Bon je me lance pour un topo sur la ville médiévale, j'espere que ca aidera..... pour les chiffres précis, je le ferais demain ou après demain

Aux proximités de l’An Mil, la Pax Romana est faiblissante et, dès 220, la Gaule tombe aux mains des barbares venus d’outre-Rhin. Les villes, craignant les pillages et la destruction, se referment sur elles-mêmes et élèvent des murailles en vue de se défendre des pillards. Sous l’égide des élites locales, les villes antiques se resserrent pour mieux garantir leur sécurité. C’est ainsi que, se concentrant près des bâtiments épiscopaux, les villes en viennent à se réduire jusqu’à 15 hectares. Verdun, par exemple, atteint 11 hectares, Reims 35 hectares, mais Toulouse refuse de céder à la peur et conserve ses 90 hectares de ville. Avec cette rétractation des villes, la campagne se retrouve isolée.
Lorsque Constantinople devient seul garant de l’administration romaine vers 481, les villes se tournent davantage vers l’Eglise d’Occident pour reprendre en main l’administration abandonnée à la hâte par les magistrats romains. Ainsi, c’est l’Eglise de Rome qui va concentrer les directions des institutions publiques (impôts, tribunaux, douanes…), tout en faisant subsister certains acquis romains.
Cette ère d’indécision et de transition permet également l’essor de certaines villes dont les anciennes fonctions ne laissaient pas présager un tel développement. C’est le cas de Dijon, ancien castrum, qui prend toute son importance au Vème siècle, ou de Bonn, ville minable, qui grossit de façon imprévue à la même époque. Mais ces villes nouvelles ou en plein essor ne sont pas les proies des conquêtes, puisque trop récentes, mais les envahisseurs visent davantage les vieilles villes antiques, plus riches. Dès lors, de nombreux citadins fuient les villes pour s’installer dans la campagne moins dangereuse. L’un des enjeux des villes au Xème siècle sera la reconquête des campagnes.
Les périls et les déplacements de populations dus aux invasions du IVème et Vème siècles se répercutent jusqu’au Xème siècle, où d’autres dangers s’abattent sur l’occident, sous la forme des Vikings, des Hongrois et des Sarrasins. Face à ces ravages, des villes comme Gênes ou Bologne perdent jusqu’à 2/3 de leur superficie et de leur population. L’Espagne est peu touchée car les invasions arabes protègent les domaines urbains et participent même à leur essor, mais le sud de la Gaule est durement touché : les invasions des Sarrasins rasent par deux fois Marseille (838 et 848), Arles à quatre reprises (842, 850, 859 et 883), Nîmes, Nice, Narbonne, Toulon, Fréjus… Ces raids incessants parviennent même à faire fuir certains évêques des villes les plus exposées durant la seconde moitié du IXème siècle, alors qu’ils sont, pour la plupart, les principaux acteurs de la résistance aux attaques barbares. Les cités délaissées en viennent jusqu’à se rétracter sur 1/10ème du territoire urbain, et les villes le long du Rhin comme Strasbourg, Mayence ou Cologne, harcelées par les Vikings, se replient sur leurs quartiers épiscopaux. Le phénomène est encore plus important en Angleterre, qui, au Xème siècle, ne dispose plus que de 17 villes épiscopales. Autour des villes dissoutes sous les assauts, de nombreux bourgs se forment, comme Arras ou Cambrai.

Malgré les destructions, l’occident reste fermement accroché à ses bases romaines, et certaines villes bénéficient progressivement de la structuration des royaumes barbares. Ainsi, en Italie lombarde, Milan devient une capitale florissante ; Théodoric le Goth fait réaménager Ravenne à l’exemple de Rome ; les Wisigoths posent leur protection sur Bordeaux, Toulouse et Barcelone ; Genève et Dijon servent de bases pour les institutions des Burgondes (de l’île de Bornholm). Ailleurs, des idées de renouvellement urbain apparaissent au début du Xème siècle : Bologne, qui s’était recroquevillée sur 25 hectares, atteint 100 hectares au XIème siècle. Les villes qui disposaient d’une certaine prééminence dans l’Empire Romain déchu sont les premières à renaître. Elles s’équipent en ateliers monétaires, comme à Nîmes, Marseille ou Arles, et en lieux de culte (26 pour Paris, 40 pour Metz, 22 pour Reims…). Les évêques, rassurés par le retour d’un pouvoir fort sous la forme de la dynastie capétienne, reviennent dans les villes délaissées, restaurant le centre épiscopal urbain. Les premières élites s’installent : les familiers de l’évêque (familiares), les soldats engagés par l’Eglise (milites) et les fournisseurs et administrateurs de l’épiscopat (boni homines).

La Paix de Dieu et l’an mil annoncent une ère de prospérité urbaine, et les villes occidentales sont plus nombreuses qu’au siècle précédent. Les barbares sont écrasés progressivement : Otton massacre les Hongrois à la Bataille de Lechfeld en 955 et les boute hors d’Italie. Les Vikings s’installent progressivement en Normandie et suspendent leurs raids meurtriers. Les grandes épidémies se résorbent et un réchauffement climatique aide à la survie des récoltes pendant trop longtemps gâtées. C’est une période de reprise des défrichements et de réhabilitation des voies commerciales. Le long des voies fluviales et maritimes s’érigent des wiks, des villes portuaires où se développent les entrepôts, les comptoirs de négoce et une population urbaine fixe. De ces villes, on conserve Quentovic en France, Walcheren aux Pays-Bas, Ipswich, Hamwich (Southampton) et Yorwik (York) en Angleterre, ou Haithabu au Danemark. Mais le développement urbain doit aussi beaucoup aux déplacements des rois, qui vont disséminer en occident les palais et les marchés.
L’influence des sites palatiaux se développe entre la Seine, la Meuse et le Rhin sous l’impulsion de la dynastie carolingienne. Ainsi, les palais des carolingiens marquent l’essor des villes d’Aix-la-Chapelle, de Maastricht, de Tournai et de la Rhénanie. De même, Francfort-sur-le-Main, connue à peine en 794 sous le nom de Francomo Furd (le Gué français), prend toute sa dimension dès la construction d’un palais d’hiver sous l’influence de Louis le Pieux et d’une église Saint Sauveur.
Les sites de marchés participent au renouveau économique des villes d’occident : ainsi, les régions aux campagnes productives, comme la Lotharingie ou la Picardie, ou les villes aux produits locaux spécifiques, comme Marseille et son sel de Fos, voient les marchés favoriser leur réussite, malgré les préjudices portés auparavant, notamment à Marseille. En Angleterre, la naissance des villes du sud-est est entièrement liée à l’articulation des ressources de la campagne par des marchés. En Italie, la concordance de l’afflux des marchandises maritimes et des excédents de l’intérieur des terres mène au développement des villes comme Pise et Gènes. En France, la façade atlantique est tout de même boudée, puisqu’il ne s’agit pas d’une zone bien desservie et bien approvisionnée, le Détroit de Gibraltar étant toujours verrouillé par les forces de Cordoue.
Autour de l’an Mil, l’occident compte entre 35 et 45 millions d’habitants, retrouvant son niveau de population des années 700 ou 200. On estime à 80 ou 90 le nombre de villes importantes de plus de 10000 habitants, principalement localisées en Italie lombarde, en Sicile, dans le Midi de la France et dans le triangle urbain s’étendant de l’Ile de France au sud de l’Angleterre et aux Flandres rhénanes. En Italie, Gènes, Milan, Pavie et Vérone comptent plus de 20000 habitants, Palerme et Amalfi restant un peu en retrait. En France, le Languedoc et la Catalogne comprennent les grandes villes de Barcelone, Toulouse, Narbonne et Arles. Plus au nord, des villes commerçantes s’affirment : Cambrai, Verdun, Maastricht, Tournai, Cologne… Princes, rois et évêques investissent ces villes commerçantes, qui prennent de plus en plus le contrôle des campagnes environnantes et des points de passage, notamment à Pavie, qui, selon les Honoratie Civitatis Papiae de 1020, s’enrichissent des péages alpins.
La ville reste tout de même marquée par la persistance de murailles, conservées de peur d’une recrudescence des invasions barbares, et par la présence d’un évêque, porte-parole d’un saint patron protecteur.
Dans leur extension, les villes se raccordent aux routes et aux ports, sous l’influence d’une croissance démographique en retour. Les services urbains se multiplient et s’appliquent en partie aux campagnes, qui sont davantage contrôlées. Les élites, jadis itinérantes, se sédentarisent, non sans projeter le modèle urbain aux périphéries de leurs terres.

La croissance démographique reprend au XIème siècle. En Angleterre, le Donnesday Book exigé par Guillaume le Conquérant en 1066 fait état d’une population d’environ 1,1 million d’habitants. Au XIIIème siècle, les inventaires et recensements donnent une population trois fois plus nombreuse en Angleterre. Le phénomène est le même en Italie, en France ou dans les pays germaniques, où la population est multipliée par deux ou trois. C’est une population de plus en plus mobile, grâce à l’essor des voies de communication et des mouvements de masse.
La vie urbaine est favorisée par le développement des inventions relatives à l’artisanat. Les moulins exercent désormais différentes fonctions et sont plus nombreux. Le Donnesday Book fait état de 5600 moulins à eau en Angleterre au XIème siècle, qui sont utilisés, dès le XIIème siècle, non plus à simplement moudre le grain, mais aussi à taper le drap ou le fer. Des régions deviennent des concentrations urbaines du drap, notamment dans la vallée du Pô ou vers Bruges. De même, les ateliers monétaires fleurissent, grâce à l’augmentation notable des stocks d’argent émanant des mines de Saxe et de Harz.
Du XIème au XIIème siècle, le réseau des villes déjà existantes prend un essor important, surtout en terme d’étendue. Puis, au XIIIème siècle, les villes nouvelles s’érigent dans les régions d’occident au réseau urbain le plus modeste.
Le premier facteur de ce développement est assurément consécutif à l’essor de l’économie rurale, qui approvisionne la ville et la transforme en pôle de valorisation du prélèvement seigneurial. La ville devient un lieu de dépense aristocratique : dans l’ouest de la France, le cens n’est plus apporté les jours de fêtes religieuses, mais lors des foires seigneuriales, qui se régularisent.
Le second facteur d’essor urbain est lié à une forme poussée de volontarisme politique. En effet, les seigneurs poussent au développement des villes en offrant chartes, donations et exemptions aux villes, et les seigneurs ecclésiastiques peuvent leur accorder la sauvegarde, c’est-à-dire la protection de l’Eglise. Le droit urbain pousse également, indépendamment du droit canon ou princier, à la naissance d’une identité politique associative. Il s’agit des villes franches de Flandres et du nord de la France, mais aussi des conseils d’Allemagne et des consulats d’Italie.
Le troisième facteur tient à l’accélération du mouvement des hommes et des produits. Le commerce pousse au développement des villes côtières et maritimes, comme Pise, Gènes ou Venise. Ces villes d’Italie établissent d’importants empires maritimes, celles d’Italie établissent de grandes voies maritimes, notamment à partir de Lübeck, fondée en deux fois (en 1143 et 1157). De même, les voies terrestres profitent aux villes dotées de grandes foires, notamment celles de Champagne, comme Lagny ou Troyes, et aux villes spécialisées dans une production précise. C’est le cas des villes du drap des Flandres, de Normandie ou du sud de l’Angleterre, mais aussi des villes du fer de Lombardie (Milan, Bergame et Brescia), des villes du vin (Bordeaux), des villes du sel (Bourgneuf, La Rochelle), ou des villes de la soie (Lucques)… La ville prend dès lors une identité et un but véhiculé par les citadins.

Les villes s’auréolent d’une forte terminologie identitaire. On évoque par encore la ville, car villa exprime encore un grand domaine. Les villes de fondations antiques et placées sous la protection d’un évêque sont appelées civitas, puis cités. Quand aux autres, elles prennent le titre de burgus, dont on tirera le bourg français, le borough anglais ou le burg allemand. Ainsi, l’Annolied, texte de 1076, désigne par le terme burgus la ville déjà étendue de Cologne et met en avant l’obtention de ce titre par la présence de fortifications. On distingue bientôt les bourgs monastiques, comme Cluny, Moissac ou Romans, des bourgs castraux, édifiés dans des contrées frontalières, comme par exemple en Anjou, vers Bourges ou vers Vierzon.
Si les villes prennent le titre de burgus, les populations urbaines prennent le nom de burgenses, comme on peut le voir dans divers ouvrages d’Alby : la Charte d’Alby fait référence aux burgenses et aux cives, distinguant ceux-ci des gens de château (castelli) et des villages (vici). Dans les bourgs, les paroisses se multiplient au même rythme que la population : Toulouse passe de 3 à 7 paroisses entre le XIème et le XIIIème siècle, Gand de 1 à 4, Strasbourg de 1 à 6. Le phénomène est similaire en Angleterre et en Italie.
Les tailles des bourgs sont de plus en plus faciles à évaluer en fonction des rangs de murailles. Ainsi, Plaisance passe de 65 hectares à 75 hectares du XIème au XIIIème siècle, Pise fait de même en 1151, atteignant 114 hectares. Les murailles édifiées par les magistri murorum deviennent un monument incontournable pour l’identité d’une ville, sauf en Angleterre, où l’on conserve des villes ouvertes pour découvrir plus vite les rebellions contre le nouveau pouvoir de Guillaume le Conquérant dès 1066. De même, Frédéric Ier Barberousse fait plus d’une fois raser les murs d’une cité contestataire comme Milan. On voit apparaître les premiers édifices monumentaux, comme des portes ornementées et des ponts massifs, dédiés aux saints patrons. Londres, Florence ou Lyon s’équipent de ponts de pierre parfois démesurés dès le XIème siècle en l’honneur des grands personnages de la cité ou des saints protecteurs.

Les tailles des bourgs sont de plus en plus faciles à évaluer en fonction des rangs de murailles. Ainsi, Plaisance passe de 65 hectares à 75 hectares du XIème au XIIIème siècle, Pise fait de même en 1151, atteignant 114 hectares. Les murailles édifiées par les magistri murorum deviennent un monument incontournable pour l’identité d’une ville, sauf en Angleterre, où l’on conserve des villes ouvertes pour découvrir plus vite les rebellions contre le nouveau pouvoir de Guillaume le Conquérant dès 1066. De même, Frédéric Ier Barberousse fait plus d’une fois raser les murs d’une cité contestataire comme Milan. On voit apparaître les premiers édifices monumentaux, comme des portes ornementées et des ponts massifs, dédiés aux saints patrons. Londres, Florence ou Lyon s’équipent de ponts de pierre parfois démesurés dès le XIème siècle en l’honneur des grands personnages de la cité ou des saints protecteurs.

Au passage du XIIème au XIVème siècle, on estime à 15 millions le nombre des occidentaux vivant en ville, soit 1/5 de la population. Néanmoins, les administrations urbaines se révèlent incapables, hormis en Italie, d’établir un décompte précis de leur population et densité. On peut déterminer à entre 300 et 500 les habitants par hectare de Florence, Toulouse ou Périgueux, mais la densité s’avère plus faible dans le nord. Les agglomérations se multiplient, jusqu’à se fixer à 1500 dans le Saint Empire Romain Germanique et à 2000 en Italie. J.LeGoff émettait une hypothèse pour le décompte des villes, grâce aux implantations des ordres mendiants, franciscains et dominicains. Ainsi, en 1335, on peut évaluer à 226 le nombre de villes, c’est-à-dire dotées d’un ou plusieurs monastères d’ordre mendiant, dont 28 dotées de 4 couvents. A 80%, il s’agit de petites villes, mais les métropoles médiévales comptent plusieurs monastères et des universités. C’est le cas de Milan, Florence, Gènes, Venise, Paris, Londres et Gand. Dans ce cas, on ne compte que deux capitales politiques, les autres devant leur réussite à leur économie florissante. Les villes sont de plus en plus étendues, non hors de leur enceinte, qui définit leur identité, mais parce qu’elles contrôlent de plus en plus de terres alentours. La ville devient un centre identitaire administratif, juridique et culturel.

Après l’enceinte, la place centrale, très souvent lieu de rencontre entre le marché, la première paroisse et l’hôtel du conseil, est l’icône principale de la ville. C’est le cœur économique, politique et religieux de la ville, cœur qui n’éclatera en plusieurs petits centres qu’après le XIVème siècle. Au Moyen-âge, la place centrale est très souvent carrée, disposant de 40 à 60 mètres de côtés, accolé à l’église, comme c’est le cas à Lübeck ou à Cracovie. Il est nécessaire néanmoins de la distinguer de l’ancien forum, généralement délaissé, ou relégué à un rôle secondaire. En effet, au cours du XIIIème siècle, les places fleurissent en ville, généralement par souci d’hygiène et de facilité de transport. Chaque place devient alors le lieu d’un marché particulier. Par contre, la place centrale s’assainit et devient un centre politique et civique. C’est là qu’on joue les mystères, qu’on prête les serments ou qu’on s’embrigade pour les processions.
Autour de la place centrale se multiplient les quartiers, qui, de plus en plus, s’organisent en micro-sociétés, se dotant d’une petite administration locale. Et, entre ces quartiers apparaissent parfois quelques zones de verdure et de terres cultivées. En effet, la ville conserve son lien avec la campagne en gardant quelques terres de subsistance.
La campagne est essentielle pour la ville, qui en est dépendante : la ville a besoin du grain, de l’huile, du vin, de la viande et de la population des campagnes. La population des villes, souvent trop peu féconde, doit très souvent introduire des villageois proches dans le tissu urbain pour éviter une baisse de la population de la ville. Néanmoins, la campagne doit rester active, ce qui la pousse parfois à s’endetter auprès des villes. En Picardie, pour répondre à la demande, les campagnes se spécialisent dans les cultures maraîchères, de même que les régions de la plaine du Pô. Les villes attirent néanmoins la population des campagnes. Ainsi, Metz contient 70% d’habitants originaires d’environs étendus sur 40 kilomètres, Arras de 30 kilomètres. La Rochelle, suite à sa prise par Louis VIII, fournit une liste nominative de ses habitants, dont 60% seulement provient de villages situés dans un rayon inférieur à 100 kilomètres. Peu à peu, pourtant, les campagnes deviennent très dépendantes de la ville.
En ville, les habitants se rassemblent dans les maisons, dont la propriété est difficile à obtenir. En effet, bien souvent, les habitants sont propriétaires des murs et non du sol, qui est détenu par l’aristocratie locale, le roi ou l’Eglise. Les ecclésiastiques sont les principaux propriétaires des sols jusqu’au XVIème, lorsque leur pouvoir décline au profit des bourgeois.
On distingue alors très facilement les quartiers au Moyen-âge. Face aux quartiers pauvres, composés de locataires en majorité, les quartiers riches s’ornent de tours hautes. C’est le lieu de prédilection de la bourgeoisie marchande et de la noblesse locale. C’est la consortori italienne, qui se manifeste avec la création de plus de 200 tours à Florence au cours du XIIIème siècle, dans le quartier riche, qui s’isole du reste de la ville et qui se divise en maisons de clans et de familles. Dans les villes, la migration de quartier en quartier devient la représentation de la promotion sociale.
La gestion des quartiers est soumise aux élites locales, qui doivent gérer le cadastre local, ou estimo. Les élites génoises doivent faire face à 5000 maisons aux étages se multipliant pour abriter une densité de bâtiments de 60 maisons par hectare et une population de 900 habitants par hectare. Très souvent les corps de métier se regroupent dans des quartiers proches.
Suite au Concile de Latran IV, en 1215, on isole les populations juives dans des enclaves fermées, dont le ghetto vénitien, dont la mention n’apparaît néanmoins qu’en 1516.
Par contre, les fêtes urbaines participent à l’unité urbaine contre ces divisions habituelles : processions, bals des fous, entrées royales, fêtes foraines, concours de tir ou courses de chevaux, permettent de gommer l’identité de certains quartiers. L’aspect de la ville doit correspondre à la nature et aux ambitions du pouvoir qui s’y exerce.

Les historiens du XIXème siècles pensaient que l’éveil de la démocratie serait né au cours du Moyen-âge, avant la montée despotique des rois d’Ancien Régime sur le trône de France. Néanmoins, on pense actuellement que, malgré les idéaux de droit urbain, de paix et de liberté, il n’était pas tant question de démocratie et de parole du peuple. Max Weber, sociologue allemand, a étudié les villes dans son ouvrage publié à titre posthume en 1821, La ville, en étudiant la question d’une identité propre de la « ville occidentale », face à la ville d’orient et à la ville antique. Selon Weber, on identifie la ville occidentale médiévale comme le lieu de réunion du marché (commercium), des fortifications (connubium) et du gouvernement autonome (conjuratio), d’où la ville moderne tire ses bases. Selon Paolo Prodi, dans son in sacramento del potere, publié en 1992, la ville tient aussi sa force du serment qui unit les citadins.
A partir du XIIème siècle, la ville met en pratique l’adage latin du civitas sibi princeps, la cité est son propre prince. Elle se rationalise à travers le maintien d’un emploi du temps strict, de six jours de travail et d’un chômé, transformant la culture chrétienne en une culture de ville.
La ville s’empare de son autonomie non par la lutte, mais par la négociation avec le seigneur local, parfois en faisant appel au roi pour servir d’arbitre dans les négociations. Cela se fait très souvent en France sous Philippe Auguste, ou en Espagne sous Alphonse VI, qui abandonne des chartes de franchise et des fueros aux villes reconquises. Les textes faisant appel à des universitas ou des communitas, de plus en plus nombreux au début du XIIème siècle, invitent à des futures autonomies les villes concernées. Si les chartes de franchise ne font aucune distinction entre villes et villages, les chartes de commune concernent uniquement les villes, et en particulier celles de Flandres, de France du nord et d’Italie du nord. Les marchands et les groupes corporatistes sont essentiels pour l’obtention de chartes, jusque dans l’Europe la plus éloignée : ainsi, Novgorod obtient du tsar de Russie une charte de franchise sous la pression des « cent hommes d’Ivan », marchands du port. Le lien entre la commune et les marchands se retrouve dans l’appellation des consuls, car consules est parfois utilisé pour les intendants des ports. A Arezzo en 1098 et à Pistoia en 1117 sont mis en place des régimes citadins consulaires sous l’impulsion des marchands. Il en est de même en Flandres, où les ghildes permettent aux communes d’obtenir des franchises sur la juridiction, comme la prise en charge par les tribunaux communaux des ordalies et du droit de Dieu, comme l’annonce les Statuts de la guilde de Saint Omen. La guilde est à l’origine de la montée de l’échevinage (scabinus) et du droit de marché dans les villes médiévales.
A la fin du XIIème siècle, les communes d’Italie sont si puissantes que l’Empereur Frédéric II Barberousse est défait par la Ligue lombarde menée par Milan. Devant la puissance du regnum Italiae, il doit signer la Paix de Constance en 1183 face à l’alliance fédérale des communes. La puissance communale italienne est un exemple pour le voyageur juif Benjamin de Tuleda, qui écrit, à la fin du XIIème siècle, que « ces villes n’ont ni roi, ni prince pour les diriger, mais des juges désignés ». De même, l’oncle de Frédéric II, Otton de Freising, notait avant la défaite de son neveu, que « les Italiens aiment si fort la liberté qu’ils refusent tout excès de pouvoir et préfèrent pour les diriger des consuls à des chefs ». En France, où l’inspiration communale vient d’Italie, la transition vers la commune est parfois plus sanglante, comme en témoigne le récit de Guibert de Nogent concernant le massacre de l’archevêque de la commune de Laon.
L'occultisme, c'est la métaphysique des idiots.





Vous qui cherchez une discussion consensuelle, ne me répondez pas !
Avatar du membre
Che Khan
Messages : 3243
Enregistré le : dim. juin 26, 2005 11:00 pm
Localisation : Brabant Wallon (Belgique)
Contact :

sam. sept. 03, 2005 7:41 am

YO

C'est ainsi que Bruges put devenir, durant le Moyen Age, le principal centre commercial de l'Europe du Nord-ouest. A cette époque, la Flandre était d'ailleurs l'une des zones les plus urbanisées d'Europe. Les draps et les tissus en laine de qualité supérieure étaient exportés dans toute l'Europe à partir de Bruges. Du XIIIe au XVe siècles, Bruges comptait entre 40.000 et 45.000 habitants, c'est-à-dire deux fois plus que la population actuelle de la vieille ville. Au XIVe siècle, Bruges était devenue une riche ville portuaire. Des marchands de l'Europe septentrionale et méridionale s'y rencontraient. Ils collaboraient avec des agents et des hôteliers brugeois pour leur commerce. Cette ville était le centre de production des draps flamands mais aussi de nombreux produits artisanaux. A cette époque, on trouvait déjà à Bruges de véritables banquiers d'origine brugeoise et italienne. Les marchands pouvaient y ouvrir un compte courant, transférer de gros montants, échanger des devises et même payer en billets.
Che Khan, archer 'tatar'
Ma période : Mongol de la "Horde d'Or" / 1350 - 1360.
Mon site : L'Ordoo du Corbeau Rouge
Mon autre site : Ravélo - Randos
Enregistré sur ce forum le 27 Juin 2005.
virgile malloup
Messages : 135
Enregistré le : mer. juil. 27, 2005 11:00 pm
Localisation : près de Nantes(44)

sam. sept. 03, 2005 9:32 am

Fichrtement intéressant!!![img]smile/thumb.gif[/img]
J'ai déjà pas mal d'info là! Je sais pas ou t'a choper tout ça Pierre al, mais c'est bien utile merci!(bien que t'a mal copié un texte, qui ets en double ;) ).
Pourquoi devoir gagner sa vie alors qu'on nous la donne à la naissance?


La lumière peut se corrompre aux ténèbres,mais les ténèbres ne peuvent se corrompre à la lumière,car les ténèbres voient la lumière alors qu'elle est aveugle.


Proverbes
Avatar du membre
pierre al
Messages : 8471
Enregistré le : mer. mai 25, 2005 11:00 pm
Localisation : Versailles

sam. sept. 03, 2005 10:33 am

Ce sont mes cours de medievale.... une petite partie, la seule qui a ete tapée en fait.
L'occultisme, c'est la métaphysique des idiots.





Vous qui cherchez une discussion consensuelle, ne me répondez pas !
virgile malloup
Messages : 135
Enregistré le : mer. juil. 27, 2005 11:00 pm
Localisation : près de Nantes(44)

sam. sept. 03, 2005 12:21 pm

ben c'est déjà pas mal! :crazy:
Pourquoi devoir gagner sa vie alors qu'on nous la donne à la naissance?


La lumière peut se corrompre aux ténèbres,mais les ténèbres ne peuvent se corrompre à la lumière,car les ténèbres voient la lumière alors qu'elle est aveugle.


Proverbes
taurus
Messages : 274
Enregistré le : mar. juin 21, 2005 11:00 pm
Localisation : Thouars

sam. sept. 03, 2005 3:03 pm

La fac de Bordeaux III Montaigne travaillait (il y a au moins 10 ans...) sur un atlas historique des villes. Je ne sais pas où il en est, mais je sais que des étudiants en médiévales travaillaient sur les reconstitutions des plans des villes au MA. Si ça peut aider...
Avatar du membre
garin trousseboeuf
Messages : 1375
Enregistré le : dim. août 22, 2004 11:00 pm
Localisation : Saint Renan

sam. sept. 03, 2005 3:43 pm

Y'a eu un magazine hors série là dessus récemment, genre science et vie...
La oule, c'est cool... la fonte, c'est la honte... le verre c'est la misère.
Répondre

Retourner vers «  La Société au Moyen-Age »