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Posté : sam. avr. 16, 2005 2:45 am
par benjamin
Bonjour à tous !
Je me posais une petite question : l'adoubement, cette sorte de rituel pour faire chevalier, a été pratiqué entre quelle et quelle date ? Et surtout, en quoi consistait-il exactement ? Car, dans un livre de Barjavel (l'enchanteur, une merveille que je vous conseille), il y décrit avec précision un adoubement. Seulement était-ce réellement comme ça ? c'est à dire : on met les éperons, on lui ceint la ceinture, et on lui donne la collée, sorte de gros coup du lapin par devant ?
Ca c'était pour la première question. Ensuite, plus généralement sur le chevalier, j'aurais aimé éclaircir un doute... les vrais chevaliers, utilisaient-ils des arcs, ou bien était-ce réservés aux gens de basse condition, de pouvoir tuer de loin ? Car en effet, ce n'est pas très noble, malgré le pouvoir de cette arme. Donc doute, arme efficace, mais inutilisée par les chevaliers ? Ou alors uniquement en dehors des grandes batailles, où ils n'avaient qu'un rôle, à priori, d'unité montée pour enfoncer les lignes adverses ?
Je vous remercie par avance pour vos réponses, car en parcourant ce forum, je ne doute pas une minute de leur qualité ! Bravo à tous pour l'ambiance en tout cas !
Benjamin
Posté : sam. avr. 16, 2005 1:46 pm
par benjamin
Merci pour tous ces liens ! Je n'ai vu que le premier, et il m'a bien intéressé. Je feuilletterais ça plus en détail.
Bonne continuation à toi !
Benjamin
Posté : sam. avr. 16, 2005 3:44 pm
par LeLong
Bienvenue Benjamin, je me pose les mêmes questions actuellement, ayant pour TPE une étude sur la féodalité, et nous voulons représenter un adoubement en saynette. Il faut savoir que les rituels variaient fortement selon l'endroit, le contexte (adoubement sur le champs ou "préparé") je vais me mettre à des recherches "sérieuses", si personne n'a complété d'ici-là je vais essayer de mettre ce que j'ai trouvé !
Posté : dim. avr. 17, 2005 3:08 am
par benjamin
merci pour la bienvenue !
La féodalité comme sujet de TPE ? Dans quelle section privilégiée es-tu donc ?
Moi j'étais obligé de choisir de la SI, encore de la SI, et toujours de la SI ! Alors faire rentrer du médiéval dans la SI... j'ai bien essayé de lancer une étude sur les propriétés mécaniques unique de la cotte de maille, mais mes profs m'ont jeté un regard chargé d'incompréhension... je suis donc parti susr l'irrigation automatisé d'un champ ! ouais ! Mais tu les passes bien tard, dis-moi ? Ou alors tu es en première ? Moi c'est déjà passé, je n'en entendrais plus parler de ma vie ! ouais![img]smile/thumb.gif[/img]
Ce que je voulais savoir, aussi, c'est à partir de quand c'est vraiment apparu, cette idée de chevalerie, c'est une sorte de noblesse d'arme, non ? Mais existe-t-elle depuis le tout début du moyen âge, ou est-elle apparu plus tardivement ?
J'attends avec impatience les résultats de tes "recherches sérieuses" ! En attendant, bon courage, et bon vacances, si tu y es, toi aussi...
Benjamin
Posté : dim. avr. 17, 2005 4:27 am
par LeLong
(Je suis en première ES, et pas en vacances

)
La chevalerie est issue il me semble du miles, ou milites des envrions de l'an mil. Au départ c'était simplement un guerrier monté, armé par son seigneurs dans certains cas si je ne m'abuse. Il y avait une différence entre les nobles et les miles : tous deux étaient dispensés du droit banal, mais le noble le détenait, et le miles combatait. Enfin c'est un "résumé" très succinct d'un passage de Duby "La société chevaleresque" (que je te conseille au passage). C'est à partir du XIIIe que la noblesse et la chevalerie se sont "liés".
Mais Jehan2 et ses acolytes XIIemistes pourront certainement t'en dire plus

Posté : dim. avr. 17, 2005 4:36 am
par LeLong
Donc d'après le premier site au XIIIe l'adoubement est dirigé par un écclésiastique ? Je croyais que pas forcément du moins avant.
Posté : dim. avr. 17, 2005 11:33 am
par benjamin
En effet, c'était loin d'être un claque douce et calline. Toujours d'après le livre de Barjavel, c'était limite évanouissement. Nécessairement, un coup sur la nuque d'un homme vigoureux, ça reste assez violent. Mais néanmoins, je ne vois pas trop la valeur que c'est sensé représenter... la soumission au maître, peut-être ? Car les chevaliers obéissaient, de toutes façon, à un supérieur plus ou moins loitain, ou bien il y avait-il des chevaliers complètement indépendants ?
Posté : dim. avr. 17, 2005 11:58 am
par oriabel
Benjamin, je peux te refiler le texte le plus ancien sur l'adoubement (Italie du sud, fin XII). Il n'est pas donné complet dans la revue mais on cite une biblio. Si cela intéresse quelqu'un je le mettrai sur le forum.
Posté : dim. avr. 17, 2005 12:03 pm
par jehan2
Oriabel Guintrand de Vesc a dit : Benjamin, je peux te refiler le texte le plus ancien sur l'adoubement (Italie du sud, fin XII). Il n'est pas donné complet dans la revue mais on cite une biblio. Si cela intéresse quelqu'un je le mettrai sur le forum.
Italie du sud... fin XIIème... heu moi je suis interessé !!!!
merci !!!
julien
Posté : dim. avr. 17, 2005 12:49 pm
par oriabel
Voilà :
1 - Kyrie eleison, Christe eleison, Sainte Marie, mère de Dieu.
2 - Seigneur écoute nos prières, et daigne bénir de ta droite majestueuse cette épée dont ton servituer, ici présent, a désiré être ceint, pour qu'il puisse être le protecteur et le défenseur des églises, des veuves, des orphelins et de tous le serviteurs de Dieu contre les sévices des païens, et qu'il inspire aux perfides la peur, la terreur et la crainte.
3 - Nous te demandons, Seigneur, de munir de ta protection bienveillante ton serviteur, afin qu'avec ton aide il conserve intacte cette épée qu'il a désiré recevoir à ton instigation.
4 - Quant à toi, alors que tu es sur le point de devenir chevalier, souviens-toi de la parole du Saint-Esprit : "Ceins ton glaive sur ta cuisse, ô très vaillant guerrier". Le glaive, en effet, c'est l'Esprit Saint, qui est la parole de Dieu. (...). Ainsi donc, garde la vérité, défends l'Eglise, les orphelins et les veuves, ceux qui prient et ceux qui travaillent ; tiens-toi toujours prêt contre ceux qui attaquent la Sainte-Eglise, afin de pouvoir paraître en présence du Christ, armé et ceint du glaive de la vérité et de la justice.
5 - Reçois l'épée, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Réponds Amen).
6 - Reçois la lance, au nom du Père....
7 - Reçois le bouclier, au nom du Père...
8 - Reçois les éperons au nom du Père...
Texte publié par R. Elze, Festschrift für J. Fleckenstein, 1984, cf. Jean FLORI, l'Essor de la chevalerie, Genève (Droz), 1986, p. 382.
Voilà, il n'est sans doute pas complet, pas de mention de colée dans ce document. Deux remarques :
- la présence de formules grecques (influence byzantine sans doute)
- la mention du Saint-Esprit...J'avais entendu à plusieurs reprises que la formule comprenait par St Georges (pour moi c'est le protecteur des Anglais)donc je m'étonnais de sa mention. Ici, pas de StGeorges.
Posté : dim. avr. 17, 2005 1:46 pm
par benjamin
Merci pour ce texte, Oriabel.
Que faut-il en conclure ? Que la collée n'était qu'une coutume spécifique à une certaine région, et donc n'avait pas une valeur symbolique générale ? Et par conséquent, qu'il y avait autant de cérémonies différentes que de lieux différents ? Ce qui semblerait logique, les moyens de communications étant ce qu'ils étaient à l'époque : [img]kator/smiley106.gif[/img]
Cette idée de chevalerie s'étendait donc, vu le caractère religieux, dans toute la chrétienté... qu'en était-il pour les musulmans, à la même époque ?
Posté : dim. avr. 17, 2005 3:23 pm
par LeLong
J'avais lu je ne sais plus où que la colée pouvait représenter le premier acte de bravoure qu'avait à faire le nouveau chevalier : recevoir un coup sans faiblir...
Posté : dim. avr. 17, 2005 5:27 pm
par De Heer van Liere
Ca me rapelle le reportage d'Arte sur Azincourt dans lequel la colée était définie comme 'le dernier coup à recevoir sans le rendre'...

Posté : dim. avr. 17, 2005 5:42 pm
par jehan2
Moi le texte me cloue plus par son ton résoluement religieux !! Nous sommes déjà loin de l'adoubement "acte guerrier" et Ici l'influance religieuse se lis a chaque ligne... étonnant et trés interessant à la fois.
Tu as les references exactes du texte ? (version original/datation/localisation/ect...)
julien