Forum des Guerriers du Moyen-Age

Bonjour,
dernièrement au cours d'une lecture je suis tombé sur un article décrivant sommairement le mouvement du libre-esprit.
Quelques phrases ont particulièrement attiré mon attention à savoir:

- " A partir du 13ème siècle, le mouvement du libre-esprit s'étend comme une lame de fond libertaire. "

- " Comme les Cathare, les frères du libre-esprit prêchent la pauvreté volontaire, le mépris des bien terrestre et le refus d'obéissance à l'église romaine mais contrairement à eux ils refusent l'abnégation et le renoncement au plaisir de la chair en prônant plutôt une émancipation totale des corps. "

- " En 1310, l'évêque de Strasbourg décrit leur doctrine afin de la dénoncer au pape : "l'état de perfection dispense de la prière et du jeune ; toute chose est commune à tous et il leur est permis de voler ; personne ne sera damné, ni les Juifs, ni les Sarrasins. Ils disent qu'ici bas, l'homme peut être aussi pleinement heureux qu'il le sera dans le ciel."..."

- " Ce qui offense également l'église, c'est que les initiés revendiquent la liberté en amour et la mettent en pratique : "la fornication n'est pas un péché", pas plus que l'infidélité, le divorce, l'homosexualité ou la nudité. "


Comment ??? Des hippies au moyen age???
l'article conseillait la lecture d'un livre de Raoul Vaneigem paru en 1986. Je commande donc ce livre mais les 80 premières pages ressemblent plus à du prosélytisme sectaire qu'à un traité d'histoire. La suite s'appuie un peu plus sur des faits historiques mais reste un peu trop dans le vague sur certains points.
Pour le moment je peux dire qu'apparemment le mouvement dit du "Libre-esprit" aurait eu plusieurs noms voir plusieurs orientation et son appellation serait postérieure. J'ai entendu parlé de Bégards et Béguines, Picard ou Adamite de Bohême, de Lollards, de Fraticelles, d'Alumbrados ou de Loïstes. Il y a vraiment de quoi s'y perdre.
J'ai également lu que Joachim de Flores(moine XIIe) serait, involontairement, à la base de ce mouvement avec sa philosophie du millénarisme qui vise moins à se débarrasser de la tutelle théologique qu'à s'y frayer un chemin jusqu'à "la réalisation terrestre du royaume de dieu".
Le mouvement des "turlupins" m'intéresser particulièrement mais apparemment n'est pas relaté dans le livre de Raoul Vaneigem.

Je poursuis néanmoins cette lecture, et vous donnerai de plus ample détails dés que j'en aurai, mais je propose à ceux qui connaissent déjà le sujet de bien vouloir nous éclairer.

Je ne les connaissais pas ceux là... Des raëliens avant l'heure avec Claude Vorilhon et ses "petits anges" ;-))))

faut pas être "raélliens"...

Début MA, l'église irlandaise (laquelle a essaimé et fondé pas mal de monastères... doubles et sur le continent, dont pas les moindres: Bobbio), il n'y avait pas d'opposition à ce que moniales, moines, prêtres soient mariés et aient des enfants...

Cela a discuté ferme avec la mouvance de l'église romaine qui prônait "célibat, abstinence sexuelle" déjà pour ceux "dans le culte", mais qui, pour rappel s'est aussi mêlée de régler la vie sexuelle des civils (et nous en sommes héritiers)

Il faut attendre tout de même le XIIème et XIIIème pour que, de façon assez relative, les prêtres et corps clérical reste célibataires. (enfin: officiellement!)

Total: tout mouvement de pensée chrétien qui n'entrait pas dans la "ligne droite de Rome" (et ce très très tôt) a été rapidement qualifié d'hérésie et de secte...
Et là, la liste des "sectes" (ou qualifiées comme telles) est TRES longue...

Ce mouvement du "libre esprit" n'a pas dû faire très long feu...vraiment trop "ouvert et tolérant" vis à vis des autres...

Coprolithe de Bonne Atoufer a dit :
Cela a discuté ferme avec la mouvance de l'église romaine qui prônait "célibat, abstinence sexuelle" déjà pour ceux "dans le culte", mais qui, pour rappel s'est aussi mêlée de régler la vie sexuelle des civils (et nous en sommes héritiers)

Deux choses : on a effectivement une lettre de Melaine, évêque de Rennes à Lovocat et Catihern, deux moines Bretons pour leur intimer de cesser de faire servir la messe par des hôtesses (on les dit polygames) au cul de chariots-autels. En fait avec le retour de temps (un peu) moins troublés au X-XIéme siècle, les fonctionnaires d'église que sont les évêques et qui sont d'ailleurs à la tête d'immenses patrimoines essaient de moraliser un peu les choses en l'absence de pouvoirs centraux forts et respectés (même sous le grand Charlemagne lui-même).

Deuxième chose, les lois des anciens Bretons comme la loi Gombette des burgondes nous indique qu'en cas de flagrant délit d'adultère, la peine est la mort des deux fautifs. Donc quelque part en réclamant le célibat et la chasteté à ses hommes, l'Eglise s'épargne bien des tracas en terme d'héritages, de fins ignominieuses et de scandales si l'on reste ne serait-ce que sur un plan très terrestre et terre à terre.

A+

Coprolithe de Bonne Atoufer a dit :
Ce mouvement du "libre esprit" n'a pas dû faire très long feu...vraiment trop "ouvert et tolérant" vis à vis des autres...

On en trouve quand même des traces du XIII° au XVI° en France et ça aurai continué au delà en Angleterre. Y'a même des zigoto qui ont repris le flambeau de nos jours. Quand on fait des recherche sur ce mouvement on tombe directement sur eux.

tout mouvement de pensée chrétien qui n'entrait pas dans la "ligne droite de Rome" (et ce très très tôt) a été rapidement qualifié d'hérésie et de secte...
Et là, la liste des "sectes" (ou qualifiées comme telles) est TRES longue...

Je pense que leur démarche, bien qu'intéressante, reste ambigüe car ils prônaient la pauvreté qui permettait d'atteindre la qualité divine mais pour rentrer dans l'ordre, il fallait donner aux frères toute sa fortune. Ça me rappelle quand même quelques chose.

Bon il s'agit là de source sur les Bégards et il y a tellement de courant que...

Personne n'a entendu parlé des Turlupins? Je n'arrive pas à trouver de sources sur ce mouvement.

Luc de Latour a dit :
Je pense que leur démarche, bien qu'intéressante, reste ambigüe car ils prônaient la pauvreté qui permettait d'atteindre la qualité divine mais pour rentrer dans l'ordre, il fallait donner aux frères toute sa fortune. Ça me rappelle quand même quelques chose.

Ben vi... tout candidat au monachisme devait donner sa fortune au son abbaye.
Pour les civils (et voir les inventaires testamentaires) le salut de son âme passait par de (très) larges donations aux chapelles, églises, abbayes.
Il y eu des moments où certains rois ont dû mettre un hola: tout partait dans les mains de l'église...