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Posté : mer. mars 15, 2006 11:12 am
par michel de waulsort
On vient de me poser une colle en me demandant des infos sur l'état de forgeron au XIIe ou éventuellement XIIIe siècle, et ce n'est guère la période que je connais le mieux...
En gros, voici quelques sujets particuliers de questionnement :
- Cet état est-il héréditaire ?
- Quel était l'accès possible à la profession ?
- Y avait-il un avantage social quelconque à être forgeron ?
- Etait-ce une profession plutôt honorable ou plutôt dégradante ?
- Cette profession assurait-elle un revenu bas, moyen ou bon à son artisan ?
Je n'ai pu faire que quelques réponses toutes faites, de simple logique :
- Il est évident que le métier devait se perdurer de père en fils ou de parent à parent, afin d'assurer un métier et donc un revenu certain à ses descendants, d'où un "cloisonnement" possible dans certains lieux plus isolés.
- Dans les villages, le forgeron devait être un personnage important, avec le curé et le meunier; comme tous les personnages incontournables pour la communauté.
- Pour ce qui est d'un "statut" précis du métier de forgeron, je vois mal ça avant l'apparition des guildes d'artisans au XVe.
Quelqu'un a-t'il des infos, des textes ou des pistes sur le sujet ?
Ou même des iconos, mais là je crains de réver...
Posté : mer. mars 15, 2006 7:39 pm
par yrwanel
une référence bibliographique: "Forgeron et alchimiste" Mircéa Eliade....
Peut-être pas pour l'accès à la profession etc, mais pour sa "place" et son statut
Posté : jeu. mars 16, 2006 5:38 pm
par etienne de champaigne
Un ouvrage à lire !!!
On y parle de la place des forgerons dans la société, que ce soit chez les dogons du Mali ou autre...
Pour ce qui est du moyen âge,
rassures-toi Michel, beaucoup plus de sources que tu ne le penses :
un texte de 1296 écrit par Etienne Boileau mentionne les statuts des métiers que l'on pouvait trouver à Paris,
"Le livre des métiers de Paris", on y trouve nullement le statut des forgerons, mais celui des métiers découlants de ce terme générique,
à voir sur gallica :
http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre ... er&Y=Image
Pour les iconos, en voici quelques unes :
XIème espagne
http://gallica.bnf.fr/scrïpts/mediator. ... 4&I=000001
euh...XIVème je crois
http://img118.imageshack.us/img118/7145 ... rge1fo.jpg
1428
http://homepage.univie.ac.at/rudolf.koch/mendel/028.jpg
Et encore beaucoup d'autres...!
Je complèterai au fur et à mesure, et dès que j'ai un peu de temps !
Posté : ven. mars 17, 2006 5:56 am
par michel de waulsort

Merci Yrwanel.

Merci Etienne.
Le livre de Boileau est une mine d'or. Je ne connaissais pas, mais je crois que je vais essayer de l'imprimer, c'est bourré d'infos intéressantes.

L'imprimante ca chauffer...

L'icono du XIe ne passe pas..
Edit:
Après avoir feuilleté quelques pages, je me rends compte que les organisations de tous ces métiers étaient déjà en 1296 bien plus structurées et codifiées que je ne le pensais !
L'aprentissage par exemple était codifié, salaire, apport de départ, durée...
L'aprentissage durait six ans en maréchalerie et coutellerie, sept ans chez les serruriers.
On pouvait après acheter son titre de fèvre à un maréchal pour cinq sous avant de s'établir à son compte...
Il existait un règlement de travail pour les horaires, les jours fériés, les amendes, les garanties sur la marchandise produite !
On est loin de l'image que le "grand public" peut se faire de la société artisanale de l'époque.
Du point de vue règlements et administration, presque tout était déjà en fonction par rapport à notre siècle !
Posté : sam. mars 18, 2006 11:16 pm
par etienne de champaigne
eh oui michel , c'est ça le progrès !
pour l'icono XIème ben je sais pas trop, y a un problème avec l'url, je vois ça dès que possible : en fait elle représente des personnages debouts avec des instruments de forge dans les mains.
Posté : dim. mars 19, 2006 7:57 am
par MikaH
Là encore, ce qui est intéressant de remarqué, c'est que l'apprentissage ne se transmet pas nécessairement de père en fils mais bien de maître à apprenti et il n'était pas questionde faire n'importe quoi, un seul apprenti à la fois, des devoirs envers lui, etc. ...
C'est remarquable de conscience professionnel, bien sûr la vie devait manifestement être dure mais la qualité de l'écolage est indéniable. Haaa quel beau siècle que le XIIIème en France...
Posté : dim. mars 19, 2006 12:17 pm
par tripat
C'est vrai Mikah, mais tout cela était bien avant que l'on décide que le manuel était dévalorisant, regarde ou nous en sommes, tout le monde doit avoir son BAC, mais plus personne ne sait rien faire.
Ce n'est pas comme cela qu'un apprentit aura du respect envers son maître, et le maître ne regarde plus l'apprentit comme le devenir de son art, mais comme une charge.
Sauf bien sûr, quelques rares exceptions !
Posté : dim. mars 19, 2006 1:29 pm
par MikaH
Oui, c'est un autre problème que l'apprentissage à l'heure actuelle en effet. Je ne parlais que du contexte propre à la fin du treizième, celle où est publié le livre en question dont parle Etienne de Champaigne.
Posté : mar. mars 21, 2006 7:36 am
par etienne de champaigne
L'icono XI ème, bon là elle est en petit, pour la voir en grand : allez ici :
http://gallica.bnf.fr/
et dans recherche taper "forgeron" dans la case sujet, cliquez sur le manuscrit et => image 22, et cliquez sur l'image pour l'agrandir ( désolé, mais pas d'autres solutions)

Posté : mar. mars 21, 2006 9:13 am
par alexandra
En passant par là, je tombe sur un manuscrit du XVè siècle. Tu as pas la réf du manuscrit ?
Edit : c'est bon j'ai trouvé.
re-Edit : c'est ça ?

Posté : mar. mars 21, 2006 10:54 am
par michel de waulsort
Alexandra a dit : En passant par là, je tombe sur un manuscrit du XVè siècle. Tu as pas la réf du manuscrit ?
Pareil, on ne propose qu'un ouvrage du XVe "Speculum humanae salvationis " qui n'a rien à voir. Enfin si, il y a bien un forgeron, mais c'est hors époque.

Posté : mer. mars 22, 2006 6:39 am
par etienne de champaigne
[quote]Alexandra a dit : En passant par là, je tombe sur un manuscrit du XVè siècle. Tu as pas la réf du manuscrit ?[quote]
Ah ben au temps pour moi...
C'est "forgerons" avec un S, donc, qu'il faut taper et on tombe sur le manuscrit XIème !
La référence :
Image 22
pierre à sept yeux et tison. Vision: chandelier et oliviers. Vision: rouleau volant. Vision: apparition de l'épha. Vision: impiété enfermée. Vision: femmes portant l'épha
Cote : Latin 6 (3), Fol. 91v
Bible, Espagne, Catalogne, XIe siècle
Posté : dim. avr. 09, 2006 10:17 am
par logaeth_
A lire aussi deux numéros de la collection Eurasie :
La forge et le forgeron
Tome I : Pratiques et croyances
Tome II : Le merveilleux métallurgique
Editions L'Harmattan.
Ca ne concerne pas directement le moyen-âge occidental mais c'est très intéressant.