Qu'est-ce qui empêcherait l'adversaire de faire exactement le même coup crânien, par exemple ? Ce qui pourrait bien faire deux morts... Ou pire, si il le fait pendant l'avancée, il se pourrait bien qu'il arrive le premier...
Salut Mink,
Je comprend ce que tu veux dire. Dans la pratique je n'ai pas constaté ce genre de problème (ce qui ne signifie pas que ça n'arrive pas biensûr). Ce premier argument étant un peu fragile, je vais tenter d'étayer mon point de vu.
Je commence par une question: quand les deux adversaires sont en garde du toit que l'un lance un oberhau et l'autre fait un coup furieux, qui gagne?. Cette situation ne choque personne, pourtant c'est un cas de figure similaire à celui évoqué plus haut.
L'un lance le coup initial en visant une cible ("lorsqu’il s’approche de son adversaire, et qu’il estime se trouver à la bonne mesure pour l’atteindre et le toucher, alors il doit aller vers lui avec courage et attaquer brusquement et rapidement, à la tête ou au corps, qu’il le touche ou le manque ; il doit donc gagner ici le coup initial et ne pas le laisser appliquer son propre ouvrage") tandis que l'autre applique un coup de maître. Pourtant on ne sait pas dire qui va l'emporter (de nombreux éléments entrent en compte). Un coup de maître passe difficilement contre quelqu'un déjà versé dans l'art de l'escrime. En revanche il te permet de prendre (ou reprendre) l'avant, de prendre le fer adverse et donc de pouvoir lire son jeu etc...
On ne peut contrôler l'adversaire que quand on a son fer.
Le coup initial permet de s'approcher de l'adversaire sans que celui-ci puisse faire de changement au travers, tant que tu vises son corps et pas sa lame, il ne peut pas détacher (quitter le contact). Lorsque c'est lui qui a le coup initial, tu dois reprendre l'avantage sans pour autant te focaliser sur sa lame faute de quoi il pourra détacher et venir assaillir d'autres cible. Il lance le coup initial puis le coup d'après, encore encore, jusqu'à ce que ça rentre. "Je le dis en vérité, aucun homme ne se défend sans danger ; comprends-tu cela, aucun ennemi ne t’en viendra-t-il aux coups." Il faut donc se protéger tout en faisant peser à nouveau la menace sur l'adveraire pour inverser la vapeur. L'idée c'est de lui mettre la peur au ventre, lui faire peser au dessus de la tête une épée de damoclès si j'ose dire de sorte qu'il ne puisse pas détacher.
"Liechtenauer indique également que pour se battre avec force, il faut initier le combat à partir du côté droit, avec tout le corps et avec toute sa force, en visant la tête et le corps, uniquement là où il peut toucher, et en ne visant jamais l'épée adverse. Au contraire, il doit faire comme si l'adversaire n'avait pas d'épée ou comme s'il ne la voyait pas ; et il ne doit pas oublier d’utiliser les éraflures, mais plutôt rester constamment dans l’ouvrage et chercher les touches, de façon à ce que l'autre ne parvienne pas à en venir aux coups. "
En avançant en fou face à l'adversaire qui campe en fou, il peut attaquer tout comme je peux le faire, en tout état de cause j'aurais dévérouillé une position et j'aurais son fer contre le mien: le noble conflit peut commencer. Je veux éviter qu'il frappe mes mains par une série de changement au travers, il faut donc que je trouve un moyen de l'attaquer au corps. Pour cela il faut réduire la distance sans offrir mes mains.
Il y a un autre élément qu'il faut prendre en compte. La garde du fou est une garde qui ne facilite pas a priori l'attaque. Celui qui se poste en garde du fou est en général celui qui cherche une opportunité de mettre un coup à son opposant qui se découvre en avançant. La définition qu'en donne le MS. 3227a penche d'ailleur vers cette acception: "Le fou brise toujours ce que l’on taille ou estoque, grâce aux accrochages et aux rayages." Il attend un coup, et il réagit sur ce coup. Donc celui qui se poste en garde du fou souvent t'attend.
Si tu avances rapidement vers lui en fou tu disposes normalement du coup initial. S'il se met spontanément en longue pointe, à toi de saisir son fer, le noble conflit commence.
En tout état de cause, tu as réduit la distance en frappant sa tête, aucun changement au travers ne pourra plus dès lors venir à ta garde.
Mon interprétation du coup cranien contre la garde du fou, repose donc sur ce principe: pour éviter que l'adversaire te frappe aux mains et si tu veux le contrôler, frappe le au corps. Pour le frapper au corps sans te faire toucher les mains tu dois avancer toi aussi en fou (les quillons te protègent et tes mains ne sont pas offertes).