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Posté : ven. janv. 12, 2007 3:27 am
par cracou
Qu'est ce que le drill. Littéralement un entraînement répété qui pousse l'individu à adopter une réponse connue à une situation de combat spécifique. Le terme de drill vient de la formation mise en place , entre autre par les anglais au XXe siècle.
Par exemple devant une résistance sur un axe de progression, un commandant de section va déployer une base de feu puis tenter un débordement. Les hommes dans une patrouille vont toujours regarder dans des directions spécifiques, les liaisons entre les hommes sont définies... Entraîner un homme qui est pris dans une embuscade à se planquer, répondre par le feu immédiatement, changer de position...
Bref, le drill est un entraînement de l'individu mais ce n'est pas de l'entraînement individuel. Il est évident qu'une unité composée de soldats "drillés", c'est à dire sachant comment réagir est bien plus efficace.
Exemple: devant une résistance, un officier peut avoir à dire "toi tu vas là, toi tu fais ça, et on avance comme ça etc". si la formation est efficace, il suffit de dire "base de feu ici, groupe machin, avancez sur cet axe". Evidemment chaque groupe sait ce qu'il doit faire et comment le faire.
Le drill demande donc des connaissances et une bonne maîtrise des liaisons. Il réduit aussi la part d'inconnue et uniformise les réponses (en gros on peut changer de compagnie, on agira pareil).
Le drill demande de l’initiative. Non pas pour l’entraînement, mais pour reconnaître et savoir appliquer la bonne réponse à la bonne situation, ou même comprendre qu’il faut improviser. Il a aussi un très gos intérêt: il permet de canaliser le stress de l'individu et le pousse à réagir mécaniquement en utilisant ce qu'il a appris - ce qui évite les comportements les plus débiles. (mais qui est nuisible si le camp d'en face a aussi lu le bouquin)
Tout ceci pour en revenir maintenant au MA.
La différence fondamentale entre professionnels et non professionnels est leur connaissance explicite ou non de ce genre de pratique. La coordination à l'échelle tactique en dépend.
Maintenant imaginez une rencontre entre une troupe de réguliers et une troupe très nombreuse mais inexpérimenté. Normalement, ça ne peut pas faire un pli, les réguliers doivent gagner.
Or l'immense majorité des combats mis en scène par les uns et les autres sont des effrontements à 1 contre1, ou à une ligne contre une autre. Où sont donc les tactiques et mouvements "drillées" en coordination? Et avons nous des documents sur le sujet?
Posté : ven. janv. 12, 2007 3:58 am
par berhthramm
Tu soulèves un point passionnant, je suis un convaincu de l'utilité du Drill dans plein de situations, y compris en med, et pourtant il est si peu habituel. Je penses que les raisons peuvent être les suivantes (pas uniquement) :
- un drill nécessite de réunir trés réguliérement tout le groupe (c'est de l'aquisition d'automatisme)
- un drill nécessite de ne pas jouer perso donc parfois de mettre son ego au placard
- un drill c'est fortement connoté militaire ou paramilitaire et dans une asso quand tu as déjà du mal à faire établir des tours de corvée...tu auras toujours quelqu'un pour te dire "on est pas à l'armée ici" (en France c'est de bon ton de saquer de l'homme en vert)
- un drill c'est souvent perçu comme rébarbatif (sauf quand on se rencontre qu'en sport ou en combat simulé ça permet de plier l'affaire en 5" ou que dans la vraie vie parfois ça sauve la vie (les pompiers font pas mal de drill))...
- ça necessite un "chef" qui aille de la "voix" (sans pour autant être un gueulard, par expérience ça ne sert à rien)
- ça necessite un travail d'apprentissage des ordres et réactions en dehors des séances collectives, les gens qui jouent au football US se tapent des classeurs entier de tactiques en dehors des entrainnements...et pourtant ils n'occupent qu'une place et c'est aussi un facteur limitant d'utilisation :
- dans une section qui drill la fonction de chacun est définie, selon beaucoup ça manque de variété... (pourtant avant d'avoir en t^te tous les aspects d'un poste je pense qu'il y a du chemin)
Les deux seuls unités que j'ai vu drillé presque correctement en med sont le Franco Flemish Contingent (ils sont capable de marcher en ordre et de combattre de manière coordonnée) et Regia (avec le fameux "spear-step")...
Donc c'est peut-être plus à la portés de pro ou d'amateur trés motivés que de personnes "normales"...
Posté : ven. janv. 12, 2007 5:12 am
par cracou
et en terme de sources?
Posté : ven. janv. 12, 2007 5:27 am
par berhthramm
Il y en a chez les romains et les normands se sont assez rapidement formés (du moins ont formé leurs cadres) dans les monastéres à ces techniques en particulier en faisant venir pas mal de parchemins et de traités d'Italie vers les monastères normands.
(j'ai pas la source sous la main, cette affirmation est le fruit de conversation avec d'autres membres d'Hag'Dik ayant plus poussé les recherches que moi au niveau local).
Posté : ven. janv. 12, 2007 6:03 am
par hackamores
Je soutiens l'argumentation sur les difficultés de mise en oeuvre en association dans les contingences du XXIème.
Toute proportion de réalisme et d'historicité gardée, les manoeuvres spectaculaires organisées par les SCA lors de leurs affrontement par centaines de combatttants témoignent souvent :
- de leur organisation par unités spécialisées dans leur fonction
- de leur entrainement sur base de drills destinés à augmenter la manoeuvrabilité et la réponse efficace soulignée par Cracou.
J'ai eu le plaisir à assister à des séances d'entrainement ou les membres ne semblaient absolument pas réfractaires à l'autorité nécessaire.
Les organisateurs augmentaient le plaisir des participants par la diversité des manoeuvres mais aussi par la rotation de l'effectif sur différents postes afin de driller aussi la polyvalence.
Bon d'accord, ce sont les méchants SCA, mais s'ils y arrivent et trouvent cela agréable, pourquoi pas les gentils reconstitueurs pur jus ?
Fred Piraux
Posté : ven. janv. 12, 2007 6:16 am
par berhthramm
Les anglo-saxons et les germains sont peut-être moins hermétiques aux contingences du drill, le SCA est essentiellement USA, et ne serait que par la formation sportive l'américain moyen est un "drilleur" (le foot US est un exemple type, mais le basket ou le base-ball ne le sont pas moins)...
Et c'est vrai qu'une fois que la machine est rodée on prends vraiment son pied en drill car il y a un reel sentiment de coordination, de connivence (fraternité ? esprit de corps ?) et d'efficacité dans le groupe (équipe, section, piquet, conroi, etc...).
Posté : ven. janv. 12, 2007 7:59 am
par floren d´asteneuz
Pour ma part, je suis profondément anti-militaire, anti autorité, anti tout ça...
Cependant, je n'ai jamais réchigné à participer à un entraînement qui proposait ce genre de manipulations.
J'aime voir les choses coordonnées, j'aime voir des mouvements constructifs, j'aime voir des gens qui savent où ils vont et tant que mon physique suit, j'apprécie en faire partie.
Je pense surtout que c'est une question de présentation des choses.
Pour ma part, en tout cas, je suis prêt à suivre tous les ordres d'une personne, à partir du moment où ils ne sont pas contradictoires et à partir du moment où je sais pourquoi je le fais.
Je pense que répondre "on n'est pas à l'armée, ici", face à une tentative de drill, c'est proprement ridicule.
Au cirque, il y a du drill aussi...
M'est avis que l'argument "on n'est pas à l'armée" est plutôt là pour se trouver une bonne excuse pour ne pas se bouger.
Posté : ven. janv. 12, 2007 8:32 am
par berhthramm
le souci c'est qu'il n'y a parfois pas necessité de comprendre un ordre pour l'executer, il faut juste être convaincu que celui qui le donne à raison de le donner... on analyse et on débat : APRES... comme je l'ai dit sur un autre post : "Milites silentium"... les ordres et la tactique ça se discute autour du feu le soir...et tu as tout à fait raison, ce n'est pas propre à l'armée, une équipe de foot qui discute sur le terrain et une équipe qui perd... "a bad tactic is better than no tactic"... Colin Richards...
Posté : ven. janv. 12, 2007 8:41 am
par hackamores
Raoul d´Asteneur a dit : Pour ma part, en tout cas, je suis prêt à suivre tous les ordres d'une personne, à partir du moment où ils ne sont pas contradictoires et à partir du moment où je sais pourquoi je le fais.
Ben voilà... c'est fini.
L'essence même du drill repose sur la non intellectualisation de la motivation de la manoeuvre.
Evaluation de l'odre = absence de la confiance absolue qui vise au gain de temps à la manoeuvre.
Le drill se passe de compréhension. Il a été pensé avant. Il ne doit plus l'être pendant. C'est d'ailleurs pourquoi bcp le confondent avec l'instinct (alors que ce n'est pas la même chose) !
Entre le succès et le désastre la frontière est fine.
Faut jouer pour gagner... et s'abstenir si on aime pas perdre.
Cela s'applique aussi à l'apprentissage du drill de combat.
Moderne ON : tu passe à la résolution d'enrayage lorsque l'arme bloque... sans te demander pourquoi elle bloque, ni te remémorer le sourire du sergent... tu réfléchis pas pour savoir si c'est pertinent... le geste a déjà été pensé avant.
Moderne off
Posté : ven. janv. 12, 2007 8:51 am
par berhthramm
Merci Fred on est au moins deux à penser la même chose sur l'execution des ordres... je suis un fervent convaincu du : "reflechir c'est déjà désobeïr" et je ne le prends pas comme une plaisanterie...
Posté : ven. janv. 12, 2007 9:20 am
par rolland de glabbecke
Bravo les gars ..."réfléchir, c'est désobéïr"
Si mon chef demande à mon peloton de sauter dans le canal le plus proche pour m'y noyer ! Je regrette ... mais je me barre !
Posté : ven. janv. 12, 2007 9:21 am
par le zébulon masqué
Corrigez moi si je me trompe
Mais au cours de mes lectures j'ai cru comprendre que le terme de Drill correspond à "dressage" et provient à l'origine du dressage des chevaux.
Le terme a été beaucoup utilisé au 18ème en tant que technique d'entrainement chez les prussiens dabord puis par les américains aprés leur révolution par l'intermédiaire de leurs instructeurs prussiens.
Toujours selon mes lectures ce drill permettais aux armées de Frédéric d'utiliser en combat un ordre dit mixte qui n'était ni serré ni lache (la grande question militaire du 18ème)
Mais cet ordre mixte posait un problème de coordination des mouvements de groupe d'ou un entrainement qui consistait à "dresser" le soldat pour qu'il fasse tout sans aucune reflexion.
C'est soit disant cet entrainement qui a rendu les armées prussiennes invincibles pendant 80 ans jusqu'à Napoléon.
Le drill est donc une technique d'entrainement individuel basée sur une répétition des gestes jusqu'a saturation dans des conditions de plus en plus stressantes qui permet de faire réaliser a un groupe des actions coordonnées non concertées.
Notons que cette technique est encore utiliser aujourd'hui dans certaines troupes dans de nombreux pays.
Posté : ven. janv. 12, 2007 9:49 am
par cracou
le drill, dans son sens contemporain, n'a rien à voir. C'est le même mot, mais dans un sens radicalement différent. c'est pourquoi j'utilise drill et non pas entraînement ou formation.
L'idée est que le soldat conserve, grace à la connaissance de méthodes, une initiative et une capacité de prise de décision évitant les actes "normaux" mais débiles en situation de combat.
(wiki)
"Individual Movement Techniques or IMTs (also known as Infantry Minor Tactics in Australia) are the very basic tactics that are employed at the squad, section or platoon level. They are, generally speaking, reasonably similar across most modern armies.
In most situations, except static defense, IMTs are based on the principle of "fire and movement". That is firing and moving, often in pairs, one soldier firing to suppress or neutralize the enemy whilst the other moves either toward the enemy or to a more favourable position. The movement is often only 5-10 metres per move.
Most IMTs are taught in the form of a drill - ie a series of choreographed steps that occur in reaction to a certain stimuli, (d'où son intérêt: pas besoin d'ordres, on sait ce qui doit être fait et comment) such as sighting an enemy to the front, or being engaged by enemy from flank etc. The initial stages of the drill are routinized and therefore action doesn't require full appraisal of the situation by individual soldiers or unit commaders. Such stimulus-response training allows coordinated responses without the need for direct orders. In combat, this allows the first few moments of the engagement to occur almost automatically and therefore gives the soldiers a way to respond appropriately and predictably (eg. take cover and start returning fire, or shift the flanks to becoming in enfilade to a surprise attack) while the unit commander asseses the actual situation and issues further orders.
Perhaps the most basic of all IMTs is the "Basic Drill". The Basic Drill is the drill that all individual soldiers are supposed to perform if they come under "effective fire". [citation needed]
The basic drill is:
* Run two or three steps
* Drop to the ground or into cover
* Crawl a few yards (or move under concealment/cover)
* Observe
* Shoot (identified targets of opportunity within effective range)
* Move
* Observe
* Shoot
* Move
* Repeat until issued orders
The basic drill is designed to provide a the soldier with simple steps to follow under the stress of combat. The essential goal of the basic drill is to move the soldier into cover, remove him from the last position where he was likely to be seen by the enemy, and keep him him "positively engaged" with (identifying and shooting) any targets in his effective area until his commander makes an appraisal and issues instructions.
Posté : ven. janv. 12, 2007 9:54 am
par hackamores
Rolland de Glabbecke a dit :
Si mon chef demande à mon peloton de sauter dans le canal le plus proche pour m'y noyer ! Je regrette ... mais je me barre !
Tu tronques l'objectif en ajoutant pour t'y noyer.
Si c'est son but, il n'a pas à être le chef et tu as le droit de ne pas te mettre à ses ordres au départ.
Le drill a été pensé avant.
Si mon chef me demande de sauter, je saute... parce que si je saute pas je mourrai peut être sur la berge et le chef (formé, reconnu, que je me suis choisis, etc...)me donne cet ordre dans une démarche positive.
C'est du dressage ouai.
C'est de la confiance aveugle et mal placée... à voir.
Si je suis pas prèt à suivre il reste deux possibilités, ne pas venir ou être le chef... mais j'espère ne pas avoir à me caler des négociateurs d'ordres !!!!
Un monde d'opportunités quoi !