gaëtan a dit : Re Salut Philippe,
Re- à nouveau.
Je crois que la différence fondamentale entre nos approche tient à la place qui est faite à la compétition/ sparring.
Je crois comprendre que dans ton approche, l'archéologie du geste permet "d'excaver" des techniques qui peuvent être exploitées dans le cadre d'opposition telles que des tournois.
De notre point de vu, nous mettons en évidence deux choses. D'abord que le combat en armure pratiqué avec des techniques de blossfechten et en ayant les deux mains sur la fusée est a priori un non sens. D'autre part, même dans le cadre de tournois historiques en armure, les règles étaient différentes (ex: épées aiguisées dans le pas d'arme de sandricourt, dans le petit jean de saintré, les bretteurs vont jusqu'à défoncer les armures à coups de hache etc...). Donc, même dans le cadre d'un tournoi, il est difficile de dire qu'on fait comme à l'époque. D'où le fait de dire qu'il vaut mieux parler le combat sportif en armure que d'escrime médiévale.
De notre point de vue le "sparring" et la competition sont différents. Le "sparring" est une pratique d'entraînement, avec une personne qui va travailler et une autre (le sparring-partner) qui va devoir adopter un comportement spécifique à l'exercice. Le but n'est pas d'avoir un gagnant mais de permettre à un "étudiant" de "travailler" de façon à passer/ placer une technique particulière dans un cadre de condition spécifique. Il peut nous arriver de faire des sparrings "non-coopératifs", mais ça demeure un exercice (L'objectif de celui qui travaille est connu, sa ou ses positions de départs aussi,...).
La compétition, c'est autre chose. Le but est de "gagner", pas de placer une belle technique (mais si les choses étant bien faites, ceux qui maîtrisent leurs techniques, gagnent plus souvent, notamment en plaçant leurs techniques).
Sur de plus en plus de tournois (notamment, FOREST l'année dernière,...), on alterne "des manches du tournoi" en armures et d'autres sans armures, pour "varier" les plaisirs et les techniques utilisables,...
nb : nous n'avons pas nos mains "coller" sur nos fusées (là encore,, viens voir les tournois de SERAING, de FOREST ou ceux organisés en France par EXCALIBUR IDF ou d'autres groupes "sérieux",...).
Nous avons sur les parties de tournois qui se font en armures (ou sans d'ailleurs), des contraintes similaires aux chercheurs martiaux médiévaux : les normes de sécurités et les conventions sociales nous obligent à "biaiser",... c'est vrai pour nous comme pour vous,...
L'autre problème concerne le rôle de la compétition. Si elle devient la finalité de notre activité, alors les techniques retrouvées ne seront plus que le fondement d'une pratique moderne. Notre position est de dire, que le sparring/ compèt n'est qu'un outil parmis tant d'autres pour approcher les AMHE. En en faisant une fin, tu risques de dévoyer l'art martial en "sport martial". On crée un bagage technique inspiré des manuscrits mais qui répond à la nécessité de respecter des règles d'engagement moderne.
C'est une pratique qui se diffuse de plus en plus y compris au sein même des amhe. Ceux qui gagnent les sparing sont forcément bon et sur la bonne voie. A dijon cette année, j'ai entendu trois instructeurs dire en substance "de toute façon les techniques des manuscrits ne fonctionnent pas en sparing". Au lieu de remettre en question nos pratiques on fini par remettre en question les sources. Finalement, celui qui développe une technique hyper épurée et efficace en sparring devient une référence. C'est dommage car le sparring en ce qu'il comporte des biais (liés au matériel et aux règles d'engagement) n'est pas l'exact reflet d'un combat au XVe siècle.
C'est pour celà que je parlais d'humilité des AM. Dès lors qu'on reconnait qu'on ne peut pas pratiquer à fond qu'il s'agisse des techniques pour tuer ou des techniques de "compétition" historique on adopte nos façons de travailler, et le sparring ne représente qu'un outil parmis tant d'autres.
Donc voilà où est à mon avis le risque dans ta conception du combat médiéval. En érigeant la compèt comme un étalon de pratique, tout va graviter autour de celà et on finira par appeler combat médiéval ou amhe, une pratique sportive moderne.
Le sparring n'est pas pour nous une finalité : c'est une catégorie d'exercices (Cf plus haut différences entre sparring et compétition). Comme notre but en sparring est d'étudier et non de gagner, nous organisons nos sparrings en fonctions de la technique à étudier,... Pas de risques de développer un cursus de techniques pour gagner un sparring (car ce n'est pas une compet,...)
Ce risque de developper un cursus spécifique, pourrait exister lors des competitions / tournois. Présent sur de précédentes éditions de l'HEMAC, je l'avais moi aussi observé,
(d'où ma trés grande méfiance envers les shinaï,...)
Notre grande force est que d'un tournoi à l'autre, et même d'une édition d'un même tournoi à l'autre, les règles (touches, décomptes des points) et conditions de compétition ne seront pas (jamais) les mêmes, ce qui représente le meilleurs freins au developpement de techniques particulières :
* Il y a peu ou pas de tournoi se déroulant en un unique type d'épreuve
* Certains organisateurs vont privilégier tel ou tel type d'épreuves ("Mort subites", duel au points, avec un type d'armes imposée, avec des zones corporelles "à toucher" ou interdites, avec ou sans armure, dans un cercle, en prise de pont, à la barrière,....). Mais ces épreuves (où la manière de les décompter) vont varier d'un organisateur à l'autre,...
Contrairement à ce que tu sembles croire, la compet n'est pas pour nous un "étalon de pratique", c'est juste une activité plaisante, comme peut l'être la reconstitution de mélée (même si des techniques histo, quand on est épaule contre épaule en mélée,... j'en voie pas souvent!!!).
Mais les gens qui s'entraîne le font pour plusieurs raisons à la fois : pour eux, pour la compet, pour animer un atelier "techniques" lors de prersta en public, etc...
Avec les techniques "retrouvées" par les chercheurs, il est possible de faire plusieurs choses non exclusives l'une de l'autre( y compris de la pratique martiale) et l'on ne s'en prive pas,...
J'ai volontairement shématisé les positions pour essayer de mettre en relief les différences. Comme tu le voies mes craintes ne concernent pas le combat en armure sportif exclusivement, mais toute approche qui place au sommet de sa pratique la compétition.
Même si pour le moment vous faite l'effort de vous réferer aux sources, il y a bien un tyep plus malin que les autres qui finira par trouver une botte plus efficace que les autres et qui va faire jurisprudence. Cela finira par créer un corps autonome de technique de plus en plus déconnecter des sources. Tu pourrais me répondre qu'après tout vous ne faites que perpétuer une pratique disparue en innovant. Mais dans ce cas, on n'est plus dans le cadre d'amHe. C'est une autre pratique, tout à fait valable mais différente.
Le phénomène dont tu parles, pourrait être à craindre, si les tournois étaient normés : partout les mêmes, avec le même équipement, les même règles etc,...
hors ce n'est pas le cas,... Comme je te l'ai dit, d'un tournoi à l'autre les règles changent et d'une année à l'autre aussi,... (*) Donc, les pratiquants doivent s'adapter en permanence et donc se doivent d'être polyvalent dans leur étude et maitrise eventuelle des techniques,...
(*)avec l'historicisation progressives des tournois, même les tenues des combattants vont devoir évoluer d'un tournoi à l'autre,... (Tournois début XIIIème, Fin XIIIème, Fin XIVème,....)
Moralité si dans un tournoi, ce type de comportement apparait de façon récurrente : charge aux organisateurs de corriger le tir.