jeu. juil. 21, 2011 2:39 pm
Je n’ai malheureusement pas de photo pour le combat de nuit mais je peux en faire un court compte rendu
Tout d’abord ce que nous avions établis de faire : en fin d’après-midi une délégation (commandé par un de nos membres venu spécialement pour cela) arrive à l’extérieur de l’enceinte afin d’en réclamer la souveraineté. Ce n’est bien sûr pas du goût des occupants de la place, il s’ensuit une brève action militaire à la porte, ceux que nous conviendrons d’appeler les assaillants sont repoussés et ils battent en retraite (vu la conformation du lieu c’était une issue relativement certaine)…
Une forme de siège commence donc, les « défenseurs » sont en alerte…
Plusieurs indices laissent penser que les assaillants sèment le désordre dans la région, les occupants de la motte partent donc en « patrouille » ceci sera l’occasion de jouer une embuscade, en effet seul 2 personnes avaient la totalité des éléments scénarisés en tête (dans d’autres contextes de lieux, de temps et de logistiques on aurait put mettre en place quelques choses d’entièrement libre ce qui aurait été encore mieux mais cela impliquait des points que nous ne pouvions assurer sans arrière pensées (sécuritaires entre autres).
A l’issue de l’embuscade qui est une forme de mise en bouche la première phase est finie.
On prends un repas simple tous ensemble assis autour du feu et on fixe les règles pour la fin de la soirée, la nuit, etc… Afin d’avoir une bonne « nuit » et plus de lumière nous décidons que les choses sérieuses commenceront vers 22h30…
Voici les règles que nous nous étions établies :
- les règles d’engagements nocturnes sont identiques à celles de jour mais les consignes de prudences sont largement redonnées puisque nous nous attendons à pas mal de frappe par surprises, nous invitons aussi à frapper sur des zones non douloureuses (surtout lors des frappes dans le dos) avec une grande modération… Ce sont des règles critiquables mais elles étaient admises par toutes les parties présentes sans discussion donc… c’étaient de bonnes règles.
- Deux « équipes sont définies » mais tous le monde a envie de jouer dans un camp et dans l’autre (et nous n’avons pas deux nuits pour cela puisque certains d’entre nous ne sont venu que pur cette nuit là) donc nus établissons que : toute personnes qui « meure » avant 1 heure du matin fait une pause d’une petite demi heure puis change d’équipe, le fair-play étant de base (dans le groupe tous se moquait éperdument de gagner ou de perdre mais voulait « apprendre »). Ce système permettra donc de « tourner » sur différents postes. A partir d’une heure du matin chaque mort est définitive : le sortant peut aller en zone neutre, se réchauffer, etc…
Les conditions de victoires sont les suivantes :
- défenseurs : avoir tués tous les assaillants ou être encore vivant à l’aube (nous avions une limite à 5 heures certains devant reprendre le travail dans la matinée à plusieurs centaine de kilomètres de là…
- assaillants : avoir tués tous les défenseurs (victoire majeure), réussir à placer un homme au moins, vivant et seul au deuxième étage de la tour (victoire majeure), réussir à allumer trois début de feux (dans des « casseroles » à l’entrée de certains bâtiments (risque d’incendie obligent) avec des moyens historiques (victoire minorée mais en fait personne n’aura ne serait ce que l’envie de jouer cette option)…
Nous avions décidé que la soirée serait suivie d’un débriefing festif afin de partager les expériences autour de cette nuit.
Plutôt que de me caler exclusivement sur mon expérience personnelle de cette nuit je vais essayer de redonner ce qu’il ressort du débriefing.
Défenseurs :
Défendre en permanence toute la zone est difficile (la garnison était de 7 personnes), la communication interne est un vraie problème et c’est un point particulièrement éprouvant pour celui qui l’assure (il cavale de sentinelle en sentinelle en permanence), il faut évaluer à chaque fois très rapidement si on a affaire à une attaque d’envergure sérieuse, à un test ou à une diversion. La visibilité est un pure problème avec un dilemme : allumer ou ne pas allumer des lumières ? Éclairer ou ne pas éclairer ? Sachant que ce choix impacte beaucoup de chose et est peu réversible (cf la physiologie de la vision nocturne)…
Assaillants :
Difficultés à coordonner et à se retrouver parfois, la coordination aurait put vraiment être un atout majeur dans l’attaque avec des bonnes attaques de diversions, cela a été exploité mais je pense qu’on pouvait faire mieux. L’importance du camouflage et de ses bases : le lin naturel ne pardonne pas (en amateur on s’aperçoit souvent après qu’on a oublié de se changer) notons que très rapidement les assaillants adopteront des tenues très légères (au plus un gambison) et l’armement qui va avec (seax, hachette,) en tout cas pour ceux qui tenteront des entrées subtiles et discrètes… Les douves sont un obstacles gênant mais pas majeur, c’est encore une fois plus d’en sortir qui pose problème plutôt que d’y progresser, sur ce dernier point il est quand même assez difficile de progresser de manière très discrète dans l’eau, surtout que c’est ce genre de bruit que l’on guette quand on défend. Franchir les palissades est plus problématique. Le choix du moment est primordial dans chaque action et cela impose parfois de très longs moments d’immobilité, parfois douloureuse ou très inconfortable. Je me suis ainsi retrouvé à côté d’une sentinelle que je ne pouvais pas tuer de manière sécurisée (un autre groupe trop prêt), le seul garant de ma discrétion était l’immobilité parfaite, on finit vite par regretter de ne pas avoir pris une position très confortable au départ (j’étais accroupi et j’ai les deux chevilles très abîmées) on a vite froid aussi (je venais de passer pas loin d’une demi heure dans le fossé, j’étais torse nu et il y avait du vent et une petite pluie…. Chaque fois que j’ai un peu bougé la sentinelle a réagi… Une fois dans la place, si on est seul, l’observation et le choix des victimes et aussi un paramètre important…
Pour tous :
Tous nous avons noté des choses évidentes à écrire mais qui sont assez prégnantes une fois vécues :
- la vision nocturne est bonne mais si on a le malheur de la compromettre (allumer une bougie, regarder un feu, etc…) l’œil met un temps énorme à se réaccomoder,
- les sons prennent une dimension importante mais ils font aussi pas mal psychoter (c’est une grenouille ? un mec qui traverse ? un rat qui plonge ?) et on peut les utiliser dans un sens et dans l’autre….
- Il y a une espèce de sixième sens que l’on ne sait pas exploiter ou du moins pas bien, une sorte d’instinct qu’il y a quelqu’un pas loin… A un moment du débriefing nus nous sommes rendus compte avec une des sentinelles que nous avions passé un long moment à quelques mètres l’un de l’autre en ayant un sentiment d’inquiétude et de nervosité… Mais ça aussi ça fait pas mal psychoter et comme c’est un sens que l’on exploite pas on ne sait pas bien l’interpréter.
- L’odorat est aussi important : plusieurs sentinelles ont relevé avoir soupçonné une présence par l’odeur de boue et de vase
- Les difficultés de communication : parler c’est se faire repérer…
- L’importance dans le choix du matériel bien souvent en fonction de la discrétion voulue, pour les assaillants je crois qu’à un moment nous avons tous fini par privilégier la discrétion sonore, la signature visuelle et la rapidité de déplacement à la protection potentielle, personnellement j’ai finit en chaussures, winnigas, pantalons de laine (même mouillée elle tient chaud) et torse nu (je n’avais qu’une chemise claire en lin puisque je ne m’étais pas changé spécialement pour l’occasion) avec une petite hache… beaucoup était plus ou moins dans la même configuration et avait largué leur matériel dans des endroits sûrs (je l’avais caché dans la foret pour ma part).
- La patience est une qualité mais le choix des moments aussi (bouger ou pas, tuer ou pas, alerter ou pas…etc…), c’est indéniablement une activité longue et il e faut pas vouloir tomber en dessous de plusieurs heures…
Tout le monde a conclu sur une expérience très captivante et excitante, à recommencer mais tous s’accordent à dire qu’ils ne le feraient pas avec des gens en qui ils n’ont pas confiance où qu’ils ne connaissent pas.
Ah oui… les défenseurs ont gagnés vers 3h30 à l’usure… Ils ont seulement perdu 40% de leur effectif (3 défenseurs tués)…