
Et voilà, j'fais du XIIIème Fieffeux... Une époque sans boucles d'oreille ! Quelle horreur !
Va falloir trouver des compensations.
Alors, comme le XIIIème nord ne m'intéresse toujours pas plus que ça, autant se faire plaisir. Ca tombe bien, avec Fief, ça couvre de larges zones géographiques, donc, y a moyen de se faire du bien.

Du coup... Hop ! On va chez les Romains ! (Pathétique excuse pour retourner là bas, voir si, des fois, y aurait pas des parfums que j'aurais pas encore goûtés dans mes gelaterie favorites. Quoique, faudrait peut-être se calmer à ce niveau là

Comme si j'avais pas largement eu l'occasion de remarquer que les restes médiévaux à Rome... C'était un peu noyé entre les gros tas antiques, les gros tas Renaissance, et, comble de l'horreur et de l'abomination, les monstruosités baroques (on sauve le Caravage, quand même

Donc, on commence les recherches, et tant qu'à faire, autant voir ce qui se fait du côté des troupes italiennes (des fois qu'ils aient des sources primaires

Ca commence bien : source utilisée par les troupes de reconstitutions italiennes pour faire du XIIIème italien... Méméféduski. C'est bien gentil, mais, le peu que j'ai pu voir du costume romain au XIIIème (si, y a des traces, et j'ai largement eu l'occasion d'écumer tout ça)... Ca n'a pas grand chose à voir.
Y a comme qui dirait un léger malaise, là.

Et on replonge dans les cartes postales, les bouquins, les photos...
O joie ! Y a un truc magnifique, l'aula gotica... Euh... Alors, ça sent tellement l'influence des sarcophages antiques, des mosaïques antiques, des sculptures antiques, qu'en plus de ça on retrouve Janus et Mithra (dans un couvent, quand même), qu'il va falloir faire un sacré tri.
En cherchant ailleurs, et en comparant, y a quand même quelques lignes qui se dessinent.
Les cheveux, ça se montre, même si on peut les recouvrir d'une espèce de turban.
La perlouze, c'est le bien (



Les manches, ça peut être relativement large et ne pas aller jusqu'au poignet.
Parfois, y a même rien sous cette robe au niveau des avants-bras (chemise sans manche ?)
Et la mode change dans la seconde moitié du siècle (se met vaguement aux normes "nordiques", alors que là, on est plus sous influ Orient/Byzance...). Pour le fun, autant aller dans ce qui est le plus original.

Relevé du Mois de Mars, fresque de l'Aula Gotica des 4 Santi Coronati, Quartier du Celio, Rome. Robe orientalisante (vu la déco), à manches un peu amples et relativement courtes. Le voile à motifs, et la déco de cheveux se retrouvent sur d'autres sources de l'époque, pas forcément allégoriques ou sacrées. On peut considérer que cela fait donc partie de la mode romaine. Le col ornementé, en revanche, semble ne figurer que sur des figures "non neutres" (allégories, saintes, etc...).

En photo et en couleur, c'est plus joli.
A force de chercher, j'ai fini par tomber sur une source relativement fiable : le retour du corps de st (Scratus) Magnus (j'aurais voulu l'inventer, celui là, j'aurais pas fait mieux


Fresque du second quart du XIIIème siècle, dans la cathédrale d'Anagni, à 50km de Rome Les papes y ayant une modeste résidence secondaire, et y ayant fait quelques petites choses vaguement importantes vers la fin XIIème début XIIIème -genre excommunications d'empereurs, une broutille-, on peut considérer que c'est représentatif de la peinture romaine de cette période (pi d'abord, c'est ce qui est dit dans mes bouquins sur l'art du Duecento

Cette fresque représente une scène se déroulant en 877 (bon, je me plante peut-être d'un an ou deux, mais c'est pas loin de ça), avec des personnages civils. D'après ce que je sais du costume carolingien, ça ne ressemblait pas du tout à ça. Du coup, j'en ai déduit que le peintre avait représenté des costumes de son temps.
Y a énormément de choses intéressantes, n'empêche. C'est un jour de fête (much rejoicing, tout ça) et de recueillement à la fois. Donc, tout le monde a sorti la garde robe des grands jours. On constate les cottes fendues des messieurs, avec ce qui est clairement l'indication de godets centraux à plis au sommet (vu l'aspect bombé). L'omniprésence des tissus à motifs (les trucs qui, sur les enlu qui sont un chouïa beaucoup plus petites, sont signifiés par des petits points...), et, même, la variété de ces motifs (rayures, médaillons, motifs géométriques dans des losanges, etc...).
Autre indication : les manteaux ne sont pas doublés (ou alors, ils sont doublés de la même matière, laine ou fourrure) et ne paraissent pas retenus par des cordons.
Les fermaux sont plutôt du genre gros machins...
Ceintures des femmes nouées, et, pour ces messieurs, pas de ceinture apparente... (ça, se serait original... On ne voit rien sur celui en rayé, mais sur celui à la cotte à médaillon, il se pourrait que la ceinture soit planquée dans le pli du ventre).
Les manches des femmes laissent voir une sous couche plus serrée. Au col, j'avoue que je ne sais pas si c'est le retour de la vengeance de la sous-couche, ou l'habituel rehaut de blanc qu'on semble apprécier dans la peinture de l'époque... Mais qu'on ne trouve pas aux 4 santi à ce niveau (y en a plein les visages, en revanche...) Le peintre préférant le simple cerne noir. Ceci dit, le blanc est utilisé aussi pour tout ce qui est contour de pierreries ou pour figurer les perles (toujours aux 4 Santi)... Mais je préfère éviter de sauter -avec joie- sur l'amalgame : blanc = perles... Déjà, la forme...
Bon, alors, on disait que j'avais trouvé une source acceptable. Maintenant, on va réaliser tout ça.
Déjà, on oublie, pour un premier essai, le tissu à motif hyper cher...

Mais, comme je vais rester dans le statut élevé (genre la madame à droite, avec la jolie robe et tout, qui est plus grande que presque tout le monde, ça tombe bien, c'est tout moi), va falloir choisir les matières avec soin. Et je tape donc dans la laine ultra fine qu'on dirait de la soie...
Le costume se constituera comme suit :
Chemise de lin blanc, non visible.
Sous robe de lin vert pâle, avec motif dans le tissage, de grande qualité.
Robe de laine très fine, bleue schtroumpf (oui, c'est une nouvelle nuance

Voile de soie+coton (tissé main, importé d'Ouzbékistan). Comme on est en Italie, pourquoi se gêner ?

Déco cheveux, parce que je le vaux bien

Manteau de laine bordeaux, non doublé.
Ceinture galon (provisoire, en attendant d'en faire une qui va bien

Fermail à acheter... Désolée d'avoir réutilisé la fibule de la lointaine ancêtre du XIème siècle


La sous robe de lin (récup du XIème), avec petit liseré de soie jaune au col et aux poignets.
Le tissage
La robe de laine, patron trapèze avec inclusion d'un godet à l'avant et à l'arrière, plissé au sommet (forme trapézoïdale biseauté... Fausse couture sur le godet avant qui est d'une seule pièce). La hauteur de godet coïncide avec l'emplacement de la ceinture. Petit liseré de soie jaune au col en forme de coeur (c'est à dire avec sommets de l'amigaut arrondis et non à angle droit, comme on le trouve sur certaines sources méditerranéennes -Espagne... La mode de certaines régions d'Italie étant bien plus proche de l'espagnole que de la française...)
Les manches sont destinées à être plissées sur le poignet. Et la broche, c'est la première qui passait par là

Détail du voile, avant nettoyage de la craie
![heureux [img]smile/hapface01.gif[/img]](./images/smilies/hapface01.gif)
Et l'ensemble porté ce week end (sous la tente seigneuriale de Fief, ça le fait... Photos par Laetitia Breteaux-Martini)

La robe est un peu courte sur l'avant... J'avais qu'un coupon de 3m... Et il a fallu calculer pour avoir une ampleur décente. Comme on voit pas sur la source d'Anagni comment ça se passe (ben tiens, ça m'arrange... Mais, en toute franchise, je dois reconnaître qu'il y a de très très fortes chances pour que ça tombe bien sur les pieds


4m au sol... Bien planqués dans le godet en position fermée

La coiffure, ou "comment passer sa journée à remettre ses perles en place" (voir photo précédente, avant intervention coiffure de Laetitia


La "couronne" de perles est faite de perles d'eau douce blanches, un peu jaunies, roses, grises, bronzes et bleues. Avec 2 perles plus grosses que les autres -faut pas abuser- et perles de verre bleues et or...
Avec le manteau... Petit liseré de laine bleue (indigo, tout naturel) au point de chaînette. On voit un peu mieux le voile.
Oui, mes cheveux ont poussé à une vitesse folle. La rosée, peut-être

Valavala... La mode romaine XIIIème, un chouïa différente de la française, de l'anglaise ou de l'allemande. C'est tout l'intérêt de la chose

Au passage, la laine fine, ça se supporte bien même avec la canicule d'octobre, et 2 couches de lin en dessous... (Tant qu'on gigote pas trop et qu'on reste à l'ombre

