..."bien plus aboutie", ha bon ? Mais par rapport à quel modèle (nous n'en avons pas) ?... quelles sources, quels critères et quelle objectivité?... en relation ou en comparaison avec quoi ?Stéphane a écrit : Je pense que la restitution musicale de ces oeuvres est bien plus aboutie quand nous, musiciens du XXIè s, laissons libre cours à nos envies, notre créativité (dans l'instant ou non) (...)
J'insiste: nous ne pourrons jamais faire que des PROPOSITIONS, et en cela, elles ne peuvent prétendre être ni "plus abouties" ni "moins abouties" pour peu que l'on veuille les comparer les unes aux autres.
Encore une fois, chacun est libre d'interpréter ce répertoire médiéval comme il l'entend, mais alors avec une modestie de circonstance et en précisant quelle part a été laissée libre tant aux "envies" qu'à la "créativité"... parce qu'à défaut, le label "Musique(s) Médiévale(s)" est galvaudé puisqu’il est susceptible de proposer autant d’approches et de formes différentes qu’il y a d’artistes.
Donner "libre cours à nos envies, notre créativité" : tiendrions-nous le même discours s’agissant de musiques de périodes plus tardives (baroque, classique, romantique, etc.) ?...
Cher Stéphane, je ne vous ai absolument pas proposé de vous engager dans la quête d'un "graal" inaccessible (ni vous, ni Ony Wytars, ni personne d'ailleurs)... mais simplement de tenter, je dis bien tenter de se rapprocher du plausible en faisant la démarche (l'effort ?) de se pencher sur ce qu’est le Moyen Âge dans sa globalité (comme énoncé plus haut) ou plus précisément : sur tous les aspects qui faisaient le quotidien des gens (toutes classes sociales confondues) qui ont vécu à cette époque. Comment mieux essayer de comprendre la musique d'une période historique donnée autrement qu'en s'imprégnant de ce qu'était la vie des gens durant ladite période?... c’est sans doute quelque part par-là que doit se situer «l’esprit médiéval».Stéphane a écrit :plutôt qu'à vouloir, à toutes fins, se rapprocher d'un "Graal" qui nous échappera systématiquement, quoi que nous fassions. Comme disais justement Goupil: "Nous n'y étions pas".
Et comme Goupil, moi aussi je dis "Nous n'y étions pas", lorsque je fais remarquer que nous n’avons pas de modèle.
Évidemment, en proposant un exemple aussi caricatural que celui du second lien, vous propulsez la discussion dans une autre galaxie. La démonstration que vous tentez vire au ridicule avec ce qui ressemble davantage ici à un contre-exemple : un groupe qui «bourrine» comme tant d’autres le font sur toutes les kermesses médiévales et foires au boudin d’Europe : en fait, pour être clair, un exemple à ne pas suivre!Stéphane a écrit : Ce n'est pas seulement une note bien placée par rapport à une autre, ou une mélodie respectée à la lettre qui font d'une interprétation un discourt musical qui aurai pu exister, mais plutôt cet ensemble de qualités qui font un musicien.
En ce sens, je pense que (mais c'est bien sûr très subjectif) l'artiste du premier lien suivant (Théo Bleckmann) est bien plus proche de Guillaume de Machaut que ceux du deuxième, malgré un instrumentarium très contemporain. Car je pense que c'est l'intention (n'est ce pas Goupil?) qui fait toute la différence, et c'est ce qu'on retrouve dans l'ensemble Ony Wytars. Voilà pourquoi je pense qu'ils sont dans le juste.
http://www.youtube.com/watch?v=31jAFxH2hzE
http://www.youtube.com/watch?v=DQoo3tuTC54
Quant au 1er lien, si "l’esprit" y est (d'après-moi) : compréhension et restitution de la sensibilité qui se dégage de ce très beau poème de Machaut, + sobriété, + un certain maniérisme qui colle assez bien avec l’Ars nova (du moins dans la première partie de la prestation), il y a aussi cet appréciable décalage avec l’époque d’origine, notamment par le choix esthétique de l’artiste et l’atmosphère tout à fait singulière qu’il met en place… encore une performance !
Et quitte à tourner une manivelle et opter pour un bourdon continu, on se demande pourquoi il ne s’est pas muni d’un organistrum (mais non, je plaisante !).
Enfin, pour faire votre démonstration par comparaison entre deux types d’approches, vous auriez pu honnêtement me proposer la version d’Emmanuel Bonnardot (seul et s’accompagnant à la vièle), mais là, c’eut été moins flagrant, bien sur… et quitte à choisir, dans ce cas de figure, j’aurais dit : Bonnardot.
En fait ce que vous semblez préconiser, c’est : la musique que l’on adapte au (goût/envie/créativité/etc.) du musicien; et non le musicien d'aujourd'hui qui s’adapte à la musique d’un autre temps.
PS: En parlant d’instrumentarium, on notera que dans les deux exemples proposés les instruments sont anachroniques :
dans le premier c’est évident puisque c’est le choix esthétique de l’artiste ;
et dans l’autre cas, parce que ce groupe de musiciens (prétendant sans doute lui aussi "faire" de la musique médiévale) n’a pas fait la démarche ou l’effort, de jouer sur un instrumentarium intégralement adéquat (même que je voudrais bien regarder de près et écouter la vièle ovale qu'on aperçoit derrière).