A nuancer....
Dire que le Sud n'a plus été foutu de tisser avec la chute de l'empire romain, cela relève de ce que j'appelle la "SF historique"!
Nord ouest méditerranéen (voir le drap essor d'une grande industrie de D. Cardon) tend à prouver que pour cette région plus spécialement étudiée, la fabrication se maintient et persiste...
Il en est de même dans le nord, et ce depuis l'âge du fer jusque à maintenant...
Par contre, pour la période dite "âges obscurs" (me fait rigoler, mais bon): les "grosses productions" sont domaniales... et, dans tous les cas, pas mal d'abbayes reprennent (et en Provence) ce type de production...
L'industrialisation, avec la première révolution industrielle du MA, se déplacera plus dans les villes (=> naissance des guildes), effectivement quasi concomitante aux croisades (à la grosse louche, c'est plus subtil que cela, et les croisades n'ont pas apporté, et de loin, la "lumière de tout" en occident)
Là, effectivement, ce sera "à plusieurs vitesse": dans le nord, les villes deviennent plus vite "autonomes" des seigneurs, a contrario du sud.
Niveau "matière": elles remontent.... via le Rhône ainsi que les savoir-faire. En MOYENNE, le "nord" va s'orienter plus (aussi en gros) vers les productions "mixtes": coton/lin, coton/laine, lin/ laine....Lin/coton: il y en a production dans le sud (en tout cas Languedoc/Roussillon: voir les traces archéo à Toulouse
Soie: les italiens mettent très très vite la patte (et l'exclusivité) sur le traitement des cocons de soie. Plus tardivement sur la sériciculture. Curieusement, la "France" (échelle MA) embraie assez peu...Ce sont les comtes de Savoie qui dévelloperont cette activité qui, niveau Provence prendra son essor vers lafin MA et surtout la Renaissance, avec Lyon comme "pool de traitement".
Niveau teinture: là, c'est autre chose et effectivement le sud se débrouille pas mal.
On a des ateliers à pourpre (pas forcément le murex purpuralis, mais deux autres coquillages aussi). Garance: effectivement, sauf que très tôt, elle se déplace vers le nord (jusque en Brabant hollandais: XIV et XVème), mais, le plus important: le kermès! (là, je vous raconte pas les enjeux, protectionnisme et ravages écologiques!)
Les grands ports méditerranéens sont aux premières loges pour les matières, échanges de matières, importation de colorants, y compris "exotiques"...bois de santal, orcanette (dès les romains), bois de brésil, et... si, si: indigo!
Le sumac des corroyeurs (noir), pistachier térébinthe, lichens (venant pas mal d'Auvergne, Pyrennées...) font que les teinturiers dévellopent des couleurs assez intéressantes...
Pas oublier le pastel....qui, comme la garance, est "meilleur" dans certain coin plus qu'un autre!
Mouton: le "mouton de base provençal" ne casse pas 3 pattes à un canard en laine...Il est est bien, mais pas top. Par contre, il y a importation des moutons catalans (Pyrennées) et des contreforts des Alpes. Les romains arrivent avec un pool génétique qui améliore le truc. Les meilleurs draps seront, pendant quasi tt le MA les laines anglaises et le costwall (mais pour les très très très riches). Les catalans gardent leur qualité. Faut attendre la propagation du mérinos via l'Espagne berbère pour un changement freiné par les exigences des guildes avant que le mérinos (et celui d'Arles) devienne "reconnu" en haut de gamme.
Jusque aux croisades: traitement du poil de chameau....soit: le fameux "camel" qui se fait "éliminer" par protectionnisme des productions européennes... on en fera des draps "camel" mais teints...
Dans tous les cas, il faut retenir UNE CHOSE: en matière textile: on peut tisser, et des tissus très complexes, avec un métier fait de 4 bouts de bois...
Donc: traces archéo de ce genre de métier... ??????
Autre: Niveau méditerranée, les marchands banquiers ont démarré TRES tôt, négociant les matières, les déplaçant pour les faire "traiter" (filage/tissage), re-déplacement niveau des teintures, etc...
Un bon exemple: Datini (qui a eu la bonne idée de laisser ses archives en héritage à sa ville): il traitait sur 3 "comptoirs principaux": sa ville, Avignon et Barcelone...négociant: achat et revente de draps, commandes à un endroit (comptoir => cela fait taffer les gens du coin + arrière-pays) pour refiler à un autre endroit...
Il y a eu un très bon article à ce sujet dans un Histoire & Images médiévales, du reste...
Là, je résume solidement....1000 ans de textile et ses évolutions/commerce, etc...il y a matière!!!!
