Cuir noir

Sources, techniques, matières...

Modérateur : L'équipe des gentils modos

Avatar du membre
MikaH
Messages : 2053
Enregistré le : sam. mars 04, 2006 12:00 am
Localisation : Brabant Wallon

ven. mars 17, 2006 1:22 pm

En parlant de couleur, j'ai une amie qui a réalisé un petit blog explicant les couleurs, c'est instructif:
http://mulionne.googlepages.com/home
Je sais qu'elle a travaillé à partir de livres sérieux mais je ne sais lesquels par contre.
Elle confirme d'ailleurs que les couleurs des enluminures (littéralement qui "met en lumière") ne sont pas toujours représentatives des couleurs possible en teinturerie, on redoublera donc de prudence lorsqu'on achète du tissu fort coloré.
Avatar du membre
Réchignac
Messages : 3696
Enregistré le : lun. juil. 21, 2003 11:00 pm
Localisation : Montpellier
Contact :

sam. mars 18, 2006 4:15 am

perlinelatisserande a dit :
ce qui semble indiquer qu'il l'a teint en noir après l'avoir fabriqué et non en utilisant un cuir noir déjà éxistant et avec "seulement" du vinaigre et du fer... hummm
j'ai fait le test ce matin sur du cuir tanné végétal.
La réaction ne prend pas immédiatement et il faut bien mouillé le cuir au vinaigre. On obtient ainsi un noir pas vraiement noir mais plutôt un gris anthracite.
Mais le résultat est concluant et c'était tout bête, il fallait le savoir.
JME Reproductions Antiques et Médiévales
Armures, cottes de mailles rivetées et bouclerie
bastien le grand
Messages : 1239
Enregistré le : jeu. oct. 06, 2005 11:00 pm
Localisation : chalon sur saône

sam. mars 18, 2006 5:40 am

Merci de cette précision car j'ai fait mes chaussures en cuir noir (effectivement plutôt anthracite ++) et j'avais peur de ne plus pouvoir les porter....

Perline, j'ai peur que le cuir que tu as soit trop fin pour des chaussures.

On en trouve aussi chez medievae (ma douce a achété les siennes chez lui)
Bastien l'épicurien                            


La vérité est dure comme l'acier.


<img src="http://pic.aceboard.net/img/12392/4980/1206384459.jpg" alt="http://pic.aceboard.net/img/12392/4980/1206384459.jpg" style="border:0" /> <img src="http://pic.aceboard.net/img/12392/4980/1208201410.jpg" alt="http://pic.aceboard.net/img/12392/4980/1208201410.jpg" style="border:0" />
Avatar du membre
Réchignac
Messages : 3696
Enregistré le : lun. juil. 21, 2003 11:00 pm
Localisation : Montpellier
Contact :

dim. mars 19, 2006 2:16 am

bon finalement après qu'il ait séché complètement, le cuir est noir et jusqu'au coeur, sur les tranches et à l"envers car ça traverse. En plus c'est homogène. Que demandait de plus moi qui ai de la poussière de métal à volonté.
Donc merci perline pour ce tuyau.
JME Reproductions Antiques et Médiévales
Armures, cottes de mailles rivetées et bouclerie
Avatar du membre
gilles xv
Messages : 288
Enregistré le : mar. juin 14, 2005 11:00 pm
Localisation : Orsan

dim. mars 19, 2006 3:58 am

perlinelatisserande a dit : Mais quand au cuir noir... il me semble que sont "noir est assez significatif... il suffit d'entrer dans une boutique de cuir pour se rendre compte qu'il existe toute sortes de rouges, bruns et marrons... mais un seul noir (l'envers du cuir est gris bleuté) et c'est pour celui ci que j'aimerai des précisions.
PERDU ! Image
Comme toutes les autres couleurs, le noir a des variantes de teintes... Il n'y a donc pas un noir, mais plusieurs et c'est même la couleur où il y a le plus de variante (étrangement). Image Parlez-en dans un magasin de fringues... Pour le cuir, c'est pareil. Après vérifications, les peaux que j'ai n'ont pas exactement la même couleur.
Sinon, ben merci du tuyaux parce que c'est pas évident de trouver du tanné végétal en noir ou déjà teinté Image .
Tchhhhaaaa !!! Va y avoir du fight !!!
Avatar du membre
brunal
Messages : 2971
Enregistré le : jeu. juin 23, 2005 11:00 pm
Localisation : Lutèce et pis net

dim. mars 19, 2006 4:50 am

Oui, cool, je le note !
(Ouèèè j'ai des réserves de limaille de fer qui vont enfin pouvoir servir sans attendre un bas fourneau)
De nouveau en ligne :
les forges batignollaises
l'encyclopédie médiévale de Maciejowski, (pas finite, hein)
Quelques couneries virtuelles
Aïe! Ouille! Oui, bon ok, je reviens doucement, patapé...
Avatar du membre
le grand faucheur
Messages : 4906
Enregistré le : mar. janv. 04, 2005 12:00 am

jeu. mai 25, 2006 2:02 pm

je confirme, dans l'optique de faire une aumonière nori copiée des très riches heures du duc de berry... éh bah j'ai trouvé comment fairedu noir!! ça marche très très bien!! et ça coute moin chère qu'une teinture moderne
per deum et ferrum obtinui!





true and sure, ad metam diriget deus et recte colineo!





<img src="http://img223.imageshack.us/img223/3533 ... 309zp9.jpg" alt="http://img223.imageshack.us/img223/3533 ... 309zp9.jpg" style="border:0" />





!BBB!
Avatar du membre
beraud de mercoeur
Messages : 1046
Enregistré le : dim. avr. 09, 2006 11:00 pm
Localisation : Aubenas

jeu. mai 25, 2006 3:49 pm

Merci pour tes infos Perline. En plus, moi je me bat depuis des années avec des centaines d'enluminures où toutes les pompes sont noires... Et personne ne me croit....

Sinon une remarque : noir c'est noir. En colorimétrie il n'existe pas de nuances de noir.

Quand c'est pas noir, ça provient de la matière, de la lumière, des produit de teinture.
Avatar du membre
perlinelatisserande
Messages : 2448
Enregistré le : mer. janv. 05, 2005 12:00 am
Localisation : Paraguay
Contact :

mar. mai 30, 2006 3:25 am

en effet, je suis contente de ma "trouvaille" lol... retse plus qu'à trouver du cuir tanné végétal pour tenter et me faire des chaussures (c'est vrai que celui que j'ai a plutôt l'air de tanné crome et c'est du cuir de pantalon donc surement trop fin)
Avatar du membre
le grand faucheur
Messages : 4906
Enregistré le : mar. janv. 04, 2005 12:00 am

mar. mai 30, 2006 5:42 am

faut regarder la tranche, et le mdos, si c'est bleu c'est tanné chrome.
per deum et ferrum obtinui!





true and sure, ad metam diriget deus et recte colineo!





<img src="http://img223.imageshack.us/img223/3533 ... 309zp9.jpg" alt="http://img223.imageshack.us/img223/3533 ... 309zp9.jpg" style="border:0" />





!BBB!
Avatar du membre
melissandre
Messages : 1547
Enregistré le : jeu. févr. 02, 2006 12:00 am
Localisation : magalas

mar. mai 30, 2006 6:43 am

En fait on reconnais le cuir chromé aux différence de couleurs que présente la tranche. Mais il n'est pas forcément bleu sur le dos.
Avatar du membre
jack pumkin
Messages : 1300
Enregistré le : mar. mars 07, 2006 12:00 am
Localisation : Caen

mar. mai 30, 2006 7:35 am

J'avais pourtant entendu dire que le cuir noir était à banir jusqu'au XVe siècle...
Avatar du membre
perlinelatisserande
Messages : 2448
Enregistré le : mer. janv. 05, 2005 12:00 am
Localisation : Paraguay
Contact :

mar. mai 30, 2006 7:52 am

bah tout le monde dit ca... parce que le cuir noir est teint avec le bois de brésil qui avant le XV coutait vraiment trés cher... (cf plus haut)

J'ai posé la question à une archéologue qui m'a répondu qu'on ne pouvait l'affirmer car les chaussure retrouvée étaient pour la pluspart dans la boue et que le cuir faisant des échange avec son milieu peut ainsi changer de couleur et perdre toute sacoloration sauf si peint (c'est trés résumé mais en gros c'est ca)...
donc que tu ne peux dire archéologiquement si elle l'étaient ou pas du coup pas trouvé en vrai= vaut mieux éviter et si en plus on sait pas comment faire avec des materiaux réalistes pour l'époque

Mais quand tu regarde les enluminure il y a des chaussures noires et des brunes, ce n'étais donc pas une règle de représentation... Le pourquoi de l'interrogation.

Quand aux explications du pourquoi non avant le XV elles ne me satisfesaient pas.
Donc recherche
donc conclusion: possible, réalisable à moindre coût, ensuite à toi de juger si tu attend de retrouver des reste archéologique en lieu sec qui pourrait prouver que, ou si tu fait la démarche que j'ai faite tout en admettant que ce n'est qu'une démarche et qu'il n'y a pas de preuve à mettre sous les yeux (enfin pour l'instant!)



Et voilà l'article que j'ai mis en ligne résumant NOS recherches et NOS essais et où je cite tous ceux qui m'ont aidé

http://perlinelatisserande.over-blog.co ... 96086.html
maistre vaillant
Messages : 55
Enregistré le : sam. déc. 03, 2005 12:00 am
Localisation : troyes

mar. mai 30, 2006 4:36 pm

pour répondre a vos intérrogation ce type de teinture virerat au gris dans kelke temps ,ce sont des teintures de type peuple et non pas seigneurial
sur les differentes recherches que nous avons pu faire a l'atelier nous sommes arrivés a la conclusion suivante qui ne fait pas office de vérité absolue mais simplement de logique :
tous les dérivés d ' ocre de marrons des végétaux et ce fameux noir qui virera au au gris sont pour le bas peuple
les couleurs chatoyantes issus notemant du minéral sont réservé aux gents qui avaient de l'argent et alors le noir véritable était réservé aux fortunés
tenez c'est issus du site : sur les chemin du moyen age

"Textes techniques médiévaux sur le tannage et la teinture du cuir"

Ricardo Cordoba de la Llave

Le travail du cuir de la préhistoire à nos jours , (Actes des rencontres organisées par l'APDCA, Antibes, 18-20 octobre 2001), AUDOIN-ROUZEAU F., BEYRIES S (dir), 2002.



Sur la teinture du cuir

L'auteur de l'article rappelle que les écrits techniques du Moyen-Âge et de la Renaissance contiennent peu d'indications sur le tannage et la teinture du cuir. Il s'appuie sur trois textes qui se détachent parmi ces écrits, contenus dans des traités essentiellement consacrés à la préparation et à l'application des couleurs utilisées comme pigments dans la peinture ou comme teinture de tissus et de soies – d'où le fait que les données retrouvées sur le travail du cuir concernent fondamentalement la teinture des peaux.

Mais on trouve également des informations sur le processus de tannage et de préparation du cuir (tannage minéral ou à l'alun).

Trois textes donnent des renseignements sur les techniques du tannage et de la teinture des peaux :

• le Compositiones Variae

• le Manuscrit de Bologne

• le Plictho dell'arte dei tintori de Gioanventura Rosetti





• le Compositiones Variae (dont on retrouve les recettes dans le Mappae Clavicula) :

ou Compositiones ad tingenda musiva . Il s'agirait d'une transcrïption d'un manuscrit de l'époque de Charlemagne dont le texte serait passé presque en entier à un manuscrit plus tardif, le Mappae Clavicula . Certains passages semblent avoir été compilés à Alexandrie au VIe siècle, et traduits en latin au VIIIe siècle. Son origine préislamique est évidente mais on y remarque aussi quelques influences arabes. Il provient de Méditerranée orientale. L'auteur souligne l'origine byzantine des recettes ainsi que le fait que cet ouvrage soit le résultat de la juxtaposition de plusieurs textes différents.

Les Compositiones sont un cahier de recettes et de textes très divers, probablement réunis par un praticien pour l'exercice de sa profession. Il contient 157 recettes traitant d'aspects très divers comme la fabrication de verre coloré, la préparation du parchemin, la préparation de pigments végétaux utilisés par les peintres et enlumineurs, la teinture des peaux, etc.

On retrouve les recettes du Compositiones variae dans un traité compilé à une date antérieure : le Mappae Clavicula , dont le plus ancien manuscrit conservé date du IXe siècle. Il semble avoir été compilé à cette époque dans le sud de l'Italie et le texte, composé de deux parties, en est en général plus complet que les Compositiones . La première partie traite des métaux précieux tandis que la seconde fait référence à des recettes de teinture.





• le Manuscrit de Bologne :

Les manuels de teinture cités ci-dessus perdurent au XVe siècle avec le manuscrit de Bologne, ou Segreti per Color, daté de la première moitié du XVe siècle.

Il s'agit d'un texte compilé par un auteur anonyme, classant par thèmes des recettes issues de diverses sources et origines.

Les cinq premiers livres décrivent la préparation des pigments et l'application des couleurs, les livres suivants abordent des thèmes comme la teinture des peaux et les méthodes de tannage, ou la préparation de vernis pour le vernissage de la céramique.





• le Plictho dell'arte dei tintori de Gioanventura Rosetti :

Ce traité daté de 1548 décrit la teinture de la soie, de la laine, du coton, des tissus et des peaux. Il s'agit du premier manuel imprimé entièrement consacré à la teinture des toiles et des peaux. Il contient surtout des détails techniques sur la teinture des toiles et des cuirs telle qu'on la réalisait dans l'Italie du XVIe siècle.

Le manuel est divisé en quatre parties ; les deux premières concernent la teinture de la laine, du coton et du lin dans une grande variété de coloris, la troisième partie porte sur la teinture de la soie et la quatrième enfin concerne la teinture et le tannage du cuir. Ce dernier chapitre inclut la descrïption détaillée de nombreux procédés mal documentés dans d'autres œuvres à caractère technique de cette époque.



Il existe un rapport évident entre ces différents manuels qui s'inscrivent par ailleurs dans une tradition littéraire destinée à la diffusion des techniques industrielles de l'époque ainsi qu'à l'enseignement es artisans. Les recettes qu'on y trouve sont très semblables et les variantes résultent essentiellement de différentes possibilités existantes pour accomplir chaque tâche.

Quant aux processus de tannage et de teintures qui y sont décrits, ils répondent avec exactitude aux traitements utilisés à l'époque par les tanneurs et les corroyeurs. Il s'agit très probablement de manuels d'utilisation pratique.



La nature des informations contenues dans ces manuel est exclusivement technique. Leur contenu se concentre sur trois aspects : les techniques de tannage à l'alun, l'application des couleurs pour obtenir des peaux de différentes teintures, et les opérations de corroyage et de graissage qui donnent au cuir sont aspect final.



Les procédés de teinture du cuir sont assez similaires à ceux utilisés pour teindre les tissus et les soies.

Les peaux tannées à l'alun n'avaient probablement pas besoin d'un mordant pour fixer les couleurs, avant de recevoir la teinture.

En revanche, pour les peaux ayant reçu un tannage végétal ou qui n'ont pas reçu d'alun, l'application du mordant est indispensable.



Pour teindre le cuir, les mordants utilisés étaient l'alun, le tartre ou la noix de galle.

L'utilisation de l'alun apparaît pour différents types de peaux.

Dans le Mappae Clavicula , l' "alun d'Asie" est appliqué sur des peaux vermillon, rouges ou vertes.

Le Manuscrit de Bologne évoque quant à lui l'utilisation d'alun de roche dissous dans de l'eau tiède et appliqué au pinceau des deux côtés de la peau, pour la teinture de peaux de chèvre avec du brésillet – ou bois du Brésil.



Pour la teinture de peaux de brebis en vermillon, un double mordant est appliqué : soit de la noix de galle puis, une fois la peau sèche, de l'alun de roche, soit les mêmes matières mais dans l'ordre inverse.

Pour teindre des peaux en noir, seule de la noix de galle bien moulue est utilisée.

Une fois le mordant appliqué, il convient de bien laver les peaux afin qu'elles soient prêtes à recevoir la teinture.



La seconde phase consiste à appliquer directement la couleur.

Les substances utilisées pour teindre le cuir sont celles utilisées pour teindre les tissus.

Pour obtenir des tons rougeâtres, mauves ou violets, le brésillet est le plus utilisé.

Le safran permet de teindre en jaune tandis que le vert-de-gris ou la terre verte permettent d'obtenir les teintes vertes.

Pour les tons bleus on utilise l'indigo et pour les tons noirs la noix de galle et le vitriol.

Il s'agit des matières "de base", mais on utilisait également d'autres substances moins connues et moins utilisées, qui apparaissent d'ailleurs presque toujours en complément des matières citées ci-dessus. Parmi les principales, les graines de nerprun (vert), le fenugrec, la cochenille, l'orseille et le blanc d'Espagne.



On trouve également d'autres substances qui servent à faire fermenter les couleurs ou qui sont utilisées comme complément de leur préparation : urine, fumier, vinaigre, vin, chaux, gomme arabique, huile de lin, savon, alun, tartre, noix de galle, ammoniaque, sel, poussière de cuivre ou de fer…

Elles n'agissent pas en tant que substances colorantes mais interviennent dans la composition des couleurs.



Toutes les teintes nécessitent un processus de préparation préalable au cours de laquelle elles sont triturées, bouillies. Elles fermentent avec des substances en putréfaction, sont mélangées à d'autres matières… Des bouillons ou des pâtes sont ainsi préparés, ils rendront la prise de la couleur plus efficace et plus durable.

Presque toutes les teintes s'appliquent tièdes ou froides, mais jamais chaudes.

Les teintes peuvent être appliquées à l'extérieur de la peau avec des brosses, pinceaux, éponges ou à l'aide d'un instrument appelé "pied de lièvre".

On les frotte toujours sur les deux faces ou bien on les introduit par l'intérieur quand les peaux sont cousues en forme d'outres ou de sacs.

Selon l'intensité de la couleur ou la perfection qu'on désire obtenir, diverses couches sont appliquées. Il convient de toujours laisser sécher (complètement ou à peu près) la peau entre chaque couche de teinture.





Différentes recettes de teintures sont données par les textes en question.

Dans le Mappae Clavicula : pour teindre en pourpre, on utilise du brésillet qui aura été mis à bouillir au préalable dans de l'urine pourrie ou du vin.

Le brésillet est également utilisé pour teindre en vermillon. Le Manuscrit de Bologne en conseille l'utilisation moulu et bouilli. Après une nuit laissé au repos, le brésillet est mélangé à du fenugrec et des graines de lin.

Autre recette : le brésillet est mélangé à du tartre ou du tartre mélangé avec de la gomme arabique. On trouve aussi du brésillet mélangé à de la chaux et de l'alun, ou encore à de la chaux et de la gomme arabique.



Pour teindre en violet, c'est encore le brésillet qui est utilisé avec un peu de chaux vive, ou du brésillet avec de la chaux, de la cendre et du sel.

La teinte appelée couleur brésillet est obtenue en mélangeant le brésillet à du cinabre et en les faisant bouillir ensemble dans du savon. On peut aussi mélanger du brésillet, du vinaigre et de l'alun, ou du brésillet, de l'alun, de l'encens et du fenugrec.



Pour teindre en rouge, on trouve chez Rosetti une recette à base de brésillet et de gomme arabique, ou de brésillet avec du savon, du fenugrec et du plâtre. Le Manuscrit de Bologne conseille quant à lui l'utilisation d'une pâte appelée sanguinarella avec du vinaigre de vin blanc.



On ne trouve de recette pour teindre en jaune que chez Rosetti : il s'agit d'un mélange de safran et d'alun.



Pour teindre en vert les matières végétales occupent la première place. Le vert-de-gris est recommandé dans le Mappae Clavicula et le Plictho . Rosetti conseille un mélange de deux tiers de vert-de-gris avec une livre et demie de poussière de cuivre. Il faut les faire bouillir avec de l'ammoniaque et y ajouter de l'alun ou du sel gemme.

Les graines de nerprun sont également très largement utilisées.

On trouve dans le Manuscrit de Bologne une recette où des graines de henné sont mélangées à des figues tendres, des graines de nerprun et du vinaigre.

Chez Rosetti, il s'agit d'un mélange de graines de nerprun, de vinaigre blanc, de vin fort, de vert-de-gris ou de savon.



La teinture en bleu est essentiellement réalisée avec l'indigo. Soit il est bouilli dans du vinaigre, soit il est mélangé à du blanc d'Espagne ou à du tartre. On peut aussi l'incorporer à un mélange de savon, de chaux, d'huile et de blanc d'œuf, ou encore de vinaigre, de savon et de gomme arabique.

Pour la couleur turquoise, on mélange du blanc d'Espagne à ce dernier mélange, ou on combine de l'orseille à de la chaux et de l'urine ancienne.



Enfin, pour teindre en noir, la noix de galle et le vitriol sont omniprésents.

Une recette du Manuscrit de Bologne consiste à appliquer sur la peau des bains successifs de brésillet, de chaux vive et d'huile (on applique trois couches de brésillet seul, puis une quatrième couche d'un mélange de brésillet et de chaux vive, puis une dernière couche d'huile avant que la peau ne soit totalement sèche) ou bien encore de vitriol.

Selon Rosetti, il faut traiter d'abord la peau à la noix de galle, puis avec un mélange de vinaigre et de fer oxydé que l'on a fait bouillir ensemble. Autre possibilité, une solution de noix de galle moulue, de vitriol romain, de vitriol allemand et de poussière de fer que l'on mélange à de l'huile de lin et du savon.

Pour les peaux foncées ou "berettine", les recettes sont très semblables. Le Mappae Clavicula conseille, lorsqu'on veut teindre des peaux foncées, avant l'application de brésillet, de cochenille ou de n'importe quelle couleur, de les immerger dans du vitriol.

Dans le même but, Rosetti recommande un mélange de vitriol romain et de noix de galle à proportions égales, auxquelles ajouter de l'huile et du savon si on veut rendre noires les peaux foncées. On peut aussi utiliser un quart d'once de brésillet, six onces de noix de galle et deux onces de cochenille, auxquelles on ajoute ensuite six onces de vitriol.

Le Manuscrit de Bologne recommande presque toujours l'addition de jaunes d'œufs pour foncer le ton des différentes couleurs, plus rarement pour certaines peaux de la chaux vive, du fenugrec ou du savon.





Les textes mentionnés contiennent également différentes techniques pour dorer les peaux, soit par une application de peinture, soit par l'utilisation du pain d'or.





Après le tannage à l'alun ou à l'huile, l'application du mordant, leur teinture (et même entre les différentes couches de couleur), on laisse toujours sécher les peaux, à l'ombre, dans des endroits sans soleil ni air, ces deux éléments les durcissant trop. Le plus habituel semble être le séchage dans un lieu clos.

Les différents manuels mentionnent à peine les opérations de finition des peaux, même si est souvent soulignée la nécessité de les frotter, tordre et polir après la couleur pour qu'elles acquièrent leur souplesse et aspect définitifs.

Habituellement, les peaux étaient polies pour leur donner une surface lisse et brillante très caractéristique. Lustrage et polissage pouvaient être faits à la pierre ponce, mais on utilisait plus fréquemment un frotteur composé d'un manche de bois au bout duquel on plaçait un bouton ou un morceau de verre qui servait à polir.



Les manuels décrivent des opérations très diverses obéissant à deux motifs fondamentaux. D'une part, selon le type de peau à travailler, selon les particularités du cuir que l'on devait obtenir ou les tonalités que l'on devait présenter, différentes sortes de traitements, de couleurs et de recettes existaient, déterminant des résultats tout aussi différents.

D'autre part, diverses substances et opérations pouvaient aboutir à des résultats semblables, voire similaires. Différentes recettes pour un même but ne signifie donc pas nécessairement que certaines fonctionnaient mieux que d'autres mais plutôt qu'on se trouve face à l'existence de traditions locales ou à différentes possibilités de tannage et de teinture de la peau.



Mis en ligne le 19/06/2005
ATELIER A COEUR VAILLANT


maroquinerie militaire et civile


<a href="http://www.cc-parthenay.fr/a-coeur-vaillant" target="_blank">http://www.cc-parthenay.fr/a-coeur-vaillant</a>
Avatar du membre
yrwanel
Messages : 5715
Enregistré le : jeu. janv. 01, 1970 1:00 am

mar. mai 30, 2006 6:53 pm

Ouaaaah!
Merci pour cette réponse détaillée!
Répondre

Retourner vers « Réalisation du costume civil »