ambract a écrit :les formations romaines tardives sont tres bien détaillées par les auteurs de l'antiquité tardive, ce sont donc plus que des hypotheses de travail. De là à les appliquer au haut Moyen Age en général, je suis par contre d'accord avec toi pour nuancer.
Les formations XIVe et XVe (c'est plus mon champas d'activité) sont loin d'être des masses informes de mecs se jetant sur d'autres mecs.
L'infanterie de base est structurée par dizaines, avec des "sous-officiers" et des "officiers" (dizainiers, connetables, etc). Les formations d'hastiers sont tres rigoureuses, et cela gagne encore en efficacité jusqu'à la fin du XVe (on voit même les dizainier qui encadrent leurs rangs sur les "Chroniques de Schilling".)
Pardon je me suis fait mal comprendre, je parlais des formations républicaines mea culpa.
Pour les structures du bas moyen âge, attention là aussi, à ne pas confondre organisation destinée à mieux encadrer les troupes et organisation tactique. La lance d'ordonnance n'est pas une unité tactique mais fiscale.
Je rejoins mes collègues historiens militaires pour dire que se donner une idée de ce que met en jeu une bataille (si l'on peut établir qu'il y a des traits communs tellement la bataille à certains moments est un
unicum) il faut à mon sens plus s’intéresser à la psychologie du combattant, à ses intérêts et ses représentations de la guerre, à son approche sociale de la guerre, car du noble homme d'armes au contingent de troupes urbaines, l'idée qu'ils se font de la guerre, et de la bataille, n'est pas la même.
Du coup si on parle tactique, c'est fondamental de se dire que ces gens là n'ont pas les mêmes approches: mes bourgeois bordelais, en bon négociants, en marchands, livrent bataille quand ils estiment en tirer des gains et des profits et ont donc une approche tout à fait opportuniste de la guerre, ils jouent en contre dirait-on en rugby.
Que peuvent avoir lu ceux qui établissent ces tactiques? ces stratégies? Difficile à dire. Ce n'est pas parce qu'on a un traité dans une bibliothèque nobiliaire, ou un exemplaire de Végèce, que ce noble l'a lu, et encore moins retenu. Quelle est l'importance de l'expérience, notamment celle transmise lors de l'apprentissage? La mémoire guerrière collective? Bref c'est plus dans cet axe qu'il faut voir les choses que dans des textes séparés de l'action par le temps et l'espace.
Pour l'Histoire bataille en France, je pense qu'il est temps d'arrêter d'avoir peur de saisir à bras le corps les récits de bataille et qu'il faut les exploiter avec systématisme, comme en diplomatique, avec une méthode qui doit encore être mise en place.