Les couleurs au Moyen-Age
I- A propos des couleurs
La couleur : où, pourquoi, comment ?
Le monde de la couleur est fortement influencé par l'héraldique. Les armoiries sont apparues dans le courant du XIIième siècle mais leur usage s'est développé à partir de 1200 à 1220. L'héraldique a contribué à faire des 6 couleurs des couleurs de base. Elle a habitué l'oil à des associations, ou à discréditer, à raréfier d'autres associations (rouge et noir, vert et bleu, bleu et noir). La perception de l'héraldique a influencé la perception des couleurs : c'est la distinction des couches colorées empilées les unes sur les autres qui permet à l'oil de différencier ces plans. La lecture se fait en partant du fond, la superposition est lue avant la juxtaposition.
Images du monde des teintures et des teinturiers
Le mot infectur apparaît dès la fin du XII ième siècle et désigne à la fois la teinture et l'ordure, puis le terme infection est attesté au siècle suivant avec les mêmes significations. Il existe ainsi un caractère suspect, sinon réprouvé du métier de teinturier. Ceux-ci ont longtemps dépendu des épiciers et des apothicaires qui les approvisionnent en drogues et en matières colorantes. De plus une idée ancienne voulait que les activités en relation avec le fil, l'étoffe ou le vêtement soient par essence des activités féminines (influence de la Bible et de l'image d'Eve filant après l'expulsion du paradis).
On teint rarement le fil (sauf pour la soie) ou la laine en flocons. On teint presque toujours le drap tissé. Il faut une licence pour teindre dans une gamme de couleur, et on aboutit donc à une sorte de spécialisation en fonction de la couleur. Ainsi les teinturiers en bleu prennent en charge les tons verts, noirs, et les teinturiers de rouge, la gamme des jaunes.
Le tabou des mélanges
Mélanger les matières colorantes est aussi tabou. Mélanger des teintures végétales, animales, minérales est très transgressif. L'interdit est hérité du Lévitique. On évite de fabriquer des étoffes en mélangeant des fibres végétales et des poils d'animaux. Une réalisation de ce type est le signe de pauvreté (fabrication de bure, de futaines, de tiretaines ordinaires) ou la volonté de mettre en avant le statut inférieur, marginal ou réprouvé.
Le bariolage sur un tissu est la marque de la souillure, marque infâmante. Il est de l'ordre du maculosum, du tacheté désagréable pour l'oil, scandaleux pour la société. Les hommes et les femmes éprouvent une véritable phobie des taches (peau ou pelage). Les malades sont mis au ban de la société, les animaux sont des créatures du diable (crapauds, dragons, frelon, guêpe, hyène, tigre, léopard). Seule la panthère est prise en bonne part car elle dégage une odeur merveilleuse qui chasse les dragons.
Il y a polychromie (notion négative) quand les couleurs sont posées sur le même plan, les unes à côté des autres et non empilées. Ainsi porter une chemise blanche, une tunique bleue, une robe rouge et un manteau vert ne constitue pas une tenue bigarrée.
La couleur et l'exclusion
- rouge et blanc
- rouge et jaune
- blanc et noir : seuls ou en association désignent les misérables et les infirmes (les lépreux)
- rouge : les bourreaux et les prostituées
- jaune : les faussaires, les hérétiques et les Juifs. C'est la couleur qui a fini par s'imposer mais pendant longtemps on a prescrit le port de marques unies (rouges, blanches, certes, noires ou mi-parties, mi-coupées, ou écartelées jaunes et vertes, jaunes et rouges, rouges et blanches, blanches et noires).
- vert seul ou jaune et vert : musiciens, jongleurs, bouffons, fous.
- rouge/vert/jaune : combinaison trichrome la plus voyante qui exprime la polychromie (sens péjoratif au moyen age).
Ces combinaisons se présentent en parti, coupé, écartelé, fascé ou palé. Il existe des contre exemples : ainsi les prostituées sont en rouge en France (robe, aiguillette, écharpe, chaperon, manteau) mais à Londres, elles ont des vêtements rayés de plusieurs couleurs.
Les couleurs vues par l'Eglise.
Saint-Bernard est le " grand ennemi de tout ce qui brille " . Dans la couleur, il voit du mat, du sombre, un élément qui obscurcit. Il déclare la guerre aux couleurs où qu'elles se trouvent (vitraux, enluminures polychromes, orfèvrerie, pierres chatoyantes) et elles doivent être chassées des églises. Ainsi dans les églises cistersiennes, les couleurs sont absentes au XIIème siècle.
Suger a une position contraire. Pour lui l'abbatiale de Saint-Denis doit être le temple de la couleur. Ainsi, chez les Clunisiens, les églises sont bariolées. Cette position est partagée par de nombreux prélats jusqu'à l'époque de Saint-Louis.
L'Eglise possède aussi ses couleurs. Leur mise en place s'est faite entre l'époque carolingienne et le XIIIème siècle. Dès le IXème siècle, le noir, couleur de l'humilité et de la pénitence semble être devenue la couleur monastique (mais la réalité textile est différente : les tissus sont gris, bruns, blancs ou de teinte naturelle). Après le XIIème siècle, les écarts se rétrécissent entre les couleurs idéologiques et les couleurs effectivement portées.
- les Cistersiens : veulent le retour aux origines, c'est-à-dire les étoffes à bas prix, faites d'une laine non teinte (c'est-à-dire tirant vers le gris).
- Les Franciscains : appelés les " frères gris ".
- Les Dominicains : en blanc (robe) et en noir (chape), symboles de la pureté et de l'austérité. Cela correspond à la déclinaison en épaisseur des couleurs vestimentaires.
Utilisation des mordants
- l'alun : il fait l'objet d'un grand commerce aux XII et au XIIIsiècle. Il est importé d'Egypte, de Syrie et d'Asie Mineure (Phocée). Son commerce est entre les mains des Gênois. Il est réservé à la teinturerie de luxe.
- Il y a des mordants moins chers : tartre, chaux, vinaigre, urine, cendre de bois (noyer).
Les couleurs : obtention et symbolique
Le rouge
Au XII siècle c'est la couleur prestigieuse, celle des riches, des puissants. Le rouge est obtenu de diverses manières. Mais il y a le bon et le mauvais rouge. Le mauvais rouge est contraire du blanc divin. C'est la couleur du diable et de l'enfer. Par extension toutes les créatures à tête ou poils rouges sont considérées comme plus ou moins diaboliques (le renard, mais aussi les chevaliers vermeils des romans arthuriens qui sont toujours des chevaliers animés de mauvaises intentions).
Matières colorantes et mordants :
- La graine : c'est le nom du kermès, utilisé pour les draps et fournit les draps écarlates. C'est la seule matière d'origine animale. Incarne le luxe et vient des régions orientales de la Chrétienté.
- La garance : ce n'est pas un produit de luxe importé de l'orient, mais produite en occident. Elle permet d'obtenir une vaste gamme de couleurs : orange, vermillon, carmin, grenat, pourpre, violet. Elle nécessite un mordançage fort.
Le bleu
Avant le XIIième siècle, le bleu est peu valorisé, et compte moins que les 3 couleurs autour desquelles s'organisent tous les codes de la vie sociale (le blanc, le noir et le rouge). Le bleu n'est même pas la couleur du ciel qui est plus souvent blanc, noir ou rouge. Puis il y a une forte promotion du bleu dans la deuxième moitié du XIIème siècle, entre autre avec le culte marial et l'adoption de l'azur pour les couleurs royales françaises (St Louis). La révolution se produit vers 1140. Vers 1170-1180, on commence à se vêtir de bleu dans les milieux aristocratiques. Les progrès des techniques tinctoriales à la fin du XII ième siècle et au début du XIII ième siècle permettent la fabrication d'un bleu clair et lumineux. Le bleu devient même la plus belle des couleurs et il prend dans ce rôle la place du rouge (qui commence à reculer). Il faut alors trouver une autre couleur négative, dépréciée, ce sera le noir.
Matières colorantes et mordants :
- La guède : vers 1250, la guède fait l'objet d'une véritable culture industrielle, mais est chère car longue à fabriquer. Au XIIIième siècle, sa culture est en pleine expansion (Picardie, Languedoc, Thuringe). Elle ne nécessite qu'un mordançage faible.
- L'indigo est plus tardif. Il ne nécessite qu'un mordant léger ou pas de mordant du tout. Il est utilisé depuis longtemps en Orient, en Palestine. Il est obtenu à partir des feuilles les plus hautes et les plus jeunes. Il donne un bleu profond aux étoffes de laine, de soie, de coton, sans même mordancer. Il suffit de plonger l'étoffe dans la cuve et de l'exposer à l'air libre.
Le vert
Perception de la couleur :
La couleur verte, difficile à obtenir, met en valeur ou emblématise l'instable, l'éphémère, le mouvant... (la jeunesse, l'espérance mais aussi le désespoir). Association et contexte diront la symbolique de cette couleur. Associé au jaune, il devient la couleur de la folie ou de la mélancolie. Curieusement le vert est peu associé à la nature qui peut être noire, rouge ou blanche.
Matières colorantes et mordants :
Le vert est obtenu à l'aide de pigments et de colorants naturellement verts :
- terres vertes, malachite, vert-de-gris
- herbes (fougères, plantain, feuilles d'orties)
- fleurs (digitale)
- rameaux (genêts)
- feuilles (chênes, bouleau)
- écorce (aulne)
- baie de nerprun
- légumes (jus de poireau)
- ou en faisant subir à des colorants bleus ou noirs un certain nombre de traitements qui ne sont pas de l'ordre du mélange.
- les mordants : ils sont de mauvaise qualité (vinaigre, urine)
Perception de la couleur :
Jean Robertet en fait la couleur des traîtres et cite comme exemple le violet de Ganelon.
Matières colorantes et mordants :
Il est rarement obtenu à partir du bleu et du rouge (guède et garance) mais seulement à partir de la garance et d'un mordant ou du mélange du rouge et du noir. Le violet médiéval tire plus vers le rouge que vers le bleu, avec lequel il n'a que peu de rapport dans la tradition médiévale
Le jaune
Perception de la couleur :
Le jaune est assimilé dans la sensibilité médiévale à un blanc ou à un sous blanc, pris en mauvaise part. Depuis longtemps au XIIIème siècle il est la couleur de la ruse et du déguisement. Avec sa forme superlative, le roux, il est presque toujours associé au mensonge, à l'hypocrisie et à la félonie. Le jaune devient la couleur négative à partir du moment où le noir est promu, car il faut trouver une nouvelle couleur négative. A partir du 2ème tiers du XIIIème siècle le jaune entretient des rapports étroits avec les juifs, dans la société comme dans l'image (exemple de Judas). Le Juif est un personnage habillé de jaune ou bien qui porte du jaune sur une pièce de son vêtement (robe, manteau, ceinture, manche, gants chausses et surtout chapeau). Entre le haut et le bas moyen age, la vogue du jaune va en décroissant. Rares sont après 1200, les hommes et les femmes qui en Europe occidentale s'habillent de jaune, chez les princes comme chez les roturiers. Cela vaut non seulement pour le jaune qui tend vers le rouge comme dans la chevelure de Judas, mais aussi pour celui qui tend vers le vert (le jaune citron).
- la gaude : principe le plus colorant est dans la tige et dans l'enveloppe des graines. On fait sécher, puis une décoction. La gaude, qui nécessite un mordançage fort, donne des jaunes secs et clairs, très solides.
- le genêt : fleurs et feuilles sont colorantes mais la teinture est peu solide.
- le safran : longtemps importé d'orient (Syrie, Cilicie, Iran, Egypte). Sur le drap de laine le safran donne un jaune très dense un peu sombre, tirant sur le orangé. Sur la soie, le jaune est plus lumineux et donc plus en vogue en Italie (pays producteur de soie).
Les teinturiers du jaune utilisant beaucoup d'alun ils sont donc aussi ceux du rouge, pour la même raison.
Le blanc
Dans les sources textuelles, la mention de draps blancs signifie des draps non teints exportés et teints sur le lieu de leur destination. C'est donc une utilisation précoce du terme " blanc " dans le sens de " non coloré ".
Le noir
Perception de la couleur :
Obtenir un noir uni franc et solide sur la laine est une opération délicate et coûteuse (c'est plus facile pour la soie et les pelleteries). Dans les images on peut trouver un noir bien noir (ou un blanc bien blanc) mais la réalité est différente. Ainsi les Bénédictins et les Cistersiens sont habillés en réalité de brun, de gris ou de bleu (voir Pastoureau, " L'Eglise et la couleur, des origines à la Réforme ", Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, tome 147 (1989), p. 203-230 (particulièrement p. 222-226 sur les couleurs du vêtement monastique et religieux). Dans l'imaginaire, le noir est une couleur absolue, dense, opaque, indestructible. Dans la réalité, le noir est relatif, instable, fragile et rarement noir.
Matières colorantes et mordants :
Le noir est obtenu de manières diverses :
- noir de fumée (de chaudières : pour les brunets et brunettes ou pour les tiretaines, tissus mélangés).
- écorce ou racine de noyer (reflets bruns ou fauves)
- aulne : plus gris que noirs
- épicéas : plus bleus que noirs
- la noix de galle (excroissance sur les feuilles de chêne à la suite de la piqüre d'un insecte parasite). Produit cher. Nécessite un mordançage à base de sulfate de fer. Sert donc surtout à des pigments pour encres et peintures.
- Pratique de la double teinture (d'abord un bain de bleu ensuite un bain de noir).
L'orange
L'or
L'or, dans la sensibilité et dans la culture a peu de rapport avec le jaune, mais beaucoup avec le blanc. L'or sert parfois à traduire l'idée de blanc intense, de super blanc. Plus blanc que blanc est l'or. Mais il est aussi pris en mauvais part à cause de sa très forte saturation.
II - A propos des teintures
Toutes les informations qui suivent sont exclusivement extraites de l'ouvrage de Michel Garcia, " Couleurs végétales, teintures, pigments et encres ", Edisud 2002.
A - Teinture de la laine
1 - obtenir des tons rouges, roses, violet.
La teinture de la laine en toison donnera des couleurs plus résistantes et plus saturées et il vaut mieux choisir des laines n'ayant pas reçu de traitement autre que le lavage. Avant de teindre, il faut mordancer.
Le mordançage :
- laver la laine,
- la faire macérer dans une dissolution d'alun (20% du poids de fibre à teindre) et de tartre rouge ou blanc (6% du poids de la fibre), pendant une nuit.
- Faire chauffe l'ensemble du bain jusqu'à 80 degrés environ, température maintenue pendant 1 heure.
- Egoutter les laines, envelopper les dans un linge et les mettre dans un lieu frais durant 3 jours.
1ère recette : la teinture à la poudre de racine de garance :
Ingrédients : alun, crème de tartre, vinaigre de cidre, poudre de racine de garance, cendres de bois.
- versez la poudre de garance dans l'eau à 40 degrés (25 gr de poudre pour 50 gr de laine donnent un rouge clair ; à poids égal on obtient un rouge vif, avec 100 gr de poudre pour 50 gr de laine on produit un rouge bordeaux).
- Rincer la laine mordancée et la plonger tout de suite dans le bain jusqu'à complet refroidissement.
- Faire remonter la température jusqu'à 80 degrés, éteindre, laisser la laine dans le bain jusqu'à complet refroidissement, égoutter et mettre à sécher.
2ème recette : la teinture à la poudre de pied de garance :
- laver la laine
- la mettre tout de suite dans de l'eau contenant environ 20 gr par litre de poudre de garance (poids égal entre fibre et garance).
- Chauffer le bain pendant 2 à 3 heures pour obtenir 90 degrés.
- Avant la fin ce cette opération mettre à chauffer un deuxième récipient rempli d'eau claire et le porter à ébullition.
- Sortir alors la laine du bain de teinture et la plonger dans l'eau bouillante 2 à 3 minutes.
Vous obtenez ainsi une teinte de couleur vieux rose. En trempant la laine dans un bain de bleu, vous obtiendrez un vrai violet.
3ème recette :
Pour obtenir un rouge un peu plus brun, tremper la laine dans du vinaigre de cidre durant une nuit avant de l'égoutter et de la teindre en suivant le 2ème recette.
2 - obtenir des tons jaunes.
La plante utilisée est la gaude. Elle permet d'obtenir des jaunes allant du jaune paille au jaune citron. Pour obtenir un jaune intense, il convient de mettre teinture et laine à poids égal.
- préparer le bain de teinture en hachant finement la plante et en la faisant bouillir (15 à 20 gr de plantes par litre d'eau) durant 5 à 10 minutes. Filtrer le jus avec soin, il est le bain de teinture.
- Rafraîchir le bain avec de l'eau froide pour obtenir une température de 50 degrés. Plongez la laine dans le bain et monter à ébullition, la maintenir pendant 2 à 3minutes.
- Laisser refroidir en laissant la laine dans le bain.
Il y a d'autres plantes utilisables pour obtenir le jaune : le genêt de teinturier, le chardon des teinturiers (toute la plante), le cardon (parties vertes), le solidage (sommités), la camomille (fleurs).
B - Teinture de la soie
Pour teindre la soie, on peut utiliser les mêmes plantes que celles utilisées pour la laine. On peut utiliser l'alun seul comme mordant. Par contre, la température ne doit pas dépasser 50 degrés.
Mordançage : (attention : recette du XVIIIème siècle).
- dissoudre l'alun dans un baquet d'eau tiède
- y plonger une quantité de soie égale à 5 fois le poids de l'alun.
- L'y laisser 6 à 8 heures
- Rincer abondamment avant de teindre.
Ensuite teindre.
Le tableau ci-dessous rappelle les modes de teinture pour la laine et la soie.
COULEUR | MATERIAUX | METHODE |
---|---|---|
Bleu | Indigo | Pas de mordançage |
Rose | Garance | Pas de mordançage |
Rouge | Garance | Mordançage + bain de garance fort |
Noir | Garance + indigo | Mordançage + bain de garance fort, trempages répétés dans la cuve d'indigo |
Orange | garance | Mordançage + bain de garance faible |
Marron | garance + indigo | Mordançage + bain de garance faible + trempage dans la cuve de bleu |
Jaune très acide | cardon | mordançage + bain de feuilles de cardon |
Jaune Primaire | gaude | mordançage + bain de tiges de gaude |
Jaunes chauds | genêt teinturier | mordançage + bain de tiges de gaude |
Or | solidage | mordançage + bain de sommités fleuries de solidage |
C - Teinture de fibres cellulosiques (coton, lin, chanvre) :
Rares sont les plantes qui teignent le coton, le lin ou le chanvre, sans mordançage.
Pour obtenir des couleurs sombres :
Il faut utiliser des plantes contenant le principe colorant du tanin. Vous pouvez utiliser les écorces (aulne, chêne vert, eucalyptus), les racines et les feuilles (aulne, chênes, châtaigner, marronnier, eucalyptus), ainsi que le bois de taille, les rameaux (églantier) ou les feuillages (aubépine). Le fer transforme le tanin en un composé noir et solide, ainsi qu'en une palette de couleurs foncées en fonction des végétaux utilisés.
Le mordançage :
Pour préparer le mordant de fer :
- faire tremper des vieilles ferrailles pendant quelques jours dans du vinaigre blanc
- récupérer le jus brun-rouge constitué d'acétate de fer.
- tremper le tissu dans ce jus
- faire sécher
- faire tremper dans une solution de cendres de bois (obtention de la cendre de bois : remplir un seau à moitié de cendres de bois, puis compléter avec de l'eau chaude à 50 /60 degrés, agiter, laisser reposer, récupérer le jus clair) jusqu'à obtention d'une couleur rouille.
- Rincer avec soin.
ATTENTION : le livre servant de référence mentionne cette recette pour obtenir une teinture à motif. J'ai déduis de la méthode que celle-ci pouvait être aussi appliquée dans le but d'obtenir une surface entièrement teintée.
Pour teindre :
- faire bouillir des feuilles d'eucalyptus hachées pendant 15 minutes dans un grand bassin d'eau (environ 15 g par litre).
- Verser la décoction dans un autre récipient
- Plonger le tissu 15 minutes dans ce bain
- Rincer soigneusement et sécher.
Pour obtenir des couleurs vives :
L'alun ne s'accroche pas de lui-même, il faut donc une autre substance qui facilitera sa fixation sur le coton, il s'agit du tanin.
Préparer le mordant pour 100 g de coton :
- 20 g d'alun
- 10 g de tartre
- 2 g de carbonate de soude
Alunage :
- tremper le tissu dans une solution tiède des 3 ingrédients dissous, dans l'ordre présenté, ans 1,5 l d'eau.
- Laisser le tissu dans le bain durant une nuit, égoutter, sécher.
Engallage :
- préparer une décoction de plantes à tanin (noix de galle)
- tremper le tissu aluné dans cette décoction tiède (40 degrés) durant deux heures
- essorer
- sécher
- tremper de nouveau le tissu dans le bain d'alunage durant 2 heures
- sécher
- rincer
Teinture :
- préparer les bains de teinture
- poids égal de plante (choix varié) et de tissu à teindre, pesé sec.
Où se procurer certains composants :
Alun : en pharmacie, en droguerie, dans les magasins de fournitures pour piscine (floculant ou coagulant).
Crème de tartre : dépôt des tonneaux de vin, sert à éviter que les solutions de mordant ne se troublent.
Sulfate de fer : dans les jardineries, sous le nom d' "anti-mousse ".
Catherine Lagier (Oriabel)
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